Photo : S. Zoheïr De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La contrefaçon des pièces de rechange automobiles constitue un danger pour la vie des automobilistes, pour leur entourage et, de surcroît, pour l'économie nationale qui n'en tire pas de dividendes. Aux frontières est, des tonnes de pièces contrefaites transitent clandestinement pour inonder les souks de Aïn M'lila et de Tadjenant. Les Chinois détiennent le gros lot de cette industrie de la contrefaçon. Plaquettes de frein, durites, câbles, autant d'accessoires qui s'effritent, cassent et vous lâchent en un temps record. Et la conséquence est souvent fâcheuse… Aussi tous les regards sont-ils tournés vers la nouvelle réglementation de l'importation de véhicules, qui associe, du coup, un chapitre entier consacré au service après-vente (loi 09/03-article 13). Une mesure qui définira clairement les chaînes valables des constructeurs de pièces détachées automobiles affiliées aux maisons d'origine. A Constantine, le ton est donné par la direction du commerce qui a commencé à répertorier les vrais opérateurs «automobiles», après une période dominée par l'anarchie et la vente tous azimuts. C'est un assainissement de fond qui est en train de s'effectuer dans le domaine des quatre roues. L'action vise en premier lieu la mise en conformité des différents opérateurs qui y activent. Cette mesure commence à prendre effet à Constantine où la direction du commerce est passée au stade de la concrétisation sur le terrain pour dégager des responsabilités bien précises de chacun des opérateurs, sous peine de sanctions sévères, apprend-on auprès de cet organisme. «La réunion que nous avons tenue dernièrement au ministère du Commerce nous a permis de sortir avec une batterie de directives à mettre en application», nous confiera M. Adjroud, directeur régional du commerce, indiquant que «désormais, la problématique des pièces de rechange automobiles sera résolue par les chaînes de fabricants réparties à travers le monde et, surtout, reconnues par les maisons mères». A cet effet, poursuivra notre interlocuteur, l'Algérie demandera aux constructeurs automobiles de lui livrer une liste exhaustive des points de vente des revendeurs agréés, pour s'y approvisionner et, en même temps, barrer la route aux autres filières de contrefaçon. C'est du moins le seul moyen de lutte efficace contre celle-ci. Par ailleurs, une vaste opération de recensement des commerçants sera déclenchée à travers la wilaya. Constantine abrite quelques points de vente assez visibles. Ils se situent à Oued El Had, Djennane Ezzitoune, El Khroub. Cependant, le réseau automobile extra muros de toutes les pièces est implanté à quelques kilomètres de Aïn M'lila. De la simple moquette auto aux pièces les plus complexes. En outre, on peut trouver même des pièces que l'on cherche désespérément chez des distributeurs agréé !! Tadjenant est un autre fief de la pièce où la pratique commerciale est assez ouverte et souvent dénuée de contrôle. Ces deux méga-centres constituent la source de base des commerçants constantinois qui s'y rendent régulièrement pour faire le plein. La circonscription compte plus de 3 629 inscrits au niveau de la chambre de commerce. Leur registre consigne plusieurs codes comme le stipule la réglementation. «Un vendeur de batteries, à titre d'exemple, pourrait ajouter un autre code sur son registre lui permettant de vendre un autre type de pièces détachées. Cette situation complique un peu le recensement détaillé de toute activité relative au type du produit vendu», atteste le chef de service M. Amoura. Toutefois, le volet de la contrefaçon semble être en voix de «nettoyage», estiment les responsables qui engagent des brigades mixtes pratiquement en boucle en vue de vérifier les éventuelles pratiques frauduleuses allant de la pratique commerciale à la qualité des pièces détachées. 12 infractions et 8 P-V entre le 18 et le 27 mai Durant la période s'étalant du 18 au 27 mai dernier, nous avons répertorié 12 infractions assorties de 8 P-V. Les services de contrôle et de la répression des fraudes ont notifié un défaut de facturation de 20 millions de centimes. De plus, au cours de cette même période, 8 millions de centimes représentent la valeur des pièces de rechange saisies dont le certificat n'est pas conforme. A cela s'ajoutent 781 pièces d'une valeur de 53 millions de centimes, retirées de la vente pour absence de conformité avec le modèle original. Concernant le volet qualité, 19 opérateurs ont fait l'objet d'une visite inopinée par les inspecteurs qui ont établi 3 P-V dont un constitue la plus grande irrégularité, d'après la direction. En effet, 2 333 pièces falsifiées ont été saisies d'une valeur de 94 millions de centimes. «Parfois, nous restons perplexes devant l'absence de pièces d'origine pour établir notre démarche sans difficulté auprès du parquet», s'explique un responsable de la qualité. C'est dire si le spectre de la contrefaçon étudie minutieusement «son marché» bien avant de l'envahir. Au plan de la nouvelle directive sommant les concessionnaires automobiles de se plier aux nouvelles dispositions d'importation, la wilaya de Constantine a livré la liste de ces opérateurs. Celle-ci renferme un seul concessionnaire «lourd» sis à la commune d'El Khroub. Pour ce qui concerne les revendeurs et distributeurs agréés, ils sont chacun au nombre de 14. Par cette distribution, l'ambiguïté entre concessionnaires et distributeurs semble avoir été dissipée, précise le directeur. «Cette nouvelle directive ministérielle consacre un chapitre sur les engagements tenus par les opérateurs agréés à assurer le service après-vente et autres garanties. Dans un avenir proche, il ne saurait être question de pièce de rechange sans certificat de conformité des maisons mères.» En attendant l'anéantissement de la filière chinoise de la pièce contrefaite, la vigilance au volant est plus que de mise pour nos conducteurs. La route tue mais, pas seulement, cette pièce maudite aussi !