Photo : S. Zoheir Par Karima Mokrani Le financement de la campagne électorale pour les législatives du 10 mai prochain continue de susciter les discussions les plus vives au sein des partis politiques mais aussi des observateurs, en grande partie, et des citoyens. Ainsi, exception faite du refus unanime des partis en lice d'approuver tout financement venant d'une organisation étrangère ou d'une personne physique ou morale de nationalité étrangère (c'est peut-être juste des déclarations), les candidats au scrutin décisif semblent être partagés sur le mode de financement de cette campagne. Pour dire vrai, ceux qui appellent au renforcement de la contribution étatique l'emportent forcément sur ceux qui affirment compter sur les seules cotisations du parti et des candidats. Ce qui est très grave, puisque des sommes allant d'un million à 3 millions, voire 5 millions de dinars, sont exigées aux candidats par leurs propres partis pour avoir une place sur la liste électorale. Le président du FNA (Front national algérien), Moussa Touati, l'a bien reconnu récemment, jugeant que c'est la seule manière de pouvoir faire face aux problèmes financiers liés à l'événement. Le FNA n'est pas le seul parti à agir de la sorte. «Les places sur les listes électorales sont échangées entre 100 et 500 millions de centimes», affirment des personnes au fait de l'actualité politique. Pourtant, dans une récente déclaration à la presse, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Dahou Ould Kablia, a qualifié cela d'illégal. Rien n'empêche, l'opération se poursuit, au su et au vu de tous, sans aucune mesure répressive des pouvoirs publics. Pour en revenir à la position des partis concernant l'aide de l'Etat, la plupart appellent à son renforcement, jugeant le montant octroyé jusque-là dérisoire. Parmi ces derniers, l'on cite le FFS (Front des forces socialistes). «Ces aides de l'Etat restent insuffisantes pour la couverture de la campagne électorale. Il faut les revoir à la hausse», a indiqué le chargé de la communication au sein du parti, en l'occurrence Chafaï Bouaïche. Le FLN (Front de libération nationale) est aussi favorable pour cet appel à l'augmentation du montant de la contribution étatique au financement de la campagne électorale, insistant également sur l'aide pour les nouveaux partis. Concernant le financement étranger, le FLN est catégorique : «L'acceptation d'aides financières de l'étranger risque non seulement d'hypothéquer la souveraineté nationale mais de porter atteinte à la sécurité et à la stabilité du pays», a déclaré le chargé de communication du parti, Kassa Aïssa. De son côté, Miloud Chorfi, du RND, considère qu'«un tel comportement risque d'entacher l'image des réformes politiques engagées par l'Algérie». Concernant toujours la nécessité de renforcer l'aide étatique, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), récemment agréé, appuie, lui aussi, cette demande considérant que cela est nécessaire «pour permettre aux partis nouvellement agréés de mener une campagne propre et transparente». Parlant de la transparence, Mme Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), reste fidèle à ses déclarations, insistant sur «un contrôle de toutes les sources de financement de la campagne électorale de l'ensemble des partis en lice pour les prochaines législatives». Et la représentante du PT de poursuivre : «Le PT est prêt à dévoiler devant le gouvernement les sources de financement de sa prochaine campagne électorale.»Elles proviennent, selon elle, des primes indemnitaires octroyées aux députés du parti en fin de mandat parlementaire et des cotisations de ses adhérents et sympathisants. Pour le FNA, «l'Etat ne doit pas octroyer d'aides aux partis pour financer leurs campagnes électorales». Moussa Touati souhaite que «ces fonds soient consacrés à la réalisation d'établissements scolaires et de structures de santé nécessaires pour le citoyen».