C'est la dernière ligne droite pour les opposants à Wade dans leur quête du pouvoir. Les Sénégalais retiennent leur souffle. Le président sortant et candidat à sa propre succession Abdoulaye Wade et son ex-Premier ministre et non moins rival Macky Sall s'affronteront dimanche pour le compte du second tour de l'élection présidentielle. Sur papier, le candidat de l'opposition est donné grand favori, ce qui amène à penser que M. Wade est en train de passer ses derniers jours au palais présidentiel de Dakar. Selon de nombreux sondages, Macky Sall, qui peut en effet l'emporter avec environ 60% des voix si les appels à voter pour lui des 12 candidats éliminés sont suivis, a demandé à ses partisans de rester «vigilants», craignant un passage en force d'Abdoulaye Wade par la fraude. Les craintes du camp de Macky Sall sont fondées, d'autant que comme lors du précédent tour, la campagne pour le second tour a été émaillée par des incidents. La caravane de Macky Sall, candidat qui bénéficie du soutien du très populaire chanteur Youssou N'dour et de puissantes confréries religieuses, a été «caillassée», à deux reprises au moins, dans le nord à Kébémer, région natale du chef de l'Etat sortant, et à Saint-Louis. Des affrontements au cours desquels des coups de feu ont été tirés sans faire de victime, ont également eu lieu il y a deux semaines à Dakar entre partisans des deux candidats. Les dangers d'un passage en force Eu égard à la situation et devant les risques de dérapage, la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH) a exprimé le 14 mars «ses plus vives inquiétudes face à l'exacerbation de la violence politique» pendant la campagne du second tour, et appelé «au bannissement de la violence sous toutes ses formes». Ces incidents sont restés pour l'instant limités – la campagne s'achève vendredi soir – et n'ont rien de comparables aux violences meurtrières liées à la contestation de la candidature de M. Wade qui avaient fait au moins 6 morts et 150 blessés pendant les quatre semaines précédant le premier tour. Le président, 85 ans, élu en 2000, réélu en 2007 et dont la candidature a, rappelle-t-on, été jugée anticonstitutionnelle par ses opposants, s'est dit sûr de l'emporter «avec un score écrasant», en dépit du front commun de tous les candidats d'opposition éliminés au premier tour qui s'est créé autour de son adversaire. Celui qui avait pourtant fait la promesse de ne pas briguer de troisième mandat est arrivé en tête le 26 février avec 34,81% des voix contre 26,58% en faveur de Macky Sall. Abdoulaye Wade a dit compter sur les abstentionnistes du premier tour (48,42%) qui avaient «eu peur de sortir» au premier tour, après les violences, mais sont «nos militants et sympathisants». Il a affirmé qu'il lui fallait encore «trois ans» – le nouveau mandat présidentiel est de 7 ans – pour achever ses «projets». «Les chantiers que j'ai ouverts ont été possibles grâce à des prêts dont il faut honorer les engagements», a-t-il affirmé. L'inconvénient est que les Sénégalais qui continuent à croire aux discours du «vieux» sont devenus infiniment moins nombreux, en témoigne la raclée qu'il a reçue au premier tour.