Le président sortant, Abdoulaye Wade, et son ex-Premier ministre, Macky Sall, s'affrontent aujourd'hui dans un second tour de l'élection présidentielle de toutes les incertitudes. Le scrutin qui rythme la vie politique sénégalaise, voilà maintenant des mois, sera déterminant pour l'avenir d'un pays cité comme un des rares exemples de démocratie en Afrique. Le 26 février dernier, le président sortant Abdoulaye Wade remportait le premier tour de l'élection présidentielle avec 34,81% des voix. Une semi surprise pour ses partisans qui croyaient en sa victoire au premier tour. Macky Sall, l'ex-Premier ministre, arrivait second avec 26,58%, donnant du piment à une opération électorale poignante. Depuis, les deux candidats ont tenté de convaincre les électeurs indécis. Une bonne partie des sénégalais ont en effet boudé l'urne face à une bataille politique extrême qui semble partager le pays en deux parties. Pour ce second tour, Macky Sall fait figure de favori après avoir reçu le soutien de l'ensemble de l'opposition et de nombreuses organisations de la société civile. Macky Sall a tout de même demandé à ses partisans de rester «vigilants», craignant des fraudes du camp adverse. Pour une partie des sénégalais une réélection de Wade équivaudrait à un coup de force, mieux à un échec de la démocratie dans leur pays. Macky Sall a réussi à rallier autour de sa candidature l'ensemble des douze candidats éliminés au premier tour et obtenu le soutien du très populaire chanteur Youssou N'Dour. Ce dernier avait fait les frais de la bataille aiguë en cours, en se faisant écarter du scrutin par un Conseil constitutionnel favorable, dit-on, à Wade. Le front commun «anti-Wade» ainsi formé a fait naître au sein d'une partie de l'opinion publique l'idée que le président sortant pourrait ne pas remporter l'élection. Le camp de Wade compte particulièrement sur les abstentionnistes du premier tour (48,42 %) qui auraient «eu peur de sortir» après des violences. Abdoulaye Wade 85 ans, au pouvoir depuis 2000, a renouvelé son engagement en faveur d'une élection «transparente et exemplaire» assurant qu'il lui fallait encore «trois ans pour achever ses projets», alors que le nouveau mandat présidentiel est de sept ans. Comme lors du premier tour, plus de 90 observateurs de l'Union européenne ont été déployés dans les 45 départements du Sénégal, y compris dans la très fragile Casamance où sévit depuis 1982 une rébellion armée. M. B./Agences