Le 7ème art nippon sera à l'affiche dès demain à la cinémathèque d'Alger avec la projection à 13h30 de la Vie d'O'Haru femme galante, de Kenji Mizoguchi et à 17h de l'Homme au pousse-pousse d'Hiroshi Inagaki. Ces projections entre dans le cadre du «Cycle de cinéma japonais rétrospectif» qui se tiendra du 1er février au 15 mars dans les cinémathèques d'Alger, Béjaïa, Oran, Sidi Bel Abbès et Tiaret. Cette manifestation est organisée par l'ambassade du Japon en collaboration avec le Centre algérien de la cinématographie et la Fondation du Japon (institution étatique travaillant pour les échanges culturels) dans le cadre de la célébration du 50ème anniversaire des relations diplomatiques entre le Japon et l'Algérie.La rétrospective dédiée au cinéma japonais permettra au cinéphiles d'apprécier sur grand écran six films signés par des grands maîtres du genre qui ont marquée l'histoire du cinéma au niveau internationale, en l'occurrence la Vie d'O'Haru femme galante de Kenji Mizoguchi, Homme au pousse-pousse de Hiroshi Inagaki, Conte de la lune vague après la pluie de Kenji Mizoguchi, Voyage à Tokyo de Yasujiro Ozu, Entre le ciel et l'enfer de Akira Kurosawa, et Amours défendus de Kiju Yoshida.La cinémathèque d'Alger accueilleras ce cycle jusqu'au 8 février prochain avec au programme deux séances par jour, la première à 13h30 et l'autre à 17 heures. La vie d'O'Haru femme galante, qui inaugure le cycle, est un chef-d'œuvre en la matière. Réalisé en 1952, le long métrage relate l'histoire tragique d'une prostituée au 17ème siècle. Dans un temple rempli de statues de Bouddha dont l'une lui rappelle les traits de son premier amant, Oharu, condamnée à pratiquer le plus vieux métier du monde, se remémore sa vie. Les critiques de cinéma soulignent qu'Oharu est l'héroïne tragique par excellence. Son destin, placé sous le signe permanent de la privation de libre arbitre, souligne aussi que pour Mizoguchi, seule la femme peut faire l'expérience extrême de la tragédie. «Cette expérience est en effet la résultante d'une fatalité individuelle et d'une organisation sociale dont les bases reposent sur la sujétion de la femme. Sa vie, telle que Oharu la revoit, est une succession d'esclavages imposés par l'homme sous les différentes formes, du père, du seigneur, du patron, de l'amant, du mari, du fils ou du simple client de la maison de prostituées.» L'autre grand classique est Voyage à Tokyo de Yasujiro Ozu. Considéré comme le plus réussi des films d'Ozu le long métrage raconte le voyage d'un vieux couple rendant visite à leurs deux enfants qui habitent Tokyo. Ils sont d'abord logés chez leur fils aîné, un modeste pédiatre de banlieue, marié, puis chez leur fille aînée, propriétaire d'un salon de coiffure. Les deux enfants semblent plus préoccupés par les dépenses occasionnées par cette visite que par le bien-être de leurs parents. Seul l'accueil de leur belle-fille, dont le mari a pourtant disparu depuis la guerre, est chaleureux, digne de ce que l'on attendrait de la part des enfants. Jacques Lourcelles souligne à propos de ce film le Dictionnaire du cinéma que «le style du film est inspiré par le désir de préserver un équilibre entre d'une part le constat lucide d'un certain assèchement du cœur chez les enfants et d'autre part la résignation non moins lucide, devant les circonstances qui peuvent expliquer, sinon justifier, cette attitude d'égoïsme. Equilibré aussi, le ton de l'auteur, entre la plainte et la sérénité. Voyage à Tokyo est le type même de l'œuvre élégiaque où l'auteur fait sentir sa douleur tout en refusant qu'elle vire au noir absolu».Il est a noter que le programme culturel du 50ème anniversaire des relations diplomatiques entre l'Algérie et le Japon a été tracé par le service culturel et de communication de l'ambassade du Japon à Alger et dont le coup d'envoi a été donné dès le début de cette année avec des représentations et des conférences sur le théâtre Nô et une exposition de photographies contemporaines, «Counter photographie», qui se poursuivra jusqu'au 18 février prochain au S. A.