Photo : M. Hacène Par Yanis Bouarfa Dès l'Indépendance et pendant près de quatre décennies, les catégories jeunes ont été les principaux fournisseurs de notre football d'élite. Les anciens se souviennent : ce fut une période cohérente et prolifique. On prospectait des talents précoces dans les matches de quartier. On faisait signer des licences. Puis, de poussins en minimes, de cadets en juniors, ces talents mûrissaient, se développaient, jusqu'à rejoindre, naturellement, le rang des effectifs majeurs. Mieux : ces jeunes étaient l'objet de toutes les attentions. On les confiait aux meilleurs spécialistes, aux meilleurs éducateurs. On leur organisait des concours nationaux pour les mettre en exergue, pour les stimuler. Leurs compétitions étaient, en outre, régulièrement suivies. Les supporters venaient chaque vendredi matin, en grand nombre, encourager leurs futurs champions. On accompagnait la relève. C'était la seule, l'unique relève. Ce temps n'est plus. Le football professionnel a pris place. C'est un football plus riche, sans doute encore, dit-on, mieux structuré, plus scientifique. Quel sort réserve-t-il, toutefois, à ces jeunes ? Beaucoup de voix, et non des moindres, se font entendre. Elles s'interrogent, elles avertissent et dénoncent même. La filière professionnelle a peut-être «condamné définitivement» la précieuse «manne juvénile». Les centres de formation ont remplacé les matches de quartier ; ce sont des structures modernes, visiblement organisées. Qu'en est-il dans les faits ? Sont-ils d'abord les centres que l'on dit ? Ont-ils les formateurs qui conviennent ? Ont-ils de vrais moyens ? Quel football y enseigne-t-on ? Quelles perspectives offrent-ils à leurs jeunes recrues ? Sur cela, il y a doute. Et l'on doute, encore plus à raison, des catégories et des compétitions jeunes. Au sein même des grands clubs, on déplore le manque de terrains, d'équipements, d'encadrement. Le drame des écoles du NAHD, de l'ASMO de l'USM El Harrach et de l'OMR a été révélateur. Un petit club a payé le «prix fort», parce qu'il n'a pas les moyens d'assurer à ses jeunes un moyen de transport sûr. Il semble que des équipes plus nanties n'y «parviennent» pas à leur tour.
Nos sélections nationales, toutes catégories confondues, au creux de la vague En 1982 en Espagne, l'Algérie, sous la conduite de Mustapha Dahleb et avec une pléiade de talentueux joueurs comme Madjer, Merzekane, Fergani, Yahi, Belloumi, Assad, Bensaoula, Maroc, faisait trembler l'Allemagne du Kaiser Franz Beckenbauer et laissait le monde du ballon rond ébahi par les prouesses de ces garçons venus d'Afrique et qui donnaient une leçon de football aux illustres footballeurs germaniques de l'époque. Quatre ans plus tard, l'histoire se répétait au même endroit chez le pays des Aztèques où une nouvelle génération de footballeurs algériens composée de Medjadi et autres s'illustra en tenant au respect le grand Brésil des Zico, créait la plus grosse surprise du Mondial de 1986 en tenant tête à cette armada de stars et maître du ballon rond. C'était là une première pour une équipe africaine. Entre temps et en 1990 à Alger, l'Algérie remportait sa première Coupe d'Afrique. C'était le temps de Menad, Oudjani, Cherif El Ouazzani et Rahim. En 2010, au Mondial sud-africain, les Fennecs conduits par Ziani, Bouguerra, Saïfi, Mesbah et Boudebouz étaient proches d'une qualification pour le second tour sans l'erreur bête de Chaouchi qui s'est fait surprendre par le tir du joueur slovène. Tous ces exploits ne sont plus, de nos jours, que de beaux et lointains souvenirs. Nos sélections nationales, toutes catégories confondues, sont aujourd'hui au creux de la vague. Hier, c'était l'élimination précoce en Coupe d'Afrique des nations en Angola en demi-finale face à l'Egypte suivie de l'amère sortie en éliminatoires de la Coupe du Monde 2012 organisée conjointement par le Gabon et la Guinée Equatoriale. Aujourd'hui, ce sont nos cadets et nos juniors qui essuient des défaites, non seulement synonymes d'élimination, mais humiliantes par leur énorme score. La lourde défaite de nos espoirs devant le Nigeria, lors des éliminatoires des jeux Olympiques 2012 organisés au Maroc, a été durement ressentie par les supporters algériens qui avaient toujours savouré la suprématie de notre football sur celui des autres. Aujourd'hui, il est temps de réagir et d'apporter les remèdes urgents et appropriés pour redonner à notre football national son lustre d'antan. Les récentes décisions prises au niveau de la commission technique, c'est un premier pas sur le chemin de la restructuration de notre football. Pour l'instauration d'un championnat de jeunes footballeurs. Les débandades de nos sélections nationales cadettes et juniors laminées par leurs homologues les privant ainsi de la participation à la Coupe d'Afrique des nations au Swaziland et de la Coupe du monde des Juniors organisée par les Emirats arabes unis viennent nous rappeler, de façon brutale, qu'on ne peut rien bâtir de solide, si les fondations sont inexistantes. L'on a beau avoir de brillantes individualités qui manient l'art du dribble, on ne peut pour autant constituer une équipe solide, cohérente et compétitive, si elle n'émane pas d'un championnat fort et organisé. Or que ce soit chez les cadets ou chez les juniors, ce championnat n'existe même pas si ce n'est à l'échelon des ligues, en ce qui concerne les cadets. Les clubs, eux, démunis et sans véritables ressources financières ne s'occupent guère de ces générations montantes, les considérant comme des parents pauvres qui ne peuvent être que sources de dépenses supplémentaires. Livrés à eux-mêmes, ces jeunes n'arrivent à percer que grâce à leur talent individuel, donc inné et qui a besoin d'être ciselé et travaillé pour espérer se hisser au niveau de la compétition continentale. Mais qui s'occupe réellement de ces jeunes ? Qui s'en soucie ? Une véritable politique des jeunes que ce soit à l'échelon des clubs ou des fédérations est inexistante. Il faudrait, par conséquent, réfléchir à instaurer des championnats en bonne et due forme susceptible de créer une émulation parmi ces jeunes et les exhorter à se déployer à fond pour gagner leurs places de titulaires au sein de ces compétitions nationales. C'est uniquement de cette manière qu'on pourra tirer la quintessence de ces footballeurs susceptibles de nous représenter dignement sur l'échiquier continental et celui international. Se contenter de les réunir uniquement pour honorer certaines échéances et les abandonner par la suite ne sera toujours que perte de temps