Une nouvelle rencontre est prévue aujourd'hui à Banjul (Gambie), entre le Groupe de contact et la junte qui a renversé, le 12 avril dernier, le président intérimaire de Guinée-Bissau, Raimundo Pereira. Cette rencontre devrait trouver une solution définitive à la crise politique bissau-guinéenne qui paralyse le pays depuis trois semaines et qui a mis toute l'Afrique de l'Ouest en alerte. Mais de nombreux observateurs demeurent sceptiques quant à la conclusion d'un accord entre les putschistes et le Groupe de contact dont fait partie la Cédéao (la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest). Les militaires putschistes ne veulent pas céder sur certains points dans leurs négociations avec la Cédéao qui leur exige de remettre le pouvoir aux civils.«Nous nous sommes entendus sur tous les points avec la Cédéao, sauf un : la question du retour de Raimundo Pereira», a déclaré le porte-parole de la junte. «Si Raimundo Pereira revenait, il serait le chef suprême des armées. Quelles troupes irait-il commander sachant que ce sont ces mêmes troupes qui l'ont arrêté le 12 avril ?», s'est interrogé le porte-parole des militaires, le lieutenant-colonel Daba Na Walna, lors d'un point de presse.La Cédéao a déjà envoyé un premier convoi de ses troupes en Guinée-Bissau pour encadrer le processus de transition. Elle a aussi voté des sanctions contre la junte qui se retrouve ainsi affaiblie, pouvant ainsi plier aux exigences de cette organisation qui craint une dégradation de la situation dans ce petit pays de l'Afrique de l'Ouest, très instable en ce moment. Les putschistes tentent en fait de gagner du temps mais les rapports de force ne semblent pas être en leur faveur. En attendant, c'est la Guinée-Bissau et son peuple qui en pâtissent à cause des sanctions diplomatiques et économiques qui ont été infligées à cette ancienne colonie portugaise. L'interdiction de l'exportation de la noix de cajou a porté un coup dur à l'économie bissau-guinéenne. Ce produit constitue en fait le principal pourvoyeur en devises pour le pays.Réagissant à ces sanctions, le Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), Ban Ki-moon, a estimé qu'il faudrait adopter des sanctions qui ciblent la junte pour les pousser à partir et à accélérer le retour de la Guinée-Bissau à la légalité constitutionnelle. «Le Conseil de sécurité pourrait aussi envisager cette option», a-t-il indiqué mardi soir dernier. Mais le Secrétaire général de l'Onu demeure hésitant concernant l'envoi d'une force onusienne de maintien de la paix en Guinée-Bissau, sauf si le besoin se fait véritablement sentir. «Cette option devrait être soigneusement évaluée et examinée au cas où aucune des options précédentes ne parvient à réaliser l'objectif de ramener l'ordre constitutionnel dans le pays», a-t-il estimé, préférant la poursuite des pourparlers qui, jusqu'à maintenant, n'ont toujours pas abouti. Selon Ban Ki-moon, il faudrait «commencer par un dialogue large et une médiation, accompagnés de sanctions ciblées si nécessaire, afin d'assurer le retour rapide et pacifique à un gouvernement civil».De nombreux analystes sont d'accord pour dire que le putsch du 12 avril est motivé par des raisons liées au trafic de drogue dans lequel la Guinée-Bissau excelle depuis quelques années et qui serait directement contrôlé par l'armée. L. M.