La Russie a appelé le gouvernement syrien et l'opposition à mettre «immédiatement» fin aux violences et à faciliter l'arrivée de l'aide humanitaire et d'émissaires de l'ONU en Syrie. Il est «indispensable de mettre fin immédiatement aux violences d'où qu'elles viennent», a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères. La Russie, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, qui a déjà bloqué deux résolutions chargeant Damas, a averti l'Occident de ne «pas prendre ses désirs pour des réalités» en s'attendant à un changement de politique à l'égard de son allié syrien après l'élection de Vladimir Poutine à la présidence russe. «La position russe sur le règlement du conflit en Syrie n'a jamais dépendu d'événements conjoncturels et ne se forme pas en fonction de cycles électoraux, contrairement à certains de nos collègues occidentaux», a souligné le ministère Russe des Affaires étrangères.Sur le terrain, la situation demeure préoccupante à la veille de l'arrivée dans le pays de la responsable des opérations humanitaires de l'ONU, Valerie Amos, pour tenter d'obtenir un accès humanitaire, et celle, trois jours plus tard, de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan. La tension ne baisse pas. L'armée syrienne a lancé, hier, un assaut sur plusieurs villes, notamment dans la région de Deraa. Le président syrien Bachar al-Assad avait affirmé sa détermination à combattre le «terrorisme soutenu par l'étranger». Après la prise, jeudi dernier, de Baba Amrou, quartier de Homs, l'armée syrienne contrôle désormais d'autres bastions de l'ASL dans cette région, notamment Rastane, près de Homs. A Baba Amrou même, les autorités syriennes ont déclaré avoir saisi, outre des armes, «un avion de reconnaissance» utilisé par «les groupes terroristes».De plus la situation humanitaire devient de plus en plus alarmante. La Croix-Rouge internationale négociait pour le 5e jour consécutif l'entrée d'un convoi d'aide d'urgence bloqué à l'extérieur de Homs. Les autorités ont avancé des raisons de sécurité, en particulier la présence de bombes et de mines, pour justifier ce délai. Quelque 2 000 réfugiés ont par ailleurs afflué au Liban depuis quelques jours d'après le Haut commissariat aux réfugiés (HCR). Ce dernier a recensé 7 058 réfugiés syriens au Liban depuis le début de la crise.Sur le plan international, l'heure semble être à la pondération. Pour le président américain Barack Obama, «ce serait une erreur de lancer, comme certains l'ont suggéré, une action militaire unilatérale ou de croire qu'il existe une solution simple». Le commandant américain pour le Moyen-Orient et l'Asie centrale (Centcom), le général James Mattis, avait jugé de son coté «extrêmement délicate» de mettre en œuvre une intervention militaire en Syrie ou une aide aux opposants. L'Espagne a annoncé qu'elle suspendait ses activités diplomatiques en Syrie, près d'un mois après avoir rappelé son ambassadeur. La Turquie appelait Damas à autoriser l'ouverture «immédiate» de couloirs humanitaires pour les civils. Plus de 7 600 personnes ont été tuées dans les violences en Syrie depuis la mi-mars 2011. R. I.