Ne sent le froid que celui qui dort dehors ! Avec le temps qui gèle ces derniers jours à Alger et ses environs, une pensée pour les sans-abri s'impose. La température est passée sous zéro hier, notamment sur les hauteurs de la capitale. Heureusement que les équipes du Samu social sont là, le temps d'un soir, afin d'offrir des repas chauds, des couvertures ou encore un ramassage de ces exclus de la société et leur placement dans un centre. Le siège du Samu social situé à Dély Ibrahim, sur les hauteurs d'Alger, accueille déjà neuf familles, installées dans des chalets, sans compter les centaines qui transitent par là chaque mois. Lors de notre déplacement sur les lieux, nous n'avons trouvé que le permanencier qui a déclaré d'emblée : «Nous faisons le ramassage des SDF tous les jours, généralement la nuit, mais nous ne pouvons forcer les gens à nous suivre. Sauf pour les malades mentaux et les enfants mineurs que nous plaçons la nuit même dans des centres». «Toutes les nuits, trois brigades mobiles de notre unité descendent sur la place d'Alger pour effecteur le ramassage», a encore ajouté. Concernant les personnes qui n'acceptent pas d'accompagner les équipes du Samu pour un éventuel placement dans un centre, le directeur de garde du Samu social nous a informé : «Chaque jour, nous offrons des repas chauds aux SDF, exceptés les deux jours du week-end où l'équipe chargée du restaurant est au repos.» S'étalant davantage sur cet aspect, le responsable en question a déclaré : «Nos équipes sillonnent toutes les rues d'Alger et sa périphérie à la recherche des sans-abri pour leur offrir des repas, et là je peux vous assurer que l'engouement de ces derniers est impressionnant. C'est dire le besoin dans lequel se trouvent ces personnes.» A l'intérieur du centre, nous avons pu rencontrer des personnes, des familles qui ont élu domicile dans ce centre le temps de trouver mieux. Ils sont unanimes quant à la bonne prise en charge du Samu social. «Si ce n'est ces gens qui nous ont aidés, nous serions morts de froid. Ils nous donnent à manger et nous offrent des couvertures et autres moyens de chauffage», a déclaré une vieille femme entourée de ses trois enfants en bas âge. Le refus inexpliqué des centres d'accueil Néanmoins, un souci majeur freine le ramassage des sans-abri, notamment en hiver. C'est un responsable hors de lui qui nous parle. «Pourquoi les centres n'acceptent pas les sans-abri que nous ramassons ?», s'est-il interrogé. Il apporte des éléments de réponse ou du moins ce qu'il pense être la cause du refus : «Les centres nous disent qu'il n'y a plus de place chez nous, chose que je ne peux ni confirmer ni infirmer. Mais une chose est sûre, c'est qu'un centre peut bien aménager un espace pour contenir ce nombre croissant de SDF.» L'autre raison, selon notre orateur, est «la peur de certains sans-abri, jugés à tort ou à raison par les responsables des centres d'accueil d'être des éléments dangereux. Et cela en rapport avec leur comportement, souvent agressif, puisque dans la plupart des cas ces derniers tentent de fuir le centre aussitôt rentrés». Quant au nombre de sans-abri ramassés quotidiennement, le responsable nous a donné un chiffre : «Environ 30 à 40 personnes ramassées chaque nuit, mais il faut prendre en compte les fuyards des centres, c'est pour cela d'ailleurs que nous ne pouvons pas savoir exactement combien de sans-abri existent dans la capitale», a conclu notre interlocuteur.