La publicité de l'époque le disait «insubmersible»: cent ans après son naufrage, le Titanic refait surface, avec la version 3D du film de James Cameron de 1997 mais aussi une fiction télévisée britannique vendue dans 86 pays et un florilège de livres.«Peu de catastrophes retiennent autant l'attention à notre époque - il y a Pompéi - et puis le Titanic», a observé Julian Fellowes, auteur d'un «Titanic» en 4 épisodes pour la télévision privée ITV.«Ce paquebot a toutes les caractéristiques d'une société trop sûre d'elle en route vers le désastre», a-t-il commenté dans le Daily Telegraph, allusion au déclenchement, deux ans plus tard, de la première guerre mondiale.Fellowes a tout du «titano-maniaque»: déjà, sa fiction vedette «Downton Abbey», vendue dans plus de 150 pays, débute par le naufrage du Titanic. Il n'est pas le seul, si l'on en croit la masse d'ouvrages publiés pour le centième anniversaire au Royaume-Uni, dont est parti le Titanic pour son voyage inaugural. Le 10 avril, de Southampton. «Cela se vend très bien, surtout cette année, la fascination ne se dément pas», assure un vendeur de la vénérable librairie Hatchard's à Londres. Pour les amateurs de rêve, le petit «guide du passager» de John Blake, ancien officier de marine (éditeur Conway), fournit le parfait mode d'emploi du paquebot, de la promenade couverte - une première - aux bains turcs, en passant par le «café français» et la salle de gymnastique, pourvue d'un cheval et d'un chameau (!) électriques. On y apprend que «gentlemen» et «ladies» avaient accès à la piscine à des horaires différents, et que le prix du ticket de première classe vaudrait 64 000 livres aujourd'hui (76 500 euros). Tout était pensé, jusqu'au court de squash. Comme chacun le sait, seuls les canots de sauvetage laissaient à désirer.A l'origine, le Titanic comme son navire jumeau l'Olympic avaient été conçus pour en contenir 64. Mais le patron de la compagnie White Star, Bruce Ismay, a pris la décision -funeste- de n'en prévoir que 16, auxquels il faut ajouter 4 canots escamotables, afin de préserver un maximum d'espace pour l'aménagement luxueux des ponts.Ce faisant, il allait déjà au-delà de la réglementation, rappelle le livre que Frances Wilson consacre à l'histoire honteuse de Bruce Ismay (How to survive the Titanic, Bloomsbury). Le tout-puissant patron de la compagnie maritime, en embarquant furtivement sur le 14e canot, devient le bouc émissaire de la presse de l'époque. «Il portera à jamais la marque de Caïn sur son front», écrivit le Frankfurter Zeitung.