Les journalistes français Edith Bouvier, grièvement blessée à la jambe, et William Daniels, bloqués depuis plusieurs jours dans la ville de Homs (Syrie) sous les bombardements, ont pu quitter la Syrie pour le Liban, a annoncé, avant-hier, le président français Nicolas Sarkozy. Edith Bouvier et William Daniels sont actuellement en sécurité en territoire libanais et seront dans quelques instants sous la protection de notre ambassade à Beyrouth, a déclaré M. Sarkozy lors d'un bref point de presse en marge du sommet européen réuni à Bruxelles. Je viens de m'entretenir avec Edith Bouvier, qui est naturellement très fatiguée, qui a beaucoup souffert mais qui sait qu'elle est libre et qu'elle sera bientôt soignée, a-t-il poursuivi. Je veux remercier tous ceux qui ont contribué à cet heureux dénouement après une semaine de tentatives d'évacuation de nos deux compatriotes par des procédures impliquant le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) et le Croissant Rouge syrien mais qui n'ont pas abouti, a ajouté le chef de l'Etat français. Je remercie ceux qui ont contribué, je remercie les démocrates syriens et je remercie les démocrates qui sont dans des pays voisins, a-t-il poursuivi, se refusant à donner d'autres détails sur l'opération. La journaliste Edith Bouvier, qui travaille pour le quotidien français Le Figaro, a été grièvement blessée le 22 février à la jambe (fracture du fémur) lors d'un bombardement qui avait coûté la vie à la journaliste du Sunday Times Marie Colvin et au photographe français Rémi Ochlik. Deux autres journalistes, le Britannique Paul Conroy et l'Espagnol Javier Espinosa, qui avaient aussi été bloqués à Homs après ce bombardement, ont pu gagner le Liban voisin ces derniers jours. L'urgence médicale primait et Edith Bouvier et son compagnon devaient quitter le lieu où ils se trouvaient par tous les moyens disponibles, a insisté Nicolas Sarkozy devant la presse. Sa blessure a beaucoup compliqué toutes les procédures d'évacuation. Elle a beaucoup souffert, a ajouté le président, nous organisons son retour en territoire français dès que les médecins nous donnerons le feu vert et un avion de la République française médicalisé se tient à disposition. Je peux vous confirmer que là c'est officiel, elle et lui sont en sécurité, a tenu à préciser le président français. Le chef de l'Etat avait une première fois laissé entendre mardi, lors d'un déplacement à Montpellier, qu'Edith Bouvier avait pu quitter Homs, avant de revenir sur ses propos. Nous n'oublions pas la tragédie qui continue de se dérouler à Homs, nous n'oublions pas qu'il y a encore certains de vos confrères qui sont prisonniers de cet enfer, la France demande instamment que cette tragédie cesse immédiatement et qu'il soit mis fin aux violences contre les populations civiles, a également répété M. Sarkozy, avant-hier soir. Les corps de Marie Colvin et de Remi Ochlik retrouvés Les autorités syriennes ont retrouvé, avant-hier, les corps de la journaliste américaine Marie Colvin et du photographe français Rémi Ochlik, dans le quartier de Baba Amr, à Homs, repris par l'armée régulière, annonce le ministère syrien des Affaires Etrangères. Les autorités concernées ont pu ce matin, pour des raisons humanitaires et après un grand effort, localiser les corps des deux journalistes, l'Américaine Marie Colvin et le Français Rémi Ochlik, enterrés dans la région qui fut contrôlée par des groupes terroristes armés à Baba Amr à Homs, indique une source responsable au ministère syrien des Affaires Etrangères, citée par l'agence officielle Sana.Les deux journalistes étaient morts dans un bombardement mercredi contre un centre de presse mis en place par les militants à Baba Amr, pilonné par l'armée. Faisant état de la découverte d'un troisième corps, la source responsable mentionne le journaliste espagnol Javier Espinosa, or ce dernier, selon son journal El Mundo, avait réussi à regagner le Liban et était en parfait état de santé. Il était sorti sain et sauf du bombardement de, mercredi, qui avait tué ses deux confrères. Les trois corps vont être transférés vers un hôpital de Damas où un médecin légiste les examinera. La Syrie demandera des échantillons d'ADN à leur pays respectif pour les identifier, puis les corps seront remis aux ambassades de Pologne, qui représente les intérêts des Etats-Unis, de France et d'Espagne en présence du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et du Croissant rouge arabe syrien (CRAS), précise le ministère. La Syrie présente ses condoléances aux familles des victimes et espère que les citoyens étrangers s'abstiendront d'entrer illégalement sur le territoire syrien et d'aller dans les régions où se trouvent des terroristes armés, selon le communiqué. L'ONU demande l'arrêt des violences et un accès humanitaire Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU réuni à Genève a demandé l'arrêt des violences ainsi qu'un accès humanitaire en Syrie. Sur le terrain, les combattants rebelles ont réussi à repousser l'assaut de l'armée à Baba Amr, à Homs, ont affirmé, avant-hier, des opposants. Au cours de la soirée, le président français Nicolas Sarkozy a annoncé que les journalistes français Edith Bouvier et William Daniels, qui étaient bloqués à Homs, en Syrie, sont en sécurité au Liban. La résolution condamnant énergiquement les attaques des autorités de Damas contre les civils, a été adoptée par 37 voix contre 3, et 3 abstentions. La Russie, qui s'y opposait avec la Chine, a demandé un vote, dénonçant un texte "déséquilibré" et reflétant une "approche politique unilatérale" de certains pays sur la situation en Syrie. La résolution, soutenue par 52 pays, dont la Suisse, demande au gouvernement syrien d'autoriser un "accès libre et sans entrave à l'ONU et aux agences humanitaires pour procéder à une évaluation complète des besoins à Homs et dans d'autres régions". "Actions brutales" Le document "déplore les actions brutales du régime syrien sur les onze derniers mois, notamment l'usage d'artillerie lourde et de tanks contre des quartiers résidentiels", causant des "milliers de morts" chez les civils et poussant des dizaines de milliers d'autres à fuir. Il condamne les persécutions et les meurtres d'opposants, de défenseurs des droits de l'homme et de journalistes. Il exprime aussi la préoccupation de l'ONU sur le manque d'accès à la nourriture, aux soins de base et au carburant ainsi que les menaces et les actes de violence faits au personnel médical, aux patients et aux installations de santé. Au total, la répression a fait plus de 7500 morts dans la population civile depuis le début du soulèvement en mars 2011, selon les Nations Unies. La Syrie prête à discuter de la visite d'une responsable de l'ONU Le ministère syrien des Affaires étrangères a déclaré, avant-hier, qu'il était prêt à discuter de la date d'une visite en Syrie de la chef des opérations humanitaires de l'ONU, affirmant que la date proposée auparavant ne convenait pas au régime syrien. La responsable de l'ONU avait demandé à venir en Syrie à un moment qui ne nous convenait pas. Nous sommes prêts à poursuivre nos discussions avec elle à propos d'une date qui conviendrait aux deux parties, a annoncé le ministère dans un communiqué diffusé par la télévision d'Etat. Les autorités syriennes ont refusé la veille à la responsable des opérations humanitaires de l'ONU, Valerie Amos, l'autorisation d'entrer en Syrie pour évaluer la situation humanitaire dans le pays. Je suis très déçue de ne pas avoir pu me rendre en Syrie, en dépit de mes demandes répétées pour rencontrer des responsables syriens au plus haut niveau afin d'évoquer la situation humanitaire et la nécessité de donner accès sans entrave aux populations affectées par les violences, avait déclaré Mme Amos dans un communiqué. Améliorer cet accès pour que les secours puissent parvenir à ceux qui en ont un besoin urgent est une priorité absolue, avait ajouté Mme Amos en évoquant la situation humanitaire en rapide aggravation. Mme Amos a dit soutenir l'appel du CICR (Comité international de la Croix-Rouge) à une pause quotidienne dans les hostilités afin de permettre aux organisations humanitaires d'évacuer les blessés et de fournir nourriture et médicaments. Chargée par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon de se rendre en Syrie, Mme Amos avait demandé à pouvoir se rendre à Homs, ville rebelle assiégée par l'armée depuis plusieurs semaines. Cette demande avait été officiellement transmise la semaine dernière. Trêve: le CICR a reçu des indications positives des autorités Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a annoncé, avant-hier, avoir reçu des indications positives des autorités syriennes sur son initiative de trêve humanitaire de deux heures par jour. Le CICR a reçu aujourd'hui (jeudi) des indications positives des autorités syriennes sur son initiative de trêve humanitaire, a déclaré un porte-parole de l'organisation, Hicham Hassan, à Genève. Il est d'autant plus important et urgent de mettre en œuvre cette initiative dans les délais les plus courts vu que la situation humanitaire est extrêmement préoccupante, a-t-il souligné. Le CICR et le Croissant-Rouge syrien ont aussi reçu jeudi le feu vert de la part des autorités syriennes pour entrer vendredi dans le quartier de Baba Amr, à Homs, pour acheminer de l'aide, dont de la nourriture et de l'assistance médicale, et pour aussi procéder aux opérations d'évacuation de blessés et de toute personne qui a besoin de sortir, a-t-il ajouté. M. Hassan a par ailleurs expliqué que, jeudi, des camions d'assistance du CICR étaient préparés pour partir de Damas à Homs. Mais malheureusement, à cause de la neige, cela n'était pas possible de faire le trajet, a-t-il précisé. Face aux violences qui ont fait, selon l'ONU, plus de 7 600 morts depuis mars 2011 et provoqué une crise humanitaire aiguë, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a adopté jeudi une résolution condamnant, une fois de plus, les violations de plus en plus graves des droits de l'Homme en Syrie et appelant Damas à permettre un accès sans entrave à l'ONU et aux agences humanitaires.