Le pétrole était en hausse, hier, en Asie en raison de craintes entourant l'Iran, l'un des tout premiers pays producteurs de brut, et ce malgré la crise dans la zone euro qui continue d'inquiéter les investisseurs. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en janvier prenait 33 cents, à 101,29 USD, et le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance s'appréciait de 48 cents à 110,42 USD. "Les prix du brut (...) sont dopés par la recrudescence des tensions géopolitiques impliquant l'Iran", notait la maison de courtage Phillip Futures. L'Iran a annoncé dimanche avoir abattu un drone américain RQ-170 "dans l'est du pays", frontalier de l'Afghanistan et du Pakistan. La Force de l'Otan en Afghanistan (Isaf) a admis qu'il pourrait s'agir d'un drone américain dont, selon elle, la trace a été perdue au-dessus de l'ouest afghan. Cette annonce survient alors que les tensions n'ont cessé de s'accentuer ces dernières semaines autour programme nucléaire iranien, qui inquiète les Occidentaux, et qui ont valu à Téhéran de nouvelles sanctions politiques et économiques. Ces sanctions visent notamment le secteur pétrolier de l'Iran, deuxième producteur au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui contrôle également le détroit stratégique d'Ormuz, par lequel transite près de 40% du trafic maritime pétrolier mondial. L'ambassade britannique à Téhéran a été attaquée après l'annonce du renforcement des sanctions, conduisant Londres à fermer sa représentation diplomatique et à évacuer tout son personnel. Le marché attend par ailleurs des nouvelles de la zone euro après l'action concertée des grandes banques centrales mondiales la semaine dernière pour soutenir le secteur financier. L'attention des investisseurs se porte sur le sommet européen des 8 et 9 décembre et le difficile leadership franco-allemand. L'Allemagne insiste pour que le traité européen soit modifié afin d'ancrer dans le marbre une discipline budgétaire commune renforcée des pays de l'Union monétaire. La France, en particulier, veut que d'autres sujets soient abordés, comme l'harmonisation des politiques fiscales voire la question à terme d'euro-obligations, un système de mutualisation de la dette des pays de la zone euro, considéré par ses promoteurs comme le seul moyen de résoudre durablement la crise actuelle. Vendredi, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en janvier avait gagné 76 cents à la clôture, à 100,96 dollars sur le New York Mercantile Exchange. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier avait terminé à 109,94 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 95 cents. Le pétrole à 250 dollars le baril en cas de sanctions contre l'Iran Le prix du pétrole grimpera à 250 dollars le baril si les Etats-Unis et l'Europe décident des sanctions sur l'achat du pétrole iranien, a prédit le chef de la commission économique du parlement iranien, Arsalan Fathipour, cité, avant-hier. Si les Etats-Unis et certains pays européens imposent des sanctions contre le pétrole et le gaz iranien, le prix du baril du pétrole grimpera à 250 dollars, selon M. Fathipour. L'Union européenne a élargi, jeudi dernier, la liste des sociétés et des personnalités iraniennes touchées par les sanctions visant le programme nucléaire iranien controversé, et a annoncé l'étude de nouvelles mesures contre les secteurs pétrolier et financier de l'Iran. La France et l'Allemagne souhaitent notamment imposer un embargo sur l'achat de pétrole iranien. La Chine, l'Inde, le Japon, la Corée du Sud et la Turquie sont les principaux acheteurs de pétrole iranien, mais Téhéran vend tout de même quelque 450 000 barils par jour (près de 18% de ses exportations) aux pays de l'Union européenne, essentiellement l'Italie, l'Espagne et la France, selon les chiffres du Département américain à l'Energie (EIA). Dans le même temps, le Sénat américain a voté jeudi des sanctions contre la banque centrale iranienne qui contrôle les transactions sur le pétrole, malgré les réticences de l'administration du président Barack Obama qui craint des perturbations sur le marché pétrolier. Les tensions autour de l'Iran, deuxième producteur de l'OPEP après l'Arabie Saoudite, ont fait monter le prix du pétrole ces derniers jours.