Le syndrome de l'abstention plane sur Annaba, non pas du fait que les citoyens n'accordent pas d'importance à ces élections, ou qu'ils ne se sentent pas concernés, mais parce que tout simplement la qualité des candidats présentés par les partis politiques ne répond pas à leurs attentes. 2 jours avant la clôture du dépôt des candidatures, et en dehors de ceux déjà connus et déjà honnis et vomis, les rumeurs font état de candidatures de «récidivistes» qui, lors de leurs précédents mandats, se sont contentés de faire de la figuration dans l'hémicycle, effacés comme ils sont devant d'autres plus présents, débattant et se faisant les porte-paroles de leurs électeurs. Des candidats usés, à l'imagination très limitée et qui n'ont d'yeux que pour les privilèges et l'influence qu'ils peuvent avoir une fois élus ; ces personnages, qui ont payé rubis sur l'ongle pour figurer en bonne place sur les listes des candidatures et qui comptent représenter les habitants de la Coquette, n'ont aucun ancrage, aucune popularité et sont connus pour être des affairistes à la recherche d'un filon. Hommes d'affaires véreux, patrons de bars, danseuses de cabarets, escrocs notoires, faux universitaires et corrompus figurent en bonne place parmi les prétendants au fauteuil de député. Cette engeance, cette faune qui se bouscule aux portes des partis, n'est nullement congédiée ou même appelée à réviser ses ambitions, bien au contraire elle est adulée et prise à bras le corps par les ténors locaux non moins véreux. Le peuple, le citoyen n'a que «l'embarras du choix» dans cette ménagerie entre escrocs, affairistes corrompus et récidivistes. Et là, c'est comme si on avait stimulé l'abstention et on avait poussé les électeurs à boycotter, ce qui est dangereux pour le pays et peut aboutir à une situation très gênante. La première responsabilité incombe, en premier lieu, à ces formations politiques qui, au vu de la composante de leurs listes de candidats, devraient se remettre en question et s'auto-dissoudre. L'administration à son tour devrait éplucher les dossiers de ces opportunistes pour prendre les décisions qui s'imposent. Ce qui, selon nos informations, sera fait au niveau de la Direction de la réglementation et des affaires générales.Pour prévenir cette abstention que certains prévoient très forte, la wilaya a organisé des caravanes composées de jeunes fonctionnaires et de bénévoles pour sensibiliser les électeurs sur l'importance de ces élections pour l'avenir du pays. Ces jeunes sillonnent les communes et les douars pour convaincre les habitants d'aller voter le 10 mai, une date fatidique pour le devenir de tous. Des efforts sont déployés aussi bien du côté de l'administration que de certains militants de partis ou d'indépendants pour amener les gens à exprimer leur choix, une initiative louable mais dont les résultats restent hypothétiques. Faire du porte-à-porte, expliquer, convaincre et persuader les citoyens de l'utilité de ces élections qui auront un impact sur leur quotidien n'est pas chose aisée puisque les habitants échaudés par les promesses faites lors des dernières législatives -promesses non tenues - sont devenus sceptiques. A moins que les rumeurs sur tel ou tel candidat ne soient fausses et relèvent de l'intox, il y a fort à parier que cette fois l'abstention ravira la vedette aux élections et l'on se retrouvera avec un taux de participation bien en dessous de ce que les stratèges ont prévu. L'aval étant le complément de l'amont et cet amont est faussé dès le départ, mais comme on dit dans la langue de Shakespeare «garbage in garbage out».