Synthèse de Smaïl Boughazi La hausse effrénée des produits alimentaires, qui persiste toujours, a fait réagir l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) et le Conseil national économique et social (Cnes). La Centrale syndicale et le Cnes ont insisté ainsi sur l'urgence de lutter contre le renchérissement des produits alimentaires et de préserver le pouvoir d'achat des salariés. Le président du Cnes, M. Mohamed Seghir Babès, n'a pas mâché ses mots durant cette rencontre, qualifiant cette situation d'«inadmissible», selon l'APS. Usant d'un ton direct, Babès a dit que même si la baisse de la production et les spéculateurs sont les «facteurs apparents» de l'augmentation des prix, «tous les intervenants dans la chaîne de spéculation ne sont pas visibles». Pour y remédier, Babès propose de recourir à la révision de certains textes de loi, de procédures et de la réglementation, ainsi que d'agir «autrement» pour lutter contre le phénomène qui pénalise les petites bourses». Pour lui, le pouvoir public doit réinstaurer son autorité, ajoutant au passage que «la transition de l'économie administrée vers l'économie de marché s'est faite sans logique», et que l'économie se trouve aujourd'hui entre ces «deux berges». Babès déplore au même titre «l'absence de l'Etat stratège, de l'Etat puissance et de l'Etat régulateur».De son côté, le représentant de la Centrale syndicale, M. Taib Louati, a proposé la révision et la redéfinition du Salaire national minimum garanti (Snmg) dans le code du travail. Badredine Mohamed Lakhdar, un autre syndicaliste, a exprimé, quant à lui, son inquiétude quant à la situation générale de l'économie nationale, appelant à impliquer tout le monde dans le débat, car, pour lui, «il y a un risque de catastrophe s'il n'y a pas une prise en charge réelle de la situation». Abondant dans le même sens, M. Bouras Djoudi, membre du Cnes, pense que l'inflation «est au cœur de l'ensemble du processus économique». «La fragilité de la production, la fragilité structurelle dans le système de change et la fragilité structurelle de l'Etat» sont, selon lui, les facteurs qui sont derrière l'inflation. Cette rencontre qui a regroupé plusieurs experts et économistes a été axée sur les problématiques de la régulation et le contrôle, des sujets intimement liés à la situation du marché national, mais également les questions de l'augmentation de la production et la baisse du recours à l'importation. Un groupe de réflexion conjoint a été d'ailleurs mis en place pour élaborer des propositions pouvant endiguer la problématique de la hausse des prix des produits alimentaires. Il est appelé à élaborer, aussi, un mémorandum sur la politique des prix et la maîtrise du pouvoir d'achat. Selon Babès, ce groupe pourra être élargi à d'autres acteurs, notamment du secteur économique et que «les systèmes de gouvernance seront interpellés non pas pour faire des procès, mais pour déterminer ceux qui profitent des failles».