La participation ou le boycott des législatives n'est pas encore tranchée chez le Front des forces socialistes (FFS). Le suspense est entier jusqu'à la prochaine réunion du Conseil national du parti. «La décision n'est pas encore arrêtée. Nous aurons à le faire bientôt», a indiqué, hier, le premier secrétaire du parti, M. Ali Laskri, lors de la Convention nationale, organisée dans l'objectif de débattre, en dehors des instances organiques du parti, des inconvénients et des avantages des deux positions. «Jusqu'au dernier moment, le débat se poursuivra dans les instances du parti et ne sera tranché sur le fond que lorsque le temps politique l'exigera», a-t-il ajouté. Non sans donner la conception que se fait le parti d'Aït Ahmed de chacune des options. «Oui, à l'évidence, cette décision comporte un risque. Oui, il n'y a pas de risque zéro», soulignera Ali Laskri pour attester de la complexité du choix. C'est d'autant plus valable pour une formation politique qui a eu à vivre les deux expériences, avec des bilans mitigés. Mais, dira-t-il, «quelle que soit l'option retenue, notre responsabilité est engagée. Nous ne pourrons ni éviter ni contourner et, à plus forte raison, effacer ce risque. J'insiste sur cela, c'est valable pour la participation comme pour le boycott : le risque d'échec est réel», déclare Ali Laskri devant des centaines de participants à la Convention dédiée à la mémoire de feu Abdelhamid Mehri. Le premier secrétaire du FFS a posé plusieurs questions relatives à la position que prendrait le parti tout en tenant compte des facteurs internes et du contexte régional et international. Que craint le FFS de ces législatives ? Le FFS craint, note Laskri, que «le régime persiste dans la logique des alternances claniques et se refuse à toute intégration des forces politiques représentatives, à toute ouverture démocratique». «Cette logique donnerait alors lieu à un Parlement où vont se structurer de nouvelles alliances claniques, une chambre d'enregistrement des décisions du pouvoir. Ce qui accélérerait la déliquescence de l'autorité de l'Etat et maintiendrait le dialogue social dans la rue et la violence». Que peut espérer le FFS de ces législatives ? «Qu'elles permettent l'élection d'un Parlement représentatif où un début de pratique de séparation des pouvoirs serait envisageable et où la responsabilité politique aurait droit de cité», répond Laskri. Dans le rapport de synthèse des débats sur les échéances électorales, présenté par un membre du Conseil national, il a été question de détails ayant été examinés dans chacune des deux options. Dans cette synthèse, il est noté l'inexistence d'une solution satisfaisante. D'où l'impératif «de choisir le moindre mal en connaissance de cause». Mais surtout en posant les bonnes questions. La première : quelle est l'option (la participation ou le boycott) qui relancera le mieux le processus démocratique ? La seconde : le parti sortira-t-il grandi ou diminué d'une participation ou d'un boycott ? Dans la session de l'après, une table ronde, modérée par Chafaâ Bouaiche, chargé de communication au sein du parti, a été organisée avec trois intervenants : Samir Bouakouir, responsable du FFS à l'étranger, Ammar Belhimer, juriste, universitaire et journaliste-chroniqueur, ainsi que Mustapha Bouchachi de la LADDH. Samir Bouakouir est revenu sur la nécessité de réhabiliter la politique «face à un système qui repose sur la négation de la politique». Plaidant pour un retour aux valeurs et à l'éthique politique, Bouakouir n'a pas manqué l'occasion de répondre à «ceux qui se sentent gênés par le débat qu'organise le FFS». Bouakouir s'est indigné des propos tenus par quelques voix accréditant la thèse selon laquelle le FFS a négocié «son quota». Dans une pointe d'ironie, qui a fait rire l'assistance, le conférencier dira : «Oui, nous avons négocié notre quota. Mieux, nous avons négocié une majorité absolue. Ainsi nous aurons réussi à instaurer l'Assemblée constituante.» Le politologue Rachid Tlemçani aura ainsi pris pour son grade. Sur sa lancée, Bouakouir a aussi répondu à Sid-Ahmed Ghozali, qui déclarait que «le FFS manquait de cohérence». Le message, très attendu, de Hocine Aït Ahmed, lu vers la fin des débats, a confirmé la complexité du choix quand bien même il se rapprocherait de la participation. Pour le leader charismatique du parti, «nulle équipe, nulle institution n'est en mesure aujourd'hui d'assurer à l'Algérie une «immunité électorale» contre les périls qui la guettent. Mais, par ailleurs, aucun boycott ne peut assurer qu'il constitue une alternative efficace à la participation». Aït Ahmed note que «ce dilemme n'est pas sans rappeler notre fameux ‘‘ni république intégriste ni Etat policier'' dont tant se sont moqués… avant d'en constater la pertinence».