Photo : Riad Par Samira Imadalou «Nous ne retardons pas les privatisations, mais nous ne sommes pas tenus non plus de liquider, coûte que coûte, nos entreprises. Nous voulons prendre notre temps.» C'est la déclaration du ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, M. Abdelhamid Temmar, une déclaration faite au début de septembre, soit quelques semaines après la décision du gouvernement de recadrer l'investissement et la privatisation. Ainsi, c'est la remise en cause de toutes les options choisies pour l'opération, remise en cause qui intervient quatre ans après la relance du processus. Cela traduit la volonté de l'Etat de sauvegarder les entreprises publiques, notamment celles déstructurées. «Il y a un certain nombre d'activités économiques que nous ne voulons pas perdre et qui relèvent du secteur public», a d'ailleurs précisé à ce sujet M. Temmar. Comment ? La réponse à cette question semble claire. Elle figure dans le projet de loi de finances 2009. «Le Trésor public est autorisé à procéder à l'assainissement financier des entreprises et établissements publics déstructurés. Le financement de cette opération est assuré sur des ressources budgétaires ou d'emprunt, ainsi que par le traitement des créances du Trésor sur ces entreprises», stipule l'article 59 du projet. Aussi, les subventions d'exploitation des entreprises et établissements publics sont directement prises en charge par l'Etat, à travers des «crédits budgétaires» à allouer annuellement, selon des modalités qui seront fixées par le ministre des Finances, sur la base du besoin effectivement enregistré. Pour rappel, l'assainissement financier des entreprises publiques déstructurées a été engagé en vertu de l'article 84 de la loi de finances pour l'année 2005. Cette disposition de la loi de finances 2005 a un «caractère temporaire», dans la mesure où elle constitue une autorisation dont la portée, limitée d'abord à l'année 2005, a été étendue aux années 2006, 2007 et 2008, en vertu des lois de finances correspondant à ces trois années. Ces extensions successives ont été rendues nécessaires «du fait du nombre important d'entreprises publiques, de la complexité des évaluations portant sur leur situation financière», évaluations nécessaires à la détermination du coût à supporter par le Trésor public, ainsi que par l'adoption, relativement récente, du dossier proposé par le ministère des Finances en conseil interministériel du 27 janvier 2008 dernier. La mise en œuvre concrète, au bénéfice des entreprises concernées, du dispositif d'assainissement financier nécessite, également, des délais pour la préparation et la discussion des plans de redressement internes des 222 entreprises bénéficiaires, qui constituent la condition préalable à la mise en œuvre des mesures d'ordre financier. Des mesures d'accompagnement seront prises notamment en ce qui concerne la réduction des taxes sur l'importation des matières premières. Mais est-ce suffisant ? Car, au-delà de l'aspect financier, d'autres mesures sont à prendre connaissant la limite des capacités managériales au sein des entreprises publiques déstructurées où le recyclage des gestionnaires ne se fait pratiquement pas. L'autre problème est lié à la vétusté des infrastructures. Les équipements sont, en effet, obsolètes et nécessitent leur renouvellement. Que ce soit dans le tourisme, la pétrochimie, l'agroalimentaire, la pharmacie ou tout autre secteur, les entreprises ont besoin de la mise en place de tous ces moyens pour réussir un plan de sauvegarde. Lequel s'annonce d'ores et déjà rude pour permettre à l'entreprise de miser sur le marché, sauver ses activités, former son personnel et créer des emplois. Il s'agit, donc, de replacer l'entreprise publique sur la scène économique nationale, régionale et à l'échelle internationale. Le patron de la Centrale syndicale qui a effectué au cours de la semaine dernière des visites au sein de certaines entreprise déstructurées à Alger et à Tizi Ouzou a d'ailleurs souligné : «A l'ère de la mondialisation, nous avons, aujourd'hui, toutes les conditions de redonner au secteur économique public sa place pour qu'il redevienne leader du développement économique du pays, sans pour autant occulter le secteur privé, qu'il soit national ou étranger.» Le secrétaire général de l'UGTA a dans ce sillage évoqué la nécessité de recréer «la culture économique nationaliste». Il a ainsi rejoint la position du gouvernement qui met en avant, ces dernières semaines, le concept du patriotisme économique. Un concept développé depuis le discours du président de la République devant les maires le 23 juin dernier.