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Du 19 mars au 5 juillet 1962 : une périlleuse transition.
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 04 - 07 - 2010

La signature des accords d'Evain, le 18 mars 1962, ne marqua pas la fin effective de la guerre d'Algérie. Cette fois-ci la lutte pour le pouvoir, entre les militants de la même cause, s'est mêlée au conflit déjà alambiqué avec la France. D'ailleurs, même le terrorisme de l'OAS (Organisation Armée Secrète) n'a pas pu ressouder les rangs des nationalistes. En revanche, bien que le conflit ait touché le sommet de la direction, la base, quant à elle, a reçu avec soulagement la fin du joug colonial. Et par la même occasion, elle a supporté la furie des ultras. Ces derniers, en désavouant le pouvoir parisien, décidèrent de mener une seconde guerre au peuple algérien. En effet, les carnages n'ont cessé que le 5 juillet à Oran où les manifestants fêtèrent l'indépendance du pays. Mais auparavant, plusieurs événements eurent lieu. Et
chaque journée apporta son lot de souffrance.
Les divisions au sommet de la direction.
Avant la conclusion des pourparlers d'Evian, le GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne) et l'EMG (Etat Major Général) se regardaient déjà en chien de faïence. Celui-là a dissimulé le conflit afin de paraître comme un interlocuteur crédible au gouvernement français. Il faut dire aussi que dans le même temps, le pouvoir gaullien n'arrivait pas non plus à faire avancer ses pions comme il le souhaitait. Toutefois, pour le GPRA, la tâche primordiale fut la conclusion d'un accord de paix avec la France. D'ailleurs, quelques ministres du GPRA espérèrent que le conflit avec l'EMG allait être surmonté avec l'arrêt des hostilités avec la France. Tout compte fait, ils attendaient énormément la libération des chefs historiques, emprisonnés dans les geôles française depuis octobre 1956, pour ressouder les rangs.
Hélas, bien que la libération, le 20 mars 1962, des cinq détenus d'Aulnoy, Ben Bella, Ait Ahmed, Boudiaf, Khider et Bitat, ait suscité beaucoup d'espoir pour apaiser la tension entre le GPRA et l'EMG, leur division en prison n'a fait qu'attiser la crise(1). La division atteignit son paroxysme lorsque chaque ministre prit position pour les deux entités de la révolution, en l'occurrence le GPRA et l'EMG.
Par ailleurs, à mesure que la perspective d'un consensus s'éloignait, chaque clan voulut imposer sa voie. Pour le GPRA,
selon Mohammed Harbi, la priorité résida dans sa capacité à faire respecter, à tous les acteurs, les accords d'Evian. Pour ce faire, il s'opposa à la convocation du CNRA (Conseil National de la Révolution Algérienne) pour ne pas qu'il y ait leur remise en cause. Par contre, selon l'auteur du « FLN, mirage et réalité », la primauté du militaire sur le politique fut la ligne de conduite de Boumediene. Dans ce conflit opposant le GPRA à l'EMG, un soutien, celui de Ben Bella à celui-ci, fut décisif. Néanmoins, il était prêt à faire des concessions et même à partager le pouvoir avec son principal opposant, Boudiaf. Qu'il prenne le parti et moi le gouvernement ou l'inverse, a-t-il suggéré (2).
Cependant, bien que le colonialisme vive ses derniers instants, l'opposition des dirigeants algériens augmentait à mesure que le transfert de souveraineté approchait. A partir du 16 avril 1962, le conflit fut porté à la connaissance de la base. Et chacun se recroquevilla sur ses positions. La lueur d'espoir fut apparue vers la mi-mai quand le GPRA a décidé de convoquer le CNRA pour le 27 mai 1962 à Tripoli. Hélas, ce jour-là les dirigeants se livrèrent à une bataille sans pitié pour le contrôle exclusif des organismes dirigeants de la révolution. Mohammed Harbi écrit alors : « L'idée que les dirigeants s'affrontent à visage découverts, programme contre programme, est une chimère comme l'est également
celle qui veut faire du FLN une sorte de parti guidé par une idéologie commune. » (3) Du coup, les ultras, ennemis de
l'émancipation des Algériens, avait le champ libre ou peu s'en faut.
Le chantage des ultras.
Malgré toutes les garanties contenues dans le texte des accords d'Evian, les Français d'Algérie n'admirent pas, selon une
conception purement colonialiste, le lâchage de l'Algérie par la France. Aux difficultés des dirigeants algériens à s'entendre entre eux, le gouvernement français avait exigé lors de la conférence d'Evian la création d'un exécutif provisoire. Il fut confié à Abderrahmane Farès, plusieurs fois approché par les gaullistes pour constituer la fameuse troisième force susceptible de préserver les intérêts français en Algérie. Mohammed Harbi décrit sans ambages cette désignation en notant à juste titre : «Imposé à la tête d'un Exécutif provisoire, composé de 12 membres (3 Européens et 9 Algériens, dont 5 militants du FLN), Abderrahmane Farès est boudé par le GPRA, qui décide de ne pas l'intégrer au groupe FLN à l'exécutif provisoire. » (4)
Dans ce climat d'incohérence, les chefs de l'OAS exhortèrent leurs partisans à saborder les accords du 18 mars 1962. Les ultras s'attaquèrent sans distinction aux Algériens et gaullistes. Les démonstrations de force commencèrent le 26 mars 1962 à la rue d'Isly et finirent le 5 juillet 1962 à Oran. Le peuple algérien paya un lourd tribut en vies humaines. Selon Réda Malek dans «L'Algérie à Evian », les pertes furent colossales. Il note à ce propos : « Le mois de mai marque l'apogée des crimes de l'OAS. La capture de ses têtes de file les plus connues l'accule à la politique de terre brûlée. Désespérant d'instituer une république de type sudiste, qui consacrerait la partition du territoire, l'ultime carré d'irréductibles conçoit le projet fou de ramener l'Algérie à sa situation d'avant 1830. » (5)
Fallait-il dialoguer avec les ultras ?
L'installation de l'Exécutif provisoire à Rocher-Noir (Boumerdès) intervint dés les premiers jours du mois d'avril 1962.
Face aux exactions de l'OAS, l'exécutif provisoire resta au début dans l'expectative. Bien que les accords d'Evian aient
prévu de mettre à sa disposition une force locale [L'accord stipule un effectif oscillant entre 40000 et 50000 hommes], cette dernière fut fortement infiltrée par les ultras de l'Algérie française. Toutefois, le groupe FLN au sein de l'exécutif, à sa tête le docteur Chawki Mostefai, décida de faire de son mieux pour gérer cette scabreuse période de transition. Et pour parvenir à contenir les visées criminelles de l'OAS, les délégués FLN furent prêts à engager un dialogue avec l'OAS par l'entremise de Jacques Chevalier, ex-maire d'Alger.
Toutefois, cette décision fut difficile à prendre. Aucun militant du FLN n'osa assumer ce dialogue avant que la situation ne soit envenimée. D'ailleurs, selon le témoignage de Belaid Abdeslam, membre du FLN au sein de l'exécutif, les premiers contacts eurent lieu à l'insu même des délégués FLN. Il écrit sur son site internet: « Aucun des membres du FLN de cet exécutif n'avait connaissance du moindre indice sur l'existence de ces pourparlers. Seul le Président, Abderrahmane Farès, se plaisait à dire, de temps en temps : « je m'attends à une prise de contact de la part de
l'OAS à travers telle ou telle personne. »(6)
Cependant, avant d'engager un quelconque processus de dialogue, le docteur Mostefai décida de se rendre en Tunisie et en Lybie afin de s'entretenir avec les ministres du GPRA. Il rencontra le 9juin Ahmed Ben Bella à Tripoli. En guise d'assurance, selon Réda Malek, Ben Bella signifia à Mostefai : « Nous sommes solidaires au sein du gouvernement. Quand la majorité prend position, cela engage l'ensemble du gouvernement. »(7) A Tunis, Mostefai eut le même
soutien de Ben Khedda, Ben Tobbal et Krim Belkacem. Mais après l'entretien Mostefai-Susini, le 17 juin 1962, les dirigeants, pour des raisons stratégiques, n'osèrent plus assumer publiquement ces accords Exécutif provisoire-OAS. Se trouvant au Caire depuis le 15 juin, Ben Khedda ne soutint pas cet accord. Aucun autre ministre n'afficha publiquement son soutien au docteur Mostefai. Ce qui amena ce dernier à donner sa démission le 27 juin. Mais elle fut bien
entendu refusée par le GPRA. En gros, il a été demandé au docteur Mostefai de résoudre le conflit mais sans engager ni le FLN ni le GPRA.
La célébration de l'indépendance.
Le GPRA a décidé de célébrer la fin du joug colonial, dans tout le territoire algérien, le 5 juillet 1962. Cette date a été choisie effectivement de façon symbolique pour boucler 132 ans de domination française. Et pourtant le vote s'est déroulé le 1er juillet 1962 où la participation a été remarquablement élevée. En effet, pour sortir définitivement du giron colonial, les Algériens ont voté oui à 91,23% par rapport aux inscrits et 99,72% par rapport aux votants.
Le général De Gaulle a reconnu officiellement l'indépendance de l'Algérie le 3 juillet. Le 5 juillet, comme prévu, la fête s'est déroulée dans l'allégresse partout en Algérie hormis la ville d'Oran. Ce qui a terni, en effet, cette journée ce furent les événements survenus à Oran où l'organisation de l'OAS a décidé de marquer cette journée par une ultime fusillade. Par conséquent les Oranais ont assisté à une journée cauchemardesque contrairement à leurs concitoyens qui ont manifesté leur exaltation pour la fin de l'occupation dans l'hilarité, et ce, à travers les quatre coins du pays.(8)
Dans la capitale de l'ouest algérien, le responsable de la sécurité de la ville, le général Katz, admet que les bévues des
ultras allaient crescendo du cessez-le-feu jusqu'à l'indépendance de l'Algérie. Il affirme que : « d'innocentes victimes continuent à tomber dans la proportion d'un Européen pour cent Arabes ; parmi les victimes nombre de femmes et d'enfants ». Néanmoins, ce chiffre n'est apparemment pas partagé par d'autres historiens à l'instar de B.Stora qui affirme qu'au mois de mai, à Oran, « quotidiennement, de 10 à 50 Algériens sont abattus par l'OAS. Certains musulmans
quittent Oran pour rejoindre leurs familles dans les villages ou villes n'ayant pas une forte population européenne.» Quant à ceux qui étaient contraints de rester, la violence à laquelle ils étaient exposés n'épargnait ni femme, ni enfant.
En revanche, le jour de l'indépendance, les Algériens ont sublimé leur crainte. Il ne fut pas question de ne pas être au rendez-vous avec l'histoire. Ainsi, dès les premières heures de la matinée du 5 juillet, les Algériens se sont donné rendez-vous pour manifester dans l'allégresse l'indépendance durement acquise. Aux environs de midi, des coups de feu sont tirés sur des Algériens qui voulaient hisser le drapeau algérien à la place d'armes. Cette fusillade a
été sans doute celle de trop car la riposte ne s'est pas fait attendre non plus. Le bilan de la journée fut lourd en vies humaines.
En effet, pour brève qu'ait été la riposte( environ 30 minutes d'après le général Katz) à laquelle ont participé des ATO
(auxiliaires temporaires occasionnels) et même des civils algériens, le nombre de morts était tout de même important. Il y avait 25 morts parmi les Français (46 selon Fouad Soufi) et plus de 80 Algériens.
Ainsi la colonisation s'est achevée comme elle avait commencé en 1830, c'est-à-dire dans le sang.
Notes de renvoi :
1) Quotidien d'Oran, La crise de l'été 1962 était-elle inévitable ?, 29 juillet 2009
2) Mohammed Harbi, « FLN, mirage et réalité », page 325
3) Id, page 336
4) Id, page 322
5) Réda Malek, « L'Algérie à Evian », page 249
6) www.belaidabdesselam.com
7) Réda Malek, id, page 256
Quotidien d'Oran, 5 juillet 1962 : ultime combat de l'OAS, 5 juillet 2007.


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