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«Nous sommes en marge de l'Histoire»
Le poète, essayiste et traducteur syrien Adonis dans une conférence à la Bibliothèque nationale :
Publié dans La Tribune le 15 - 10 - 2008

Très attendu depuis son dernier passage en Algérie en 1979, le poète syrien Adonis, Ali Ahmed Saïd de son véritable nom, 78 ans, est enfin revenu. Il a été l'invité de la Bibliothèque nationale d'El Hamma lundi dernier. Sa venue a constitué un événement pour de nombreuses personnes, dont des figures emblématiques comme
Mme Djamila Bouhired et Z'hor Ounissi.
C'est à la salle Rouge qu'Adonis, penseur, poète, essayiste et traducteur de renommée mondiale -il a reçu de nombreux prix internationaux et a été nommé pour le Nobel de la littérature 2008-, a animé une conférence intitulée «Vers une résistance radicale et globale».
Comme le veut la tradition, Amine Zaoui, le directeur de la Bibliothèque nationale, a ouvert la rencontre avec un émouvant discours de bienvenue dans lequel il dira son enthousiasme et sa fierté de vivre un tel événement, allant même jusqu'à qualifier son invité de «prophète de la culture». «Aujourd'hui, nous sommes en présence du premier poète arabe, un poète tellement différent qu'il se retrouve en désaccord avec lui-même. Plus de 50 ans de travail et de créativité. Adonis nous a marqué, inspiré et fait rêver. Pour moi, c'est un très grand honneur de le recevoir au sein de l'établissement», dira-t-il. Mais c'est avec la philosophie et la modestie d'un grand homme qu'Adonis recevra l'hommage en déclarant : «Ne l'écoutez pas, il parle avec son cœur et non avec son esprit», déclenchant ainsi une avalanche d'applaudissements.
Après cet échange de belles paroles, Adonis entamera sa conférence. Soulignant l'impasse dans laquelle se trouve la pensée arabe et la crise de la modernité qui mine les sociétés arabo-musulmanes contemporaines, Adonis plaide pour une résistance à tous les fléaux susceptibles de porter atteinte à nos esprits et à notre identité afin d'atteindre la «sécularisation» des sociétés arabo-musulmanes qu'il juge plus que nécessaire. Sans la moindre concession ni complaisance, le poète s'attaquera à l'autoritarisme exercé sur la religion par les Etats arabo-musulmans apparus au début du XXe siècle, et qui ont d'ailleurs échoué aussi bien à libérer l'homme qu'à asseoir des Etats modernes, respectueux du droit et de l'individu, dira le poète pour lequel Etat et religion ne vont pas ensemble. «La religion est une expérience personnelle, je respecte chaque croyance. Mais je précise que je parle de religion en tant qu'institution et non dans le contexte spirituel bien souvent diffamé», soulignera le penseur qui se dit «totalement opposé» à l'«islam-institution» ou «islam régime». Implacable, Adonis dira que les penseurs dans le monde arabe manquent de courage intellectuel et font montre d'une frilosité décevante quant à la question de la laïcité. «Le texte [le Coran] est constant, mais son interprétation change. Or il n'y a aucun effort de questionnement théorique» chez les élites intellectuelles arabes, déplore le poète.
Revenant à la naissance des Etats arabes, Adonis dira que les élites politiques «progressistes» et «laïques», à l'origine de la libération de leurs pays respectifs, ont, dans un réflexe tribal niant l'individu et la liberté individuelle, perpétué le clanisme et le népotisme. Quant au rôle qu'ont joué les élites intellectuelles arabes au sein de leurs sociétés, Adonis, lapidaire, qualifiera les intellectuels de «complices» qui ont aidé les politiques sans jamais remettre en question leurs choix et leurs positions.
Ce faisant, ils se sont coupés de leurs sociétés. Ayant perdu tout esprit critique et attaches avec leur milieu naturel, la société, les intellectuels arabes se sont faits les «instruments» au service des gouvernants. L'élite intellectuelle dans les sociétés arabo-musulmanes a perdu toute «probité morale et intellectuelle» qui lui aurait permis d'être le moteur de l'évolution et la locomotive du train de changements nécessaires à la sécularisation de la société que le poète considère comme la pierre angulaire de la modernité.
Les sociétés arabes, qui ont été privées d'une élite intellectuelle capable de remettre en cause la pensée traditionaliste et les modèles tribaux, ont été freinées dans leur développement, voire ont régressé, affirme le penseur. «Nous sommes absents de la carte du monde actuel et en marge du cours de l'Histoire», s'attriste Adonis.
A la fin de la conférence, après les applaudissements, Adonis sera honoré. Un prix de distinction lui sera remis par la Bibliothèque nationale. Il le recevra des mains de Mme Djamila Bouhired.
W. S.


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