Ce qui était attendu depuis le début des intempéries et appréhendé par les populations de la région Est s'est finalement produit. Heureusement sans dégâts. A la suite des importantes chutes de pluie et de neige enregistrées ces derniers jours, le barrage de Beni Haroun (Mila), le plus grand en Algérie, a donc atteint un pic historique, jamais réalisé depuis sa mise en service, d'un milliard de mètres cubes. C'est ce qu'a affirmé, hier, le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, en marge d'une session de la Commission mixte de coopération algéro-serbe. «C'est une première. C'est même historique et on ne s'y attendait pas», a indiqué M. Sellal, soulignant que la capacité théorique de ce barrage est de 960 millions de m3.Selon un cadre de la direction d'exploitation de cet ouvrage hydraulique, les premiers lâchers d'eau du barrage de Beni Haroun vers Oued El Kebir ont commencé, hier vers 6h30, par l'évacuateur de crue «à seuil libre» aménagé dans la partie centrale de l'ouvrage, offrant ainsi des images impressionnantes.«C'est naturel, et c'est fait exprès», rassure le ministre, appelant les riverains à prendre les précautions de sécurité d'usage, notamment en s'éloignant des abords du barrage.Se félicitant de la «bonne tenue» du barrage au moment du déversement, le cadre de la direction d'exploitation de cet ouvrage hydraulique a indiqué que le fonctionnement du dispositif «pour la première fois» a permis d'en prouver la fiabilité.L'ouverture, en même temps, des évacuateurs dits de «demi-fond», pour la restitution des débits réservés et le dévasement, permet par ailleurs de réguler le débit, a-t-il ajouté, soulignant que le lit de l'oued El Kebir canalise parfaitement ces déversements.Une équipe de la Protection civile de 20 éléments dont 6 plongeurs était présente sur les lieux au moment du lâcher d'eau afin de «parer à des éventuelles pertes humaines ou matérielles», a rapporté l'APS citant des responsables de l'ouvrage qui ont expliqué au wali de Mila, qui s'est déplacé sur les lieux, le fonctionnement du dispositif de vidange.Pour rappel, depuis le début du mois de février, les appels à la prudence se sont multipliés et des campagnes de sensibilisation ont été lancés. Le directeur général du barrage avait annoncé que «toutes les mesures ont été prises pour garantir la sécurité des citoyens en cas de débordement du barrage».Des mesures techniques ont été également prises. De même que les autorités ont mobilisé les agents de la Protection civile et de la Gendarmerie nationale en vue d'effectuer des patrouilles permanentes autour du barrage. Lequel ouvrage hydraulique était entièrement plein dans la soirée de samedi, vers 22h. Fin janvier dernier, il était rempli à 95%, alors que le taux de remplissage de l'ensemble des 65 barrages en exploitation à travers le pays était de 65%. En juin 2011, le taux de remplissage de ce barrage avait atteint 800 millions de m3. Dans une récente déclaration de M. Sellal, le barrage de Beni Haroun «suffit pour alimenter pendant 10 ans les six wilayas de l'est du pays qui y sont raccordées, même en cas de sécheresse».Le raccordement de ce barrage à celui de Hammam Grouz, près de oued Athmania (Mila), constituera, selon le ministre des Ressources en eau, une «roue de secours» pour la wilaya de Constantine et son chef-lieu qui seront définitivement débarrassés des problèmes d'eau potable.Cette action permettra également d'optimiser les capacités de stockage dans cette wilaya où un important réservoir de 100 000 m3 est en projet à Djebel Ouahch et trois autres de 50 000 m3 en chantier à Ali Mendjeli, El Guemmas et Beni H'midène. Ces ouvrages tripleront, à l'horizon 2014, les capacités de stockage actuellement de l'ordre de 80 000 m3 dans cette wilaya. B. A.