Les cimetières de la wilaya de Annaba sont à l'abandon et dans une situation telle que l'on est amené à croire que personne ne s'en soucie, sauf à l'occasion d'un enterrement ou d'une fête religieuse où les visites de ces lieux augmentent sensiblement. En effet, qu'ils soient musulmans, juifs ou chrétiens, tous les cimetières sont logés à la même “enseigne”, envahis par les herbes et les broussailles, salis par des déjections animales, des restes de victuailles, des bouteilles en plastique et des canettes, ces lieux sont devenus un véritable dépotoir. En ces mêmes lieux, à la tombée de la nuit, ce sont les adeptes de Bacchus qui y organisent des beuveries qui se prolongent jusqu'au petit matin, ne se souciant guère du caractère sacré de l'endroit ni des morts censés profiter de la quiétude et du repos éternel. Pourtant, le respect dû aux morts est universel ; toutes les religions, toutes les cultures, s'accordent pour reconnaître à la mort ce caractère sacré qu'on retrouve à travers les rituels et les cérémonies. Les cimetières sont l'expression de cette sacralisation, ils sont là pour donner une sépulture aux disparus mais aussi pour rappeler aux vivants leur dernière demeure. Dernièrement, au cours d'une séance de travail à l'occasion des préparatifs des festivités du cinquantenaire de l'indépendance, le chef de l'exécutif a évoqué la question pour donner des instructions fermes aux présidents d'APC pour prendre en charge, dans les meilleurs délais, l'entretien des cimetières. Désherbage, réfection des murs d'enceinte et des portails, entretien des allées et surveillance ont été retenus comme premières actions à entreprendre pour que ces lieux retrouvent le respect qui leur est dû. «Nous allons nous-mêmes, un de ces jours, les rejoindre, insiste le wali, si nous ne respectons pas nos morts, nous ne nous respectons pas nous-mêmes !»