Grèves cycliques, rivalités corporatistes, conflits internes, crise éthique profonde et baisse dramatique de niveau, le système scolaire algérien cumule les contreperformances. Depuis le début de l'année en cours, les diverses catégories professionnelles exerçant dans ce secteur de l'enseignement public se sont toutes mises en grève pour revendiquer invariablement la révision des statuts particuliers, la hausse des salaires ou l'intégration des contractuels. Instituteurs, PEF et PES, structurés dans des syndicats corporatistes, rivalisent sur le terrain de la contestation sociale à qui prendra plus que l'autre. En revanche, nul ne parle de la pertinence des programmes élaborés, des méthodes pédagogiques employées et de la qualité de l'enseignement dispensés. A Béjaïa, comme dans le reste des wilayas, la récurrence des débrayages s'est franchement banalisée. L'indifférence et la fatalité ont gagné tout le monde. Les associations de parents d'élèves, qui, d'ordinaire, exerçaient une certaine pression pour amener les parties en conflit à considérer l'intérêt des scolarisés, ont fini par se taire. La presse qui, par le passé, tirait la sonnette d'alarme en faisant des couvertures quotidiennes sur cette situation catastrophique, s'est aussi familiarisée avec le pourrissement au point de l'ignorer carrément. Si le corps enseignant détient assurément la palme en matière de contestation, les autres catégories professionnelles n'ont pas manqué de vigueur dans la revendication d'avantages sociaux divers. Les adjoints d'éducation, les intendants, les corps communs et les personnels contractuels n'ont pas cessé, non plus, de monter au créneau pour paralyser épisodiquement l'exercice scolaire. En outre, de nombreuses écoles ont aussi fermé leurs portes près d'un mois au cours de l'hiver dernier en raison des importantes chutes de neige qui ont affecté toute la partie nord du pays. Que cela soit à l'école primaire, au CEM ou au lycée, les retards accumulés dans l'exécution des programmes se comptent en mois. Les cours accélérés et polycopiés sont aujourd'hui monnaie courante dans tous les établissements. Désormais, tous les moyens sont bons pour se mettre formellement à l'heure des examens de fin d'année scolaire. Exploitant les nombreuses difficultés rencontrées par les apprenants, notamment les candidats aux examens de fin d'année, beaucoup d'enseignants donnent des cours de soutien payants en dehors de l'enceinte scolaire. Cette façon de tirer profit d'une situation à laquelle ils ont activement contribué témoigne d'une grave crise morale. L'image de l'enseignant s'est considérablement dégradée aux yeux de la société. Le secteur de l'éducation nationale est manifestement mal en point.