Photo : S. Zoheir Par Younès Djama La phase de transition, s'étalant entre le 19 mars 1962, date de la signature des Accords d'Evian, et le 1er juillet de la même année, jour de la tenue du référendum d'autodétermination du peuple algérien, a vu la naissance de l'Exécutif provisoire algérien de Rocher Noir, sous la présidence de Abderrahmane Farès. Le choix de cet ancien membre du Parti communiste algérien (PCA) à la tête de cet exécutif de 12 membres (6 représentants la force coloniale française, 5 représentants du FLN), s'est imposé de lui-même vu qu'il était considéré comme un homme du consensus, selon Mohamed Abbas, universitaire et historien.S'exprimant hier à l'occasion d'une conférence historique au profit d'écoliers de la capitale, à l'initiative de l'Association Mechâal Echahid, l'universitaire a indiqué que siégeaient également au côté de Abderrahmane Farès d'autres militants de la cause nationale, à l'instar de Belaid Abdesselam (ancien chef du gouvernement), Chawki Mostefai, Abderrazak Chentouf et Mohamed Benteftifa. La mission du comité exécutif provisoire consistait, selon le conférencier, à gérer la période de transition, mais aussi, à superviser le référendum d'autodétermination. Kaddour Sator a présidé la Commission de l'autodétermination. Quelque 6 millions d'Algériens se sont prononcés, à l'issue du scrutin, en faveur de l'indépendance du pays, tandis que 16 000 autres s'y sont opposés.Cependant, la proclamation de la première Assemblée constituante fut ajournée, en raison des troubles sécuritaires sur fond d'attentats perpétrés par l'Organisation armée secrète (OAS), au 22 septembre 1962. Les hostilités déclenchées par la tristement célèbre organisation paramilitaire française ont pris finalement fin le 17 juin 1962, à la faveur de la signature de l'accord Mostefai-Susini. L'historien Mohamed Abbas signale, à ce propos, que le roi Hassan II du Maroc s'était opposé à l'inclusion des régions de Tindouf et de Béchar dans le processus d'autodétermination. Intervenant à l'occasion, au côté de la moudjahida et sénatrice Zohra Drif Bitat, l'ancien membre de la toute première Assemblée constituante de l'Algérie indépendante, Mohamed Bousmaha, a témoigné qu'il était réfugié dans une villa avec d'autres compagnons d'armes sur les hauteurs d'Alger, au moment de la signature des Accords d'Evian. Le Comité exécutif provisoire de Rocher Noir (actuellement wilaya de Boumerdès), avait en plus de l'organisation du référendum, une mission sécuritaire à travers la Commission de cessez-le feu. La mission n'était pas mince, au regard des actions militaires de part et d'autre qui se sont multipliées. Parallèlement aux actions terroristes de l'OAS, le FLN a commis quelque 50 attentats rien que pour la journée du 18 mars, soit la veille de la signature des Accords. Abordant la question des harkis, cet ancien dirigeant à la wilaya IV a nié que le FLN ait ordonné l'exécution des harkis, soulignant que les assassinats qui ont ciblé ces supplétifs de l'armée française relevaient plus d'actes de vengeance. «Il n'y a jamais eu instruction pour l'exécution des harkis», certifie M. Bousmaha, qui indiquant qu'au niveau de la Wilaya IV le nombre de harkis exécutés par vengeance ne dépasse pas 200 personnes. Il a réfuté le nombre de 200 000 harkis tués avancé récemment en France, en assurant que le total ne dépasse pas 1 200. De son coté, Mme Bitat a affirmé qu'elle était emprisonnée en France au moment de la proclamation des Accords d'Evian, regrettant qu'elle ait dû «vivre» de loin cette période charnière. La sénatrice a en outre relevé la nécessité d'écrire l'histoire en reconnaissant que les acteurs de la Guerre de libération «ont failli» dans leur mission de transcription. Rebondissant sur la question «harki», la moudjahida affirme que c'est un problème «franco-français». Elle a déploré, sur sa lancée, le «silence» inexpliqué des autorités concernant les festivités commémorant le 50e anniversaire de l'Indépendance, parallèlement à un foisonnement d'activités qui ont lieu en exagone.