Photo : Sahel Par Younès Djama «La population se meurt !», s'écrie un habitant de la commune de Timezrit à l'extrême sud-Est du chef-lieu de la wilaya de Boumerdès. Rencontré hier devant le siège de la wilaya, il attendait, en compagnie d'autres concitoyens, d'être reçu par les membres de la cellule de crise installée par le wali en vue de suivre heure par heure l'évolution de la situation. Son objectif : faire parvenir aux autorités la situation désastreuse de la population de Timezrit isolée par les dernières intempéries. «Le niveau de la neige a atteint 1m20, nous mourons de faim, de froid, les boulangeries sont fermées depuis trois jours en raison de la coupure du courant électrique, les gens n'ont pas pris leurs précautions. La situation est chaotique», se plaint ce citoyen qui souligne que les approvisionnements en denrées alimentaires ont été épuisés. Les populations de Timezrit comme d'ailleurs celles d'Afir, Naciria, Chabet El Ameur, Béni Amrane et les autres régions enclavées lancent un appel urgent aux autorités pour leur venir en aide. Le transfert des malades constitue également un sujet de préoccupation. En effet, à Timezrit, une femme arrivée au terme de sa grossesse a failli perdre la vie faute d'un transfert vers le centre hospitalier. Elle n'a dû son salut ainsi que celui de son bébé qu'à l'élan de solidarité des citoyens qui se sont chargés de son transport. «Nous sommes sans eau ni électricité, nous sommes coupés du monde», témoigne une habitante de Naciria. D'autre part, on a appris de la cellule de communication de la Protection civile de Boumerdès que les routes nationales (RN24 et RN12) ont été ouvertes à la circulation ces dernières heures. La même source n'a pas signalé d'accidents de la route mais a précisé que la région de Dellys, à l'est de Boumerdès, a vu son réseau téléphonique totalement interrompu. La wilaya de Boumerdès s'est drapée, ces trois derniers jours, d'un épais voile blanc, un phénomène plutôt rare pour cette région balnéaire, excepté l'année 2005 où l'on a connu des chutes de neige importantes. «Cette année, en revanche, la neige est plus dense», témoigne un habitant du chef-lieu de wilaya. Ces chutes de neige, entrecoupées par des précipitations pluviales, ont surpris les populations qui, une fois l'effet agréable passé, se heurtent aux contraintes induites par ce brusque changement de climat. En effet, routes coupées, trafic routier et ferroviaire interrompu, des hameaux entiers isolés, des stations-service prises d'assaut par des citoyens à la recherche d'une hypothétique bonbonne de gaz, et des automobilistes à la recherche du précieux carburant. Autre conséquence des dernières précipitations : manque de lait en sachet à cause d'une mauvaise distribution, les rares quantités mises en vente sont épuisées dès les premières heures, tandis que les boulangers même s'ils ont accéléré la cadence n'arrivent tout de même pas à satisfaire la demande de plus en plus importante. Les intempéries sont aussi derrière les récurrentes coupures d'électricité, plusieurs habitants ont fait part d'appareils électroménagers endommagés par ces coupures de courant. Les autorités locales ont, quant à elles, été prises de court par ces chutes de neige. N'ayant pas prévu ce genre d'aléa, rare dans cette région du littoral ; comme déjà mentionné, les autorités ne disposent pas de chasse-neige pour dégager les voies. Samedi, les automobilistes en provenance de la wilaya de Tizi Ouzou en partance vers Alger ont dû bifurquer par la RN24 (reliant Boumerdès à la wilaya de Tizi Ouzou), après que le trafic eut été interrompu au niveau de la RN12 à hauteur de la région de Thénia. Le trafic ferroviaire a, lui aussi, été sérieusement perturbé par les dernières intempéries. La SNTF, sans doute par précaution et profitant du week-end coïncidant avec la fête du Mawlid qui a contraint les citoyens à rester chez eux, a annulé la quasi-majorité des départs de la banlieue est.