Photo : S. Zoheir De notre envoyé spécial à Ghardaïa Samir Azzoug Il était 10 heures tapantes quand le ministre de la Petite et Moyenne entreprise et de l'Artisanat entre au siège de la wilaya de Ghardaïa en cette journée de mercredi. A l'entrée de la salle de conférence, un nombre assez important de personnes attendait, dossier sous le bras, la venue de M. Benbada, «l'enfant du pays» comme le définit un des entrepreneurs présents. Le ministre, après avoir effectué une visite d'inspection sur le terrain, accompagné du wali de Ghardaïa, de son secrétaire général, des membres de l'administration locale ainsi que des élus locaux, a fait face à une salle complètement suspendue à ses lèvres. Les inondations qui ont frappé la wilaya ayant été d'une rare violence, le wali dira : «C'est un phénomène qui ne se produit qu'une fois par siècle», affirmant que ce qui s'est passé à Ghardaïa ne peut être assimilé ni à la catastrophe de Bab El Oued (novembre 2001) ni à celle du séisme de Boumerdès. Au-delà des pertes en vies humaines et des dégâts occasionnés aux habitations ainsi qu'aux infrastructures de base, c'est tout le tissu économique des zones sinistrées qui se retrouve paralysé. En tout, neuf communes ont été déclarées, le 8 octobre dernier, lors du conseil de gouvernement tenu quelques jours après la visite sur les lieux du chef du gouvernement M. Ouyahia, zones sinistrées, à savoir Ghardaïa, El Grara, Berriane, Daïa, Dahoua, Benoura, El Atef, Zelfana, Metlili et Sebseb. La complexité de l'organisation économique ainsi que l'ampleur de la catastrophe ont fait que les entrepreneurs et artisans touchés par le sinistre présentaient des visages crispés. Les réclamations étaient nombreuses et les interrogations importantes. Qui va rembourser les dégâts ? A quelle ampleur et dans quels délais ? Quelles réponses apporter aux entrepreneurs et artisans qui activaient sans registre du commerce ? Autant de requêtes et d'interrogations exposées par l'assistance au ministre. Ce dernier, après avoir salué les efforts consentis par l'Etat, les collectivités locales, les différentes organisations de secours et la solidarité citoyenne, a dressé un bilan des dégâts enregistrés et présenté une batterie de premières mesures décidées par le gouvernement en faveur du secteur. Le bilan arrêté au 14 octobre dernier fait état de 1 420 millions de centimes et la perte d'emploi pour 504 travailleurs. Le volet concernant les petites et moyennes entreprises affiche 82 PME sinistrées, dont 40 au chef-lieu de la wilaya, 18 à El Atef et 12 à Metlili. 329 personnes se retrouvent sans travail. Par secteur d'activité, les PME les plus touchées (en nombre) sont les services (22), les entreprises de bâtiment (12), l'industrie de transformation (mécanique, matériaux), matériaux de construction (7) et confection (6). Le coût total du sinistre avoisine les 1 271 millions de DA. Toujours selon les statistiques présentées par le ministère et établies par la wilaya, sur les 82 entreprises déclarées sinistrées, 52 sont à l'arrêt et 30 poursuivent leurs activités. Pour ce qui est de l'artisanat, 84 artisans ont été déclarés sinistrés majoritairement dans les communes de Ghardaïa (24) et El Atef (26). Le coût des pertes est estimé à 149 millions de DA, occasionnant un chômage technique pour 175 travailleurs. Pendant le reste du discours, le ministre a dévoilé une série de décisions prises par le gouvernement en faveur des PME et artisans sinistrés. Cette assistance de l'Etat se décline en plusieurs volets. En premier lieu, M. Benbada cite les compagnies d'assurances qui devront prendre en charge le remboursement de leurs clients ainsi que la mise en place par les ministres de l'Intérieur et des Collectivités locales et des Finances d'une commission nationale chargée d'étudier les dossiers des sinistrés dans le cadre de la caisse nationale réservée aux catastrophes naturelles et les grandes catastrophes technologiques en apportant de l'aide aux sinistrés non assurés, d'un côté, et des aides complémentaires pour ceux qui ont contracté une police d'assurance, de l'autre. «J'ai demandé au ministre de l'Intérieur de sortir un peu du cadre protocolaire pour accélérer les démarches et arriver à rembourser les gens rapidement. Il a accepté», informe le ministre de la PME. Dans le deuxième chapitre des réponses apportées aux entrepreneurs, M. Benbada aborde un ensemble de décisions législatives en matière de fiscalité (impôts). Ainsi, le délai de report de la déclaration annuelle des impôts a été prorogé au 30 juin 2009. L'allègement des taxes, comme l'IFU, pour les artisans et les petits métiers, de l'IRG, de l'IBS et du TAP, la suspension de toute action coercitive de recouvrement sont autant de mesures prises dans le secteur. Le dernier volet aborde les décisions adoptées au niveau du système financier. Le report du versement des créances et de leurs intérêts suite aux crédits octroyés auprès des banques et de différents organismes pour une année sera compensé par le Trésor. En plus, les entrepreneurs sinistrés pourront bénéficier d'un crédit évalué à 2 millions de DA avec un faible taux d'intérêt fixé à 2%. Pour apporter des réponses rapides et effectuer les contrôles nécessaires, deux commissions (une au niveau des daïras et une autre au niveau de la commune) seront chargées de la réception et de l'étude des dossiers. «Cette opération concerne les entrepreneurs sinistrés, il ne faut pas que des gens indélicats profitent de l'occasion pour en tirer bénéfice», prévient M. Benbada. Avant de conclure, le ministre rassure l'ensemble des entrepreneurs et artisans et promet de tenter de régler la situation des sinistrés n'ayant pas souscrit au registre du commerce et de soumettre les questions relatives aux prêts sans intérêt et à l'allègement des contributions parafiscales au prochain conseil interministériel.