Après la mafia des containers, la mafia du rond à béton, voilà que cette faune nous livre encore une autre espèce jusque-là inconnue. Loin des feux de la rampe, le créneau semble porteur et en devises. La mafia de l'artisanat fait des ravages. « Le tapis algérien passe frauduleusement les frontières et il est revendu en Belgique, en Allemagne et en France sous le label tunisien ou marocain par des réseaux mafieux qui causent un lourd préjudice à l'économie nationale », a déclaré le directeur de la Chambre de l'artisanat et des métiers de Ghardaïa, Lamari Azzeddine, hier, à des journalistes présents à la fête nationale du tapis à Ghardaïa dans le cadre d'un éductour organisé par l'Office national du tourisme (ONT). Sans en préciser le montant, M.Lamari a simplement indiqué que «le manque à gagner est énorme» puisqu'à l'étranger le tapis se monnaie en devises. Le phénomène a pris une ampleur telle qu'il a suscité une réflexion profonde pour endiguer la saignée. En effet une journée d'étude ayant pour thème l'estampillage, le label de qualité et la normalisation est organisée, aujourd'hui, en marge des festivités de la fête nationale du tapis. Après la mafia des containers, la mafia du rond à béton, la mafia du bois, voilà que cette faune nous livre encore une autre espèce jusque-là inconnue du commun des Algériens. D'autre part, le directeur de la Chambre de l'artisanat a attiré l'attention sur un autre phénomène qui gangrène non seulement le secteur de l'artisanat mais toute l'économie nationale: l'informel. «Officiellement, à Ghardaïa, il existe 1300 artisans, c'est le nombre d'inscrits au niveau de la Chambre de l'artisanat et des métiers», un nombre qui est loin de refléter la réalité de la profession, selon M.Lamari qui cite en exemple Annaba qui n'est pas une ville à vocation artisanale mais dont le nombre d'artisans inscrit est d'environ 6000. La structure sociale complexe au sein la ville M'zab est l'une des difficultés que rencontre la Chambre de l'artisanat et des métiers à Ghardaïa: «Il est pratiquement impossible de contacter directement l'artisan lui-même puisque généralement ce sont des au foyer. Cette situation a conduit à la prolifération d'un marché informel dans lequel activent environ 12.000 artisans». A cette difficulté de contact, s'ajoutent des problèmes d'infrastructures. «Il n'y a pratiquement pas d'espaces intermédiaires comme les galeries et les Maisons de l'artisanat», a relevé M.Lamari. Mais cela n'empêche pas d'organiser la fête nationale du tapis comme chaque année à pareille date. Cette année, 122 participants représenteront les artisans de 35 wilayas du pays et 7 activités artistiques ont pris part à cette manifestation. Elle a débuté hier, par un défilé de chars organisé par les 13 communes de la wilaya de Ghardaïa. Cette année, la fête a vu également la participation des officiels étrangers, dont l'ambassadeur d'Afrique du Sud et le représentant de l'ambassadeur de Suède. A part les représentants du ministère de l'Energie, du Tourisme et de la Petite et moyenne entreprise aucun ministre n'a pris part à la fête inaugurée par le wali de Ghardaïa «Le ministre de la Petite et moyenne entreprise a été rappelé et il a regagné Alger, de même que le ministre du Tourisme en raison du discours que devait prononcer le guide libyen Kadhafi», nous a-t-on indiqué sur place.