Photo : Zoheïr De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
La «furia» des prix a débuté tôt hier dans les différents souks de la ville. Aucun produit alimentaire n'a échappé à leur envolée. Il en va ainsi des viandes, des légumes et des fruits. La population constantinoise a donc renoué intensément avec les étals en prévision de la nuit du doute. Ce rush a donné des ailes aux commerçants qui renvoient la balle des augmentations aux grossistes qui, eux aussi, trouvent une échappatoire facile en accusant «la météo» d'avoir infesté leurs productions de légumes, comme la tomate, la salade verte et la courgette, ce qui explique cette augmentation. Même si ces légumes poussaient d'eux-mêmes, la tradition de «l'inflation ramadhanesque» ne changerait pas pour la majorité des vendeurs et revendeurs. «Je n'achète que l'essentiel, je ne vais pas m'approvisionner en courgette dont le kilogramme flirte avec les 120 DA ! Il faudrait être fou ou milliardaire pour céder aux caprices de Ramadhan», indique un homme qui faisait ses courses dans un marché de la cité. «Je préfère brûler mon estomac avec une boîte de harissa à 35 DA que de débourser un prix exorbitant pour quelques poivrons et conforter en plus la position de ces marchands mercenaires», ironisera un citoyen accosté à quelques mètres du marché couvert de Saint-Jean. La pomme de terre pourtant régulée, à la faveur du Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrlac), n'a pas été épargnée par le «vol» à l'étal. Le kilogramme dépasse les 25 DA alors que ce produit est largement disponible. En plus, Constantine a agréé trois opérateurs pour assurer sa (la pomme de terre) régulation en cas de «crise». En effet, 607 tonnes sont stockées dans des chambres froides. A vrai dire, la balance entre l'offre et la demande dicte la loi du marché. D'où découle un seul dindon de la farce : le consommateur aux tentations alimentaires faciles. Si le carême donne du tournis à plus d'un, la patience reste le moyen le plus efficace pour le budget des bourses moyennes, d'autant que l'événement de la rentrée sociale de cette année est double : la rentrée scolaire pointe son nez, soit d'autres dépenses pour les ménages. A peine auront-ils passé quelques jours de jeûne qu'ils changeront de registre d'achat en se rendant chez les détaillants des fournitures scolaires. Une autre «galère» les attendra du côté des marchands de vêtements. A vrai dire, avec la dégradation du pouvoir d'achat des Algériens, l'action de solidarité reste un moyen insuffisant malgré la bonne volonté des pouvoirs publics à apporter une aide aux familles nécessiteuses. L'action devrait être élargie aux associations, tout en s'appuyant sur les procès-verbaux du commerce pour «éradiquer» la fraude chez quelques marchands et autres circuits informels sans scrupules, sans rahma en ce mois pourtant de piété et de communion.