Au terme d'une belle parade devant le Paradou AC (5-2) «at home», le Mouloudia d'El Eulma (MCEE), champion de la D2, évoluera la saison prochaine en division nationale «une» après avoir réalisé une saison parfaite, évitant les faux pas des années précédentes. «L'info» est lapidaire, mais le fait est historique. La date du 29 mai 2008 est, en effet, définitivement gravée dans les mémoires eulmies, car le club et la population de la seconde ville de la wilaya de Sétif n'ont jamais goûté à l'ivresse que peut procurer une accession parmi l'élite. El Eulma, tout à sa joie, savoure son bonheur et fête dans une indicible allégresse le «Babya» version 2007-2008, qui a réussi là où toutes les générations du MCEE avaient échoué. Il est difficile, dans ce contexte, de ne pas avoir une pensée pour tous ceux qui ont revêtu, depuis 1936, le maillot vert et rouge et qui ont tant donné sans jamais cueillir en retour le fruit de leurs efforts et de leur talent. Ils sont nombreux dans ce cas, mais la formation qui illumina la saison 1972-73 en division régionale «Est», avec les regrettés Mustapha Hedna et Mebarek Zendik et les talentueux Abdelhamid Sid, Bachir Haïder, Salah Haddad et autre Abdelali Guenoud, fut la plus proche du «paradis», n'était un malheureux coup du sort lors de l'ultime journée à Batna face au CAB local. Alors que la victoire leur tendait les bras, les Mouloudéens, privés de leur fer de lance Haïder, se contenteront d'un nul vierge, «offrant» l'accession à la JSD (Jijel), vainqueur sur son terrain du MSP Batna. Avant cette exceptionnelle génération couvée par Nouari Djemili, le MCEE, qui compta dans ses rangs de nombreux joueurs de grande classe (Lahcène Loucif, Abderrahmane Meziane-Cherif, Larbi Belhadj, Saou Mekkideche, Lakhdar Habbicheà), ne fut jamais une équipe de compétiteurs dans le sens où le onze, successivement drivé par Amar Rouaï, Lakhdar Mekkideche, «Bob» Amirouche ou encore Mohamed Sahraoui, mettait invariablement en avant la manière au détriment du résultat. Pendant que les journaux de l'époque s'évertuaient à louer le football «académique» du MCEE et son «beau jeu», d'autres équipes, comme l'Entente de Collo ou l'US Oum El Bouaghi (devenue US Chaouia), émergèrent et vinrent taquiner les plus grands. Le Mouloudia d'El Eulma végétera ainsi en division régionale, tout en faisant régulièrement éclore des talents (Ali Mechiche, Khelifa Belhouchet, Saci Kabachi, Abdallah Bessasà), et attendra la saison 1990-1991 pour savourer une première accession en division 2, puis la saison 2003-2004 pour rejoindre la superdivision. L'ouverture du stade Messaoud Zeghar à la fin des années 90 avec sa belle pelouse, des moyens autrement plus importants mis à la disposition du club et l'endurance d'une poignée de dirigeants conférera peu à peu une autre dimension au Mouloudia d'El Eulma. Le rêve de tous les anciens est aujourd'hui atteint, et l'aventure, assurent en chœur les supporters du MCEE, ne fait que commencer dans la cour des grands.