Les Russes ont voté dimanche, et c'est Vladimir Poutine qui est sorti vainqueur de la présidentielle dès le premier tour après avoir engrangé plus de la moitié des voix. Cet ancien président entre 2000 et 2008 avait cédé sa place à son dauphin Dimitri Medvedev durant quatre ans, mais il est resté au Kremlin en tant que Premier ministre. Durant ces quatre années, il n'avait pas quitté la scène politique et médiatique et n'a pas caché sa volonté de revenir aux commandes. C'est chose faite malgré une opposition farouche d'une partie de la population et de ses adversaires politiques qui l'accusent de tous les maux. Selon donc les résultats préliminaires, Vladimir Poutine ne sera pas obligé d'attendre le second tour pour se faire élire. «Après dépouillement de 99,7 % des bulletins, Vladimir Poutine mène la course présidentielle avec 63,79% des voix, le leader du Parti communiste Guennadi Ziouganov se classant deuxième avec 17,19% des voix. Arrivent ensuite le candidat indépendant Mikhaïl Prokhorov (7,82%), le leader du Parti libéral-démocrate Vladimir Jirinovski (6,23%) et le social-démocrate Sergueï Mironov (3,85%)», selon la CEC, a rapporté Ria Novosti hier. Cette victoire quasi écrasante a été prédite par de nombreux observateurs lors de la campagne électorale qui a été marquée par de nombreuses manifestations de rue anti et pro-Poutine. Les opposants à cet ancien agent secret de l'ex-KGB, le défunt service de renseignements de l'ancien empire soviétique, ont promis hier de manifester leur colère alors que deux candidats à la présidentielle du 4 mars ont déjà reconnu leur défaite devant Poutine. Officiellement, il n'y a pas eu de fraudes mais des opposants affirment que la tricherie n'a pas eu lieu dans les bureaux de vote, mais avant le scrutin. Autrement dit, les fonctionnaires qui avaient bénéficié d'importantes augmentations de salaire, durant les deux premiers mandats de Poutine, ont été instruits pour voter en faveur de ce dernier, déclarent certaines sources, a rapporté Reuters. C'est le cas apparemment en Tchétchénie où le parti de Poutine, Russie Unie, avait obtenu 99% des voix lors des législatives de décembre dernier, les fonctionnaires ayant déclaré avoir reçu des ordres de la part de leurs responsables. En dehors des fraudes signalées par-ci, par-là, quel est le véritable secret de réussite de Vladimir Poutine à cette présidentielle qui lui permet de gouverner pour un troisième mandat de six ans, au lieu de quatre après la modification de la Constitution ? D'où tient-il toute cette popularité ? Vladimir Poutine a eu un parcours qui semble l'avoir prédestiné à prendre le pouvoir en Russie. Licencié en droit, il a intégré l'ex-KGB en 1975 où il restera jusqu'en 1991, date à laquelle ce service des renseignements a pris l'appellation de FSB. Après un passage à la mairie de Saint-Pétersbourg, sa région natale, il a été nommé en 1996 au poste d'adjoint de directeur aux affaires de la Présidence russe, avant de prendre en main, deux ans plus tard, le destin du FSB. En remplacement à l'ancien président Boris Eltsine qui a quitté son siège pour des raisons de santé, Vladimir Poutine est désigné au poste de président de la Russie par intérim, en décembre 1999. En 2000, il est devenu président de la Fédération de Russie par la voie des urnes. Le 5 mars 2012, Vladimir Poutine est élu une troisième fois à la majorité quasi écrasante, réaffirmant ainsi sa popularité auprès des Russes qui veulent retrouver la Russie d'antan qui fait face à l'hégémonie des Etats-Unis et à l'émergence de la Chine. La popularité de Poutine est due aux réformes économiques et sociales qu'il avait entamées grâce notamment aux revenus pétroliers et gaziers. La guerre qu'il a menée contre les indépendantistes tchétchènes lorsqu'il était, sous le règne de Boris Eltsine, a fait monter sa cote en Russie, faisant de lui l'«homme de la nation». Malgré les accusations émanant d'une partie de son entourage autour de sa fortune personnelle et des affaires qu'il détient avec son proche entourage, Poutine n'a pas perdu de l'estime que lui vouent les Russes. Si près de 64% des 110 millions électeurs russes ont fait confiance, une nouvelle fois, à Poutine, c'est parce que ce dernier a également rendu à la Russie sa place sur l'échiquier international. La diplomatie russe a redoré son blason grâce à la personnalité de Vladimir Poutine qui a éliminé, toutefois, tous les obstacles internes parmi l'opposition pour garder le trône. La position russe dans certains conflits régionaux, comme le nucléaire iranien et nord-coréen, les révoltes dans le monde arabe, etc., est le meilleur exemple du retour en puissance de la diplomatie de cet ancien empire qui veut retrouver le prestige de l'époque des tsars. La programmation d'une réunion entre Moscou et la Ligue arabe, le 10 mars prochain au Caire, pour discuter la crise syrienne, au lendemain de la réélection de Poutine constitue également une preuve de la puissance de ce dernier. En résumé, Vladimir Poutine a donc le temps qu'il lui faut pour renforcer la position de son pays puisqu'il a droit cette fois-ci à un mandat de six ans (au lieu de quatre) et a la possibilité d'être réélu jusqu'en 2024. L. M.