Photo : S. Zoheir Par Ghada Hamrouche à l'occasion de sa tournée maghrébine, la secrétaire d'Etat américaine, qui se trouvait hier au Maroc, a été invitée à prendre conscience du problème sahraoui. C'est l'essentiel de l'appel lancé par le Premier ministre sahraoui, M. Abdelkader Taleb Omar, samedi soir, dans les camps des réfugiés 24 Février de Tindouf, à la secrétaire d'Etat américaine, Mme Hillary Clinton, l'invitant à prendre conscience du problème sahraoui et à respecter les résolutions des Nations unies. «Nous voulons que Mme Clinton prenne conscience du problème sahraoui et que le peuple continuera à réclamer son droit à l'autodétermination», a précisé M. Taleb Omar dans une déclaration à l'Agence de presse algérienne (APS). Il a ajouté, dans le même cadre, que le respect du droit sahraoui est primordial pour la construction de l'Union du Maghreb arabe (UMA). «Si on veut que l'UMA soit construite, il faut respecter le droit et les aspirations du peuple sahraoui et défendre la solution basée sur le droit international tout en rejetant la politique des deux poids deux mesures», a-t-il soutenu. Rencontré par l'APS au cours des festivités marquant le 36e anniversaire de la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Taleb Omar a saisi l'occasion pour dénoncer les préalables imposés par le Maroc à chaque round de négociations. Il a aussi dénoncé, dans ce sillage, l'intransigeance des autorités marocaines à vouloir toujours défendre leur position et, par conséquent, rejeter la résolution de l'ONU. Il a, dans cet ordre d'idées, rappelé que le Maroc refuse tout déblocage de la situation. «Les prochaines négociations auront lieu entre le 11 et le 13 mars prochain à Manhasset, à New York, mais le ministre marocain des Affaires étrangères a déjà affiché son intention de défendre toujours les mêmes positions de son Pays», a déclaré Taleb Omar. Pour les Sahraouis, si le Maroc part pour ces négociations informelles avec la même idée, il détruira toutes les actions porteuses d'espoir quant à un règlement du conflit du Sahara occidental. «Nous irons défendre, comme d'habitude, notre droit mais il faudra que l'autre partie soit conséquente avec elle-même et qu'elle respecte les résolutions des Nations unies», a-t-il dit. Interrogé sur les éventuels acquis obtenus par la République arabe sahraouie démocratique (RASD) depuis l'année dernière, M. Taleb Omar a souligné que malgré le blocage persistant pour l'indépendance du Sahara occidental et l'exil de sa population, «l'Etat sahraoui existe même s'il est en exil, il a ses structures, ses institutions comme l'atteste sa reconnaissance par plus de 80 pays». M. Taleb Omar a également rappelé que la RASD est «membre de l'Union africaine et que le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination est reconnu par la communauté internationale». «La question sahraouie est une question d'occupation d'un territoire par un pays colonisateur ; malheureusement, l'ONU a échoué dans sa mission en raison de l'intransigeance de l'occupant marocain appuyé notamment par la France, membre permanent du Conseil de sécurité», a-t-il ajouté. Pour le Premier ministre sahraoui, la question sahraouie ne peut être occultée en ces temps de révoltes et de contestations qui secouent le monde arabe. Par ailleurs, dans une intervention prononcée devant la délégation française venue aux camps de réfugiés pour célébrer le 36e anniversaire de la proclamation de la RASD, M. Taleb Omar a déclaré que le Royaume du Maroc persiste à dire qu'il se trouve dans les territoires sahraouis par la volonté de ses citoyens. «Or, vous avez constaté, a-t-il dit, l'existence d'un mur qui sépare un peuple, surveillé par plus de 150 000 soldats marocains qui répriment durement et violemment toute voie pacifique sahraouie. Le peuple sahraoui a accepté le cessez-le-feu depuis 1991 sur la base que l'ONU prépare le référendum mais malheureusement rien n'a été fait. Il y a un silence complaisant sur fond d'injustice. Je dis que l'ONU a failli à sa mission, notamment celle de protéger le peuple et de mettre fin à l'obstruction marocaine», a-t-il précisé. Le Premier ministre ne manquera pas de souligner la raison principale de l'échec de l'ONU dans l'application de ses résolutions. Selon le ministre sahraoui, l'impasse est due au blocage du gouvernement français. «Nous comptons beaucoup sur vous (Français) pour porter la voix sahraouie en France et amener la France officielle à ne plus soutenir le Maroc et à se conformer à la légalité internationale», a-t-il déclaré. M. Taleb Omar a précisé, d'autre part, que la France est en train de mener, ces derniers temps, «un combat sur tous les fronts pour réclamer le respect des droits de l'Homme et des valeurs de l'humanité en Tunisie, en Libye, au Soudan et en Egypte mais d'un autre côté elle tourne le dos aux revendications pacifiques du peuple sahraoui reconnu par différentes communautés internationales».