Photo : S. Zoheïr De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali
Relativement épargnée par les grosses – et parfois mortelles – perturbations qui ont touché le centre et l'est du pays, la wilaya d'Oran souffre néanmoins de la vague de froid exceptionnelle qui a laissé ses habitants pantois. Et si la majorité s'est plus ou moins adaptée en s'habillant plus chaudement, en augmentant le chauffage ou en sortant moins que de coutume, la catégorie des SDF a dû attendre que les services de l'Action sociale et de la Solidarité (DASS) aient enclenché le dispositif de «ramassage» pour pouvoir échapper au froid mordant de la nuit. Selon les informations émanant de cette instance, plus de cinquante sans domicile fixes ont été conduits dans les structures d'accueil dans la caserne Chaâbane, sans doute en raison de sa proximité avec les lieux que les SDF ont l'habitude d'occuper. Situé dans le quartier de M'dina Jdida, ce centre d'accueil, qui fait face aux arbres longeant Souk El Gsab, sous lesquels les SDF ont l'habitude de s'abriter, se trouve à quelques pas du Palais des sports dont les marches accueillent parfois les litières aux sans toit, et à quelques centaines mètres de la gare ferroviaire qui compte parmi les abris favoris des SDF. Une fois «secourus» par les services de la DASS, ces malheureux bénéficient d'un gîte et d'un repas, mais surtout échappent à la mort. Selon des sources hospitalières citées dans la presse locale, un sans domicile fixe d'une quarantaine d'années serait mort d'hypothermie à Misserghin (une commune située à une dizaine de kilomètres au sud-ouest d'Oran), dans la nuit de mercredi à jeudi dernier. Une enquête est en cours pour déterminer les circonstances exactes qui ont conduit à la mort de la victime, mais il est utile de rappeler que ce n'est pas la première fois que des sans domicile fixe sont retrouvés morts de froid. En parallèle au «ramassage», la DASS indique que des brigades mobiles, composées notamment de médecins et de psychologues, sillonnent régulièrement les quartiers de la ville à la recherche de SDF auxquels ils portent secours. C'est ainsi que des repas chauds, des couvertures et des vêtements sont distribués à ces sans logis dont des femmes et des enfants en bas âge que les Oranais rencontrent tous jours, à tous les coins de rue, depuis de longues années maintenant. Et pour certains, ces sans domiciles fixes sont originaires d'autres wilayas, venus pour fuir des drames familiaux ou des situations sociales intenables. D'où le refus de suivre les brigades vers les structures d'accueil où ils devront s'identifier et, par conséquent, prendre le risque d'être renvoyés à leur région d'origine tel qu'il est prévu par le règlement selon lequel une commission multisectorielle se réunit après chaque opération pour étudier les dossiers et décider des mesures à prendre comme le renvoi des SDF à leur wilaya d'origine, le transfert des malades mentaux à l'hôpital psychiatrique de Sidi Chami, la poursuite en justice des faux nécessiteux, pour ne garder que les véritables personnes dans le besoin.En attendant, le froid persiste et les opérations destinées à offrir aux SDF de meilleures conditions de subsistance également continueront jusqu'à la fin de l'hiver.