Photo : Riad Par Mekioussa Chekir L'histoire du parti Ennahda (littéralement, la renaissance islamique) est indissociable de la personnalité et du parcours de l'un de ses principaux fondateurs, Abdallah Djaballah, dont, comme les faits le démontreront plus tard, les tribulations et autres mésaventures déteindront considérablement sur son poids au sein de l'échiquier politique national et sur l'évolution de sa percée. Né en 1989 à la faveur de l'ouverture démocratique amorcée par le pays, le Mouvement Ennahda veut s'inscrire entre les deux tendances que sont les salafistes et les Frères musulmans. Prônant un islamisme modéré, Ennahda a voulu se présenter, par la suite, comme une formation islamiste légaliste, et ce, même au plus fort de la crise sécuritaire entraînée par l'arrêt du processus électoral en 1991. L'on retiendra de cette douloureuse page de l'histoire récente de l'Algérie un Djaballah qui ne s'est jamais essayé - en tout cas publiquement- au discours radical dans lequel se sont engagés les ex-dirigeants du Front islamique du salut (FIS) dissous, lequel avait conduit à l'effusion du sang de centaines de milliers d'Algériens. Issu de la «Rabita Daôua Islamiya» (la Ligue de prédication islamique), présidée par Ahmad Sahnoune, Abdallah Djaballah a vu plusieurs des membres de cette dernière emprisonnés lors de cette sombre période. Il sera évincé du parti en 1998 par une aile dominante au sein du mouvement menée par Lahbib Adami, dont il deviendra le secrétaire général. De nombreux militants choisiront le camp de leur ex-dirigeant et de cette scission naîtra le Mouvement pour la réforme nationale (El Islah), qui s'avérera, par la suite, une force politique non négligeable. Cela se démontrera notamment lors des élections locales de 2002, lorsque le parti islamiste est arrivé à se classer second, derrière le Front de libération nationale (FLN), avec 19,08% des voix exprimées pour le renouvellement des Assemblées populaires de wilaya (APW) et en 3ème position avec 9,28 % du nombre des Assemblées populaires communales (APC). L'on prêtera grandement cette ascension au charisme qui caractérise la personnalité de Djaballah et grâce à laquelle il réussit à mobiliser les foules encore attachées au discours islamiste mais qui ne s'inscrivent pas dans la logique meurtrière de l'ex-FIS. C'est ce qui fera également noter aux analystes politiques que le Mouvement Ennahda s'est vidé de sa substance depuis le départ de Djaballah. Celui-ci connaîtra, néanmoins, une seconde mésaventure après son éviction d'El Islah. Dans une ambiance pré-électorale, l'ex-leader d'Ennahda et d'El Islah s'active présentement à préparer le congrès constitutif de son parti, le Front pour le développement et la justice (FJD), en instance d'agrément. Une appellation, on l'aura remarqué, qui ne contient aucune connotation religieuse affichée. Reste à savoir si ce dernier ne connaîtra pas les mêmes déboires que pour les précédentes expériences partisanes. L'actuel secrétaire général d'Ennahda, Fateh Rebai, prône, quant à lui, une alliance stratégique avec les partis islamistes pour assurer plus de chances à ce courant. Il y a quelques mois, il avait définitivement écarté l'éventualité d'un retour de l'ex-fondateur du parti, Abdallah Djabalah en l'occurrence.