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Aux origines de la nation libyenne
Les velléités fédéralistes ne font pas l'unanimité en Libye
Publié dans La Tribune le 12 - 03 - 2012

Avant l'avènement de l'Etat national dans les années 1950, la Libye a toujours été composée de trois régions dont l'histoire a favorisé la distinction de chacune d'elle. Il s'agit de la Cyrénaïque à l'est, la Tripolitaine à l'ouest et le Fezan au sud. La Cyrénaïque qui tire son appellation de Cyrène, ville antique fondée par les marins grecs en 631 avant J.-C. était habité par les Libous, de tribus amazighes guerrières redoutées par les Egyptiens. Ce peuple a donné son nom à tous les Amazighs de l'Afrique du Nord et la Libye antique englobait tout l'actuel Maghreb aux yeux des Grecs. En tant que colonie grecque, la Cirénaïque a commencé déjà à se spécifier par rapport aux deux autres régions de la Libye que sont la Tripolitaine et le Fezan que les Grecs appelaient Marmarique. Cyrène était la plus grande cité d'Afrique du Nord. Le commerce du silphion ou silophium, une plante recherchée pour ses vertus culinaires et médicinales, y était florissant et faisait la richesse des colons grecs qui y ont érigé, au Ve siècle avant J.-C., un monumental temple de Zeus dont les dimensions et le faste étaient comparables à ceux d'Olympie. En 458 av. J.-C., le royaume de Cyrène devint une république avant de passer sous la tutelle de Ptolémée d'Egypte. A cette époque, la compétition entre Phéniciens et Romains faisait rage sur les côtes sud de la Méditerranée. Les Carthaginois dominaient le nord de l'actuel Tunisie et une partie de l'Est algérien. Ptolémée 1er, allié stratégique des Romains, annexa les côtes libyennes jusqu'aux confins de la Tripolitaine en 321 avant J.-C. En 91 avant J. C., l'Egypte céda ces territoires aux Romains. Donc, c'est sous l'empire romain que les trois provinces libyennes (la Cyrénaïque, la Tripolitaine et le Fezan) ont été unifiées sous une seule autorité, et ce, à partir du Ier siècle de l'ère chrétienne. Cette situation ne changera pas sous les Vandales et les Byzantins. En d'autres termes, la Libye, dans ses limites géographiques actuelles, a pris forme durant six siècles jusqu'à l'arrivée des conquérants musulmans sous la direction de Amr Bnou el As qui occupa en 641 la Cyrénaïque et l'annexa à l'Egypte, puis la Tripolitaine annexée à l'Ifriqia, l'actuelle Tunisie. Le Fezan ne sera conquis qu'en 647. Ces partitions politiques, administratives et économiques des trois régions de Libye, allaient marquer les populations et entretenir les divisions ataviques qui se transforment progressivement en clivages ethniques, tribaux et régionaux indélébiles. La Tripolitaine, soumise aux différentes dynasties musulmanes, n'a pas réussi, contrairement à la Cyrénaïque, à se doter d'une histoire politique propre. Elle a été une province aghlabide de 801 à 909, elle passe ensuite aux Fatimides. En 1050, elle est envahie par les Banou Hilal et définitivement ruinée, elle est ensuite soumise aux Almohades puis aux Hafsides. En 1510, les Espagnols occupent Tripoli. La Cyrénaïque a plus ou moins connu une certaine stabilité sociopolitique du fait de son rattachement à l'Egypte, d'où le développement d'une certaine conscience chez ses habitants qui aspiraient depuis toujours à reconquérir leur indépendance et leur souveraineté ancestrales. La Tripolitaine ne connaîtra cette stabilité et cette tradition politique que sous le règne de l'empire ottoman. En 1551, Souleiman
El Qanouni (le Magnifique) occupe Tripoli et annexe la Libye à l'Empire ottoman. De 1711 à 1835, une dynastie d'origine turco-albanaise, les Karamanli, règne sur la Tripolitaine en tant que Pachas qui s'étaient appuyés sur les tribus arabes de Beni Sliman commettant exactions et dépassements qui poussèrent les tribus berbères du Fezan et de Nafoussa à demander la protection de la Porte sublime en transformant la suzeraineté symbolique en suzeraineté effective sur toute la Libye. En 1835, des troupes d'Ankara occupèrent tous les ports de Libye qui passera sous régence turque et sera subdivisée en deux wilayas, la Tripolitaine et la Cyrénaïque. L'homme malade qu'était devenu l'empire ottoman allait perdre ses territoires, notamment l'Algérie en 1830. De son immense empire, il ne lui restait que la Libye, Ankara allait tout faire pour préserver son dernier carré en Afrique du Nord. Jusqu'en 1911, Ankara aura aidé les deux provinces principales de la Libye à cohabiter et à se rapprocher pour se découvrir une conscience politique et nationale commune. En 1843, l'ancêtre des Sounoussi, futurs fondateurs de l'Etat libyen, Mohamed Essenoussi, arrive à El Beïda pour y fonder la confrérie Essenoussia.

L'Italie et la résurgence des antagonismes régionaux
A la veille de la Première Guerre mondiale, en 1911, l'Italie déclara la guerre à l'empire ottoman, ou ce qui en restait, et ses troupes débarquèrent à Tripoli. L'armée italienne se heurta alors à une résistance farouche des Turcs menée par Mustapha Kamel. Le 18 octobre 1912, le traité de Lausanne (aussi dit traité d'Ouchy) met fin à la guerre en accordant aux Italiens la Cyrénaïque et la Tripolitaine, qui forment le territoire de la Libye italienne. A la fin de la Première Guerre mondiale, en 1918, la république de Tripolitaine fut proclamée Etat souverain sur les territoires de l'Ouest de l'actuelle Libye : il s'agit du premier Etat musulman de l'époque moderne, à disposer d'un gouvernement républicain et la première entité libyenne indépendante depuis la chute de l'empire ottoman. Ayant connu jusque-là les plus grandes difficultés à stabiliser leurs possessions libyennes, les Italiens reconnaissent en 1919 l'autonomie de la République de Tripolitaine et font de même quelques mois plus tard avec l'Emirat de Cyrénaïque, dirigé par Idris, chef de la confrérie des Snoussi. L'Italie garde, cependant, la haute main sur l'armée, la diplomatie et la justice des deux Etats. L'application des accords est vite entravée par la mauvaise volonté de toutes les parties, et l'Italie envisage bientôt de reprendre le contrôle direct de ses possessions libyennes[]. En 1922, Tripolitaine et Cyrénaïque repassent sous l'autorité directe de Rome, pour réintégrer l'empire colonial italien. C'est cette occupation étrangère qui allait cristalliser le sentiment nationaliste et le fait national libyen, notamment grâce au mouvement de résistance que dirigea Omar El Mokhtar jusqu'en 1931, date de sa pendaison. L'Emir Idris s'était enfui en Egypte, les Libyens organisèrent la résistance et la lutte d'indépendance qui allait forger l'unité de la Libye. Omar El Mokhtar incarna cette résistance et en devint le symbole après sa capture et sa pendaison le 16 septembre 1931. La disparition de Omar El Mokhtar mit ainsi un terme à la lutte armée, permettant à Rome d'annoncer à travers Mussolini, le 24 janvier 1932, l'occupation militaire de toute la Libye. Deux ans plus tard, la Cyrénaïque et la Tripolitaine sont unies administrativement en une seule province, nommée Libye, en référence à l'Antiquité romaine. Italo Balbo en est nommé gouverneur général, et mène des efforts notables pour réformer l'administration libyenne et développer les infrastructures du pays. Une route est mise en place à travers le désert de Syrte afin de relier la colonie d'Ouest en Est ; elle est achevée en 1937. Une importante population italienne s'installe, en particulier à Benghazi et à Tripoli. Dans le même temps, Mussolini cherche à gagner les tribus arabes. Un système de citoyenneté limité est ainsi mis en place. En février 1943, toute la Libye est sous contrôle des forces alliées notamment britanniques et françaises qui se partagèrent la colonie italienne. La Grande-Bretagne occupa la Cyrénaïque et la Tripolitaine alors que la France se contenta du Fezan. Les Britanniques, qui contrôlaient l'essentiel du territoire libyen, étaient favorables à l'instauration d'un royaume qui serait leur allié dans la région. Ainsi, le 1er mars 1949, Idris Essenoussi proclama l'indépendance de l'Emirat de Cyrénaïque rétablie après la défaite des Italiens, alors que les Britanniques conservèrent leur autorité administrative sur la Tripolitaine Pendant plusieurs moi, le devenir de la Libye était incertain. La France s'opposait à l'avènement d'un nouvel Etat dans la région et préférait maintenir les trois administrations séparées. Le 21 novembre 1949, l'ONU tranche la question et se prononce en faveur d'un Etat indépendant incluant les trois provinces libyennes. Un an plus tard, l'émir Idris fut désigné comme roi. Le 25 novembre, la première Assemblée nationale libyenne se réunit et le 7 octobre 1951, une Constitution fut promulguée.

La Libye, premier Etat maghrébin indépendant
Paradoxe de l'histoire. La Libye est le premier Etat maghrébin à accéder à l'indépendance, mais il est le dernier à se construire en tant qu'Etat nation. Le 24 décembre 1951, le Royaume-Uni de Libye est proclamé. Sidi Mohamed Idris El Mahdi Essenoussi est intronisé roi de tous les Libyens. Le souverain de la Libye a hérité d'une situation socio-économique des plus catastrophiques : un taux élevé d'analphabétisme (94%), un manque de personnel qualifié dans la plupart des domaines et un taux de mortalité infantile important (40%). Bien que membre de la Ligue arabe depuis 1953 et de l'ONU depuis 1955, la Libye ne fût pas maîtresse de son destin. Dès 1953, le gouvernement libyen signe des accords militaires avec le Royaume-Uni, accordant à ce pays des bases militaires pour vingt ans et la libre circulation des véhicules militaires britanniques sur le territoire national (eaux territoriales et espace aérien compris) contre le versement de 3 750 000 livres pendant cinq ans et la promesse d'une aide technique et militaire. En 1954, un protocole militaire est également signé avec les Etats-Unis, permettant à ce pays de conserver plusieurs bases militaires, dont le complexe de Weelus Fiedl, en périphérie de Tripoli. Ces accords, qui prévoyaient l'occupation des bases jusqu'en 1970, sont respectés, mais non renouvelés par le nouveau gouvernement révolutionnaire. Enfin, un traité signé avec la France, le 10 août 1955, consacre l'évacuation des quelque 400 militaires qui étaient stationnés dans la région du Fezan, et des accords culturels sont mis en place. En 1956, un forage effectué dans le sud-ouest du pays par la Libyan American Oil met au jour un premier gisement de pétrole. En 1959, des gisements bien plus importants sont découverts à Zliten par la compagnie Esso Standard Libya. En 1965, la Libye exporte quelque 58,5 millions de tonnes de pétrole, via des installations modernes (terminal de Marsa El Briga). Elle est à cette époque le premier producteur d'Afrique. La manne pétrolière permet au pays de développer ses infrastructures, encore rudimentaires au début des années 1960.Ni le régime de Snoussi ni celui de Kadhafi n'ont réussi à mettre en place les institutions étatiques de nature à diluer les clivages classiques et historiques qui ont toujours favorisé le régionalisme, le tribalisme et l'ethnicisme. Aussi bien sous la monarchie que sous la république, ces dimensions ont été entretenues et exacerbées jusqu'au paroxysme, ce qui explique la rancœur qui a caractérisé les vendettas durant l'insurrection et les luttes intestines qui déchirent les milices après la chute de Kadhafi et l'incapacité du CNT à imposer son autorité sur tout le territoire et sur toutes les factions armées. Cette situation a encouragé certains aventuriers à ressusciter le passé antique pour proclamer l'autonomie d'une région névralgique de la Libye au risque de provoquer une guerre civile dans un pays meurtri.
A. G.


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