L'Iran, pays membre de l'OPEP à l'instar des monarchies du Golfe, a averti, hier, ses partenaires du Golfe persique contre tout recours à la compensation de ses exportations pétrolières en cas de nouvelles sanctions occidentales. «Si les pays pétroliers du Golfe persique donnent le feu vert pour remplacer le pétrole iranien (en cas de sanctions) et coopèrent avec les pays aventuriers (occidentaux), ils seront responsables des incidents qui se produiront, et leur geste ne sera pas amical», a déclaré le représentant de l'Iran auprès de l'Opep, Mohammad Ali Khatibi. Cet avertissement intervient suite aux déclarations de nombreux responsables occidentaux relatives à la prédisposition de pays pétroliers du Golfe, notamment l'Arabie saoudite, à remplacer le pétrole iranien en cas de sanctions pour convaincre les pays asiatiques, en particulier le Japon et la Corée du Sud, de se joindre aux sanctions occidentales contre les exportations pétrolières de l'Iran. «Si les pays du Golfe proclament clairement leur intention de ne pas compenser le pétrole iranien en cas de sanctions, les pays aventuriers ne seront pas enclins» à prendre de telles décisions, a encore déclaré le responsable iranien, dont le pays est accusé de développer son programme nucléaire à des fins non civiles. Cité hier par le quotidien saoudien al-Watan, le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, a en revanche déclaré que son pays était «capable de produire 12,5 mbj, de répondre aux besoins du marché mondial et de satisfaire toute augmentation de la demande des pays consommateurs». L'Arabie saoudite produit actuellement quelque 10 millions de barils de pétrole par jour. L'Union européenne (UE) doit finaliser, le 23 janvier, les modalités d'un embargo sur le pétrole iranien, qui pourrait être mis en place progressivement sur six mois. L'Iran, deuxième producteur de l'OPEP, produit 3,5 millions de barils de pétrole par jour et tire 80% de ses devises de ses exportations pétrolières. Téhéran vend quelque 450 000 barils par jour (18% de ses exportations) à l'Union européenne, essentiellement à l'Italie (180 000 b/j), à l'Espagne (160 000 b/j) et à la Grèce (100 000 b/j), trois pays en mauvaise posture économique du fait de la crise de la dette. Les principaux clients asiatiques du pétrole iranien, la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l'Inde et la Turquie, ont rejeté les sanctions occidentales ou se sont montrés réticents. Le chef de la diplomatie nippone, Koichiro Gemba, a estimé vendredi qu'un tel embargo «pourrait avoir des effets négatifs non seulement sur l'économie japonaise mais aussi sur l'économie mondiale». Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Jupée, avait déclaré, en outre, qu' «il y a des possibilités pour certains pays producteurs de pétrole de prendre la relève de ce que l'Iran ne mettrait plus sur le marché», en faisant référence à l'Arabie saoudite. Les Etats-Unis et les pays européens veulent imposer des sanctions unilatérales pétrolières et financières contre l'Iran pour l'amener à renoncer à son programme nucléaire controversé. Ce que Téhéran refuse. «Nous ne sommes pas inquiets par les sanctions américaines, nous avons suffisamment de clients pour notre pétrole», a déclaré de son côté le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast. Il a ajouté que «l'objectif des Etats-Unis est d'affaiblir ses futurs rivaux économiques qui sont la Japon, la Chine et l'Inde» en déstabilisant le marché pétrolier international. La Russie et la Chine, partenaires des Etats-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne au sein du groupe 5+1, qui négocie avec l'Iran sur son programme nucléaire, ont rejeté catégoriquement des sanctions supplémentaires contre Téhéran. R. I.