Photo : S. Zoheir Par Faouzia Ababsa Vingt-quatre heures à peine après la confirmation par la cour d'appel de Paris de l'inculpation et de son maintien sous contrôle judiciaire de Mohamed Ziane Hasseni dans l'affaire de l'assassinat d'André Mecili, la diplomatie a pris le relais dans ce que beaucoup qualifient de méprise judiciaire. En effet, le ministre des Affaires étrangères algérien, Mourad Medelci, qui se trouvait à Rome dans le cadre de la préparation du 2e sommet algéro-italien prévu dans les prochaines semaines, a, avant de rentrer sur Alger, fait un passage par Paris où il a été reçu à sa demande par son homologue Bernard Kouchner. Le patron de la diplomatie algérienne a soulevé le cas du directeur des affaires protocolaires au ministère algérien des Affaires étrangères inculpé «pour complicité d'assassinat» d'André Mecili en avril 1987 et maintenu sous contrôle judiciaire, confirmé mardi dernier par la cour d'appel de Paris. «Lors de cet entretien, M. Medelci a présenté le point de vue algérien sur l'affaire […] pour laquelle une procédure judiciaire est en cours», a déclaré le porte-parole du locataire du Quai d'Orsay, à l'occasion d'un point de presse électronique, sans donner plus de précisions. L'entretien entre Medelci et Kouchner, qui intervient donc au lendemain du prononcé de la cour d'appel, démontre que cette affaire a pris une autre tournure, celle d'Etat. Et c'est maintenant la diplomatie mais aussi l'Etat algérien qui montent au créneau estimant que cette cabale contre le diplomate algérien n'a aucune raison d'être et qu'il s'agit bel et bien d'un regrettable incident. C'est d'ailleurs par le biais d'un communiqué rendu public hier en début de soirée par le ministère algérien des Affaires étrangères que l'on connaîtra la teneur de l'entretien entre Medelci et Kouchner. Le chef de la diplomatie algérienne a «instamment» demandé hier à son homologue que «les autorités françaises prennent toutes les dispositions nécessaires pour le règlement rapide de la situation imposée au diplomate algérien, M. Mohamed Ziane Hasseni». Toujours durant cet entretien qui est intervenu à la demande de notre ministre des Affaires étrangères, M. Medelci a fait part à M. Kouchner «et sous le timbre de l'urgence de la grande préoccupation du gouvernement algérien à l'égard du développement enregistré dans le traitement de la situation imposée à M. Hasseni», directeur du protocole au ministère des Affaires étrangères, en charge du cérémonial depuis le 14 août dernier. M. Medelci a exprimé à son homologue français la «réprobation de la partie algérienne quant à la décision annoncée mardi par la chambre d'accusation de la cour d'appel de Paris confirmant la mise en examen et le maintien sous contrôle judiciaire de M. Hasseni». Toujours selon le communiqué de la diplomatie algérienne, M. Medelci n'a pas hésité à relever devant son homologue les «interférences et pressions à caractère politique et médiatique enregistrées autour de cette affaire». L'affaire dite Hasseni «fait l'objet, poursuit le communiqué, d'une attention continue de la part des autorités algériennes qui restent dans l'attente d'un juste verdict confirmant l'évidence avérée de l'innocence du haut fonctionnaire injustement mis en cause». En effet, dès la nouvelle de l'interpellation de Mohamed Ziane Hasseni (le 14 août dernier), une cellule de crise a été installée au niveau du ministère algérien des Affaires étrangères. «Elle continuera à suivre l'évolution de cette affaire dont la gravité est soulignée», conclut le communiqué. Rappelons que M. Mohammed Ziane Hasseni a été interpellé à l'aéroport de Marignane à Marseille suite à l'émission d'un mandat d'arrêt international par le juge Thouvenot. Et ce, sur une supposée identification sur photo du diplomate par Semraoui, sans que pour autant la justice française juge utile de procéder à une confrontation entre les deux hommes, comme demandée par la défense de M. Hasseni. Lequel, dès sa présentation au parquet a réfuté l'ensemble des accusations et déclaré qu'il s'agissait certainement d'une homonymie. Sa défense a décidé immédiatement de se pourvoir en cassation contre les deux décisions, estimant qu'il ne s'agit pas plus que d'une erreur judiciaire, voire une méprise.