Photo : S. Zoheïr De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La volonté des pouvoirs publics à freiner la prolifération des marchés informels étalés sur l'ensemble de la wilaya est en phase de concrétisation. Du moins, c'est ce qui ressort de la direction du commerce, qui, en vue de la résorption de cette anarchie commerciale et, de surcroît, illicite, a engagé plusieurs actions de sensibilisation avec la commune tout en recensant les personnes «intervenantes» pour les doter de lieux répertoriés, somme toute, consignés dans la circonscription de rechange, et ce, après une enquête préliminaire qui associera les responsables locaux aux côtés des décideurs de la pratique commerciale. Ce n'est pas celui qui squatte les quais et autres ruelles de la ville pour écouler ses «variétés» de produits qui bénéficiera automatiquement d'un espace de vente réglementaire. Un budget pour réhabiliter les marchés A ce sujet, nous dira le chef de service de la direction du commerce de la wilaya, M. Bouzoubia, «la caractéristique informelle épouse un cachet bien particulier ; il s'agit de la mobilité. Les personnes pratiquant ce genre de commerce sont en rotation permanente d'une cité à une autre. Ce qui implique la difficulté de tous les répertorier et d'en finir avec ce fléau. Par ailleurs, l'éradication de ce phénomène interpelle toute une batterie de mesures à appliquer sur le terrain». Il va sans dire que les acteurs de la lutte associent APC, direction du commerce et service de l'ordre public à un degré élevé, du fait que le commerce informel porte atteinte en premier lieu à «l'ordre public». Ainsi, dans le cadre de l'exécution du programme d'engagement de 2007, une enveloppe financière conséquente aura été débloquée pour réhabiliter 15 marchés au niveau de la wilaya, dont 60 se trouvent au chef-lieu. Les procédures sont en cours pour désigner le bureau d'études avant d'établir un nouveau cahier des charges et de lancer des appels d'offres aux différentes entreprises. Pour sa part, le directeur du commerce se félicite des avancées enregistrées en la matière dans la wilaya de Constantine. «Il existe un assainissement qui s'y effectue. APC, wilaya, Sûreté nationale et secteur du commerce s'attellent à enrayer les étals de l'informel» et de poursuivre : «Cependant, le compromis est de trouver un substitut aux habitués de la vente au niveau des places déterminées. La solution de rechange est d'agencer d'éventuels espaces devant accueillir ces détaillants.» Il existe des facilités pour permettre aux bénéficiaires de travailler dans les «semi-règles» en attendant la régularisation définitive de leur situation. «Nous avons suggéré une autorisation communale en guise de document réglementant leur activité commerciale en attendant leur inscription à la chambre de commerce», souligne M. Adjroud, directeur du commerce de la wilaya. A vrai dire, «la mort» des marchés informels ne poindrait qu'après la réalisation de souks homologués qui dilueraient peu à peu la concentration des étals au niveau des quartiers du centre-ville. Une première initiative dans ce sens a été réalisée à la nouvelle ville Ali-Mendjeli, qui s'est dotée d'un marché privé ayant balayé toute une partie de l'informel. Une autre structure est sur le point d'être achevée. Elle permettra d'en finir avec le vacarme causé par les marchands opérant à la cité Daksi. En effet, selon les responsables du commerce, ce nouveau marché résorbera au moins 743 vendeurs, ce qui permettra à la cité de recouvrer son statut de résidence par-dessus tout, loin des désagréments causés quotidiennement à ses habitants. Toujours dans ce même programme figure un dernier projet de réhabilitation du marché de la cité Chouhada. A l'abandon, ce dernier sera restauré et redistribué aux ayants droit. Il permettra d'accueillir une partie des commerçants activant sur la route d'El Mania. En somme, l'éradication de l'informel à Constantine passe inéluctablement par la réhabilitation d'infrastructures inhérentes à l'activité commerciale selon une réglementation préalablement définie pour barrer la route aux opportunistes qui fuient «la carte» de la légalité. La priorité étant donnée aux résidants de la wilaya, «la plupart des “informels” du centre-ville ne résident pas dans la commune de Constantine. C'est déjà un acquis pour la ville de pouvoir résorber une masse dès lors que la priorité d'octroi d'un espace d'activité est accordée aux résidants de la même cité», fera remarquer le directeur. C'est pour dire que chaque commune devra prendre en charge ses «maux informels», si l'on veut prétendre à assainir nos villes. En dépit de cette farouche détermination à embellir les trottoirs et laisser les commerçants légaux pratiquer leur activité sans concurrence déloyale, force est de constater que l'épuration de la situation n'est sûrement pas pour demain tant la «passivité», parfois, et le social priment sur le sujet. En attendant de marcher dans des villes sans bousculades, contemplons des vendeurs de supports visuels devant les magasins spécialisés, observons les ventes de puces téléphoniques et autres contrats au seuil des succursales des opérateurs, achetons des livres scolaires chez des revendeurs occasionnels … C'est une chaîne informelle que seul le caractère répressif est en mesure d'éradiquer et, du coup, permettre à ceux qui payent leurs impôts d'être préservés contre cet abus du noir… L'abstention du consommateur pourrait aussi jouer un rôle important pour minimiser les ventes au niveau des souks. Malheureusement, bouder ces souks à moindre prix n'est pas le cas de tous les citoyens dont le pouvoir d'achat reste en deçà de la normale… Cela est un autre débat… Le formel : une autre forme… de l'informel ? Il est dit que ceux qui proposent leur marchandise sur les trottoirs ou autres espaces aménagés sciemment en sauve-qui- peut pour prévenir une éventuelle descente des agents de l'ordre public, n'ont rien de légal, et peuvent se faire saisir sur le champ sans contestation. En revanche, les pratiques commerciales légales dans leur forme, disposant d'un local, d'un registre de commerce, de documents fiscaux… ne sont pas toujours saines des anomalies étant relevées dans leur «informel». Aussi, au mois de septembre, un trou de 33 milliards de centimes a été décelé par les brigades de contrôle. En effet, selon un bilan officiel émanant de la direction du commerce, il ressort que, sur les 923 interventions réalisées dans le même mois, 173 opérations ont trait à un défaut de facturation ayant touché plusieurs volets commerciaux. Toutefois, la valeur des saisies a atteint le chiffre de 3 milliards de centimes. Quant aux propositions de fermeture, elles ont concerné 40 établissements. L'exercice de l'activité commerciale en dehors du registre du commerce a concerné 27 cas. Par ailleurs, il reste à savoir que 9 activités sans local sont inscrites dans le constat du commerce. Cela concerne généralement des importateurs, précise la direction du commerce indiquant «qu'une fois leur registre établi, ils importent et écoulent leur marchandise sans se soucier de l'existence du local. Seule la justice est habilitée à revoir la copie de cette bavure.»