Malik Medjnoun, un des deux présumés complices dans l'assassinat le 25 juin 1998 de Lounès Matoub en Kabylie, a été libéré hier matin après 12 ans de détention, avons-nous appris hier matin de son comité de soutien. Condamné à 12 ans de prison ferme le 18 juillet 2011 par le tribunal criminel de la Cour de Tizi Ouzou, dans un procès unique en son genre, Malik Medjnoun retrouve les siens à son tour, après la libération le 6 mars dernier d'Abdelhakim Chenoui poursuivi pour les mêmes chefs d'inculpation et condamné à la même peine par le même tribunal. La libération de Malik Medjnoun a été le résultat de plusieurs actions de sensibilisation et de procédures judiciaires organisées par sa famille, ses avocats, des militants de la société civile et des pressions exercées par des ONG internationales de libertés et des droits de l'Homme auprès des instances internationales, tant les conditions de son arrestation semi-clandestine et celles liées à sa détention demeuraient abusives aux yeux de ces parties et de l'opinion publique. Ses nombreuses et longues grèves de la faim à la maison d'arrêt de Tizi Ouzou pour clamer son innocence dans l'assassinat de l'immortel chanteur engagé Lounès Matoub ont aussi joué un rôle prépondérant dans le processus de sa libération, qui est passé par une étape importante à savoir l'organisation d'un procès le 18 juillet 2011 au tribunal criminel de la Cour de Tizi Ouzou. L'organisation non gouvernementale Alkarama (La dignité), basée à Genève (Suisse), avait saisi le 9 mai 2011 le chef de l'Etat, le ministre de la Justice et le procureur général auprès la Cour de justice de Tizi Ouzou à propos du maintien en détention de Malik Medjnoun. L'ONG écrivait que ses correspondants devaient «amener Malik Medjnoun immédiatement devant un juge pour répondre des chefs d'accusation ou le remettre en liberté, mener une enquête approfondie et diligente sur la détention au secret et les traitements subis par Malik Medjnoun depuis le 18 septembre 1999, et engager des poursuites pénales contre les personnes tenues responsables de ces violations, en particulier des mauvais traitements infligés». De son côté, Amnesty International (AI) avait interpellé les autorités algériennes juste après la condamnation de Malik Medjnoun le 18 juillet dernier en qualifiant, au passage, le procès d'«inique». AI affirmait que «la condamnation prononcée le 18 juillet, à l'issue d'un procès manifestement inique qui a duré une journée, vient confirmer les craintes de l'organisation : les autorités n'ont jamais eu l'intention d'accorder à Malik Medjnoun un procès digne de ce nom ni de rendre justice à la famille de Lounès Matoub» et «demande l'ouverture d'une enquête approfondie, indépendante et impartiale sur les allégations selon lesquelles il a été torturé en détention».Lors du procès des deux présumés complices dans ladite affaire, la famille de Lounès Matoub, les avocats et des amis du défunt et militants ne reconnaîssent pas le procès comme étant celui de l'assassinat de Matoub ou ayant trait à son dossier et ont demandé la vérité et la justice sur cette affaire de l'assassinat du plus adulé des artistes kabyles et amazighs. L'audience avait été perturbée par les présents et le juge avait menacé de faire sortir tout le monde si l'ambiance électrique et les suspensions continuaient dans la salle d'audience. «Nous allons déposer une autre plainte contre X et si elle n'estpas acceptée, nous allons internationaliser l'affaire», avait promis Malika Matoub, la sœur du Rebelle, à l'issue du procès du 18 juillet dernier. Dans ce sens, une étude balistique faite par des experts étrangers a été réalisée il y a quelque temps sur le véhicule mitraillé de Lounès Matoub. Les commanditaires et les assassins de Lounès Matoub seront-ils jugés un jour ? D'aucuns pensent que le procès du 18 juillet 2011 est un prélude à l'éclatement de la vérité et de la justice dans cette grave affaire.