Ça grince dans les écoles pour les NTIC (nouvelles technologies de l'information et de la communication) dans la wilaya de Tizi Ouzou. Même si le micro-ordinateur et l'Internet font désormais partie de l'environnement et du vocable des enseignants, des élèves et des personnels de l'éducation, l'occurrence de ces outils modernes indispensables de travail et la qualité des services ne sont pas à la hauteur des objectifs promis par les autorités dans le cadre de la «réforme du système éducatif». Certains «vieux» enseignants considèrent comme une «révolution» l'existence du microordinateur et l'accès à la Toile alors que beaucoup de professeurs, venus une ou deux générations plus tard, tout en saluant l'apport pédagogique du micro et de l'Internet, affirment que sa généralisation à tous les intervenants de l'éducation n'est pas effective pour le moment, et soulignent les «retards et les tergiversations» de l'administration allant jusqu'à remettre en cause la «fiabilité du matériel informatique acquis au prix fort avec l'argent du contribuable». L'absence de données vérifiables ou de statistiques ne permet pas d'évaluer avec plus de détails la situation sur l'application de la décision de généralisation de l'usage de l'outil informatique et de la connexion à Internet dans les lycées et les écoles. «Pour vous dire que ça n'a pas été bien réfléchi, nous étions obligés de nous déplacer plusieurs fois par semaine dans un autre établissement pour pouvoir suivre la formation d'initiation à l'informatique avec les habituels retards ou absences des encadreurs», déclare un PES de langue étrangère dans un établissement du chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou qui n'omet pas de signaler les «contraintes» que les enseignants rencontrent pour la programmation des séances d'informatique sans chambouler leur emploi du temps. «Les enseignants ne sont pas consultés et c'est souvent contre notre volonté que nous assistons aux séances. Nous subissons l'informatique !» proteste-t-il. Dans un autre établissement secondaire du sud de la wilaya, la situation est tout autre, notamment pour les élèves. En effet, quoique l'établissement dispose depuis trois années scolaires d'une «salle d'informatique», celle-ci ne satisfait personne, élèves comme enseignants. «Quel enseignement de qualité peut-on assurer aux élèves de tout le lycée avec une dizaine de micro-ordinateurs dont une partie tombe souvent en panne. On est très loin de la moyenne minimale relative au nombre d'élèves et de micros, constat qui nous crée énormément de problèmes», relève un cadre de ce lycée. D'ailleurs, au bout de quelques semaines de travail, la jeune contractuelle, diplômée en informatique, a craqué et décidé de mettre définitivement fin à son contrat avec ce lycée «de l'angoisse». «En plus de tous les problèmes liés au manque de moyens de transport, je vis le calvaire au quotidien avec les élèves qui se bagarrent pour un micro vu le nombre plus qu'insuffisant des places disponibles. Malgré mes maintes demandes de revoir à la hausse le nombre de micros, l'administration est restée sourde… Au début du deuxième trimestre, j'ai décidé de claquer la porte», témoigne la jeune enseignante qui insiste pour dire que les établissements de la région ne sont pas prêts pour ce «genre de révolution de l'information et des technologies». «Il est clair qu'il n'y a pas assez de volonté pour doter tous les établissements de moyens informatiques et d'Internet. Vous remarquerez que l'administration est toujours radine quand il s'agit de ces outils modernes, pourtant indispensables, on préfère injecter de l'argent dans d'autres projets presque inutiles», dit-elle, ajoutant que les responsables actuels dans les lycées sont dépassés, étant de l'ancienne génération, avant d'avertir sur les dangers «pédagogiques» que comporterait l'usage «inconscient» de l'Internet, comme le recours abusif à «la mode du copier-coller». Pour rappel, l'an dernier, l'Etat a débloqué 16 milliards de dinars pour équiper les lycées en matériel informatique et Internet «dans le cadre de la réforme du système éducatif», et un marché de 100 millions d'euros a été passé avec deux entreprises étrangères pour assurer l'acquisition de commandes de connexion et de micro-ordinateurs.