L'information, qui a circulé ces derniers jours et annonçant la mort de Na Cherifa, âgée de 84 ans s'est avérée non fondée. Née le 7 janvier 1926 à Djaâfra, dans la wilaya de Bordj Bou-Arréridj. Chérifa, de son vrai nom Ouardia Bouchemlal, orpheline de père, sa mère se remaria alors qu'elle n'avait que 3 ans. Recueillie par un oncle du village d'El Mayen (Djaâfra) elle mènera une vie de bergère bien qu'elle était déjà, à 10 ans, la princesse des “Urar” (fêtes), ces fêtes villageoises au cours desquelles les rites religieux, les mariages ou les circoncisions sont célébrés. En 1943, elle quitte pour la première fois son village natal, et arrive à Alger où “La Yamina” l'introduisit dans le domaine de la chanson. Elle improvisa la plus célèbre de ses chansons Abeqa la Khir a Yaqvu (Adieu Akbou). Appréciée du public pour ses chants religieux, d'amour, de la famille, et malgré un répertoire d'environ 700 chansons, où ont puisé et continuent de le faire les chanteurs du moderne kabyle, Chérifa qui ne bénéficie pas de droits d'auteur s'est vu marginalisée par la famille artistique. Elle reprend timidement la chanson à la fin des années 80. Au début des années 1990, des admirateurs passionnés par la chanson kabyle, qui ont entendu ses enregistrements des années 60, l'encouragent à reprendre une carrière internationale. Elle trouve enfin un manager digne d'elle. Le succès est vite au rendez-vous, et elle chante à l'Olympia en 1994. Elle commence à vendre, ses CD étant très appréciés. Malgré l'âge, Chérifa a gardé sa superbe voix et ses compositions sont toujours aussi fortes. Après tant d'années de souffrance et de misère, elle vit enfin dans des conditions décentes. Chabane Bouarissa