Prise par la fièvre de la consécration de l'ESS en Coupe d'Algérie, la ville de Sétif a été vite appelée à un voyage dans l'Histoire pour la célébration du 67e anniversaire des massacres du 8 Mai 45. La capitale des Hauts-Plateaux est ainsi parée pour la circonstance. La commémoration sera présidée par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, qui arrivera aujourd'hui. Mais avant d'y arriver, le chef de l'Etat a manifestement jugé opportun de déléguer une quinte de ses ministres pour sonder, depuis hier (lundi), le terrain et recenser les préoccupations majeures des populations locales. Dans les artères et les bâtisses de l'antique Sitifis, repeintes pour la circonstance, l'événement commençait à s'installer à petits pas. Du côté de la wilaya, tout le personnel est mobilisé pour accomplir les dernières retouches avant l'arrivée du chef de l'Etat. Ce dernier, habitué certes à commémorer l'événement sur place, tentera sans doute, plus que jamais, de donner plus d'épaisseur et de sens à la présente commémoration. Pour la forme, la célébration du 67e anniversaire des massacres du 8 Mai 45 intervient pendant l'année du cinquantenaire de l'Indépendance du pays. Il va sans dire, à ce propos, que beaucoup de choses devraient être dites, entre Algériens, sur ce qui a été fait depuis la Libération du pays à ce jour. Mais incontestablement, la présente commémoration est une opportunité pour le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, de faire un bond nécessaire en arrière. Et rappeler les tristes œuvres de l'armée française, un certain 8 mai 45 dans la wilaya de Sétif et quelques localités limitrophes, comme Guelma et Kherrata. Il va sans dire que le président de la République va évoquer le 8 mai 1945 comme une étape cruciale dans la guerre de Libération dans le sens où cette date a préparé le lit pour la nuit du 1er Novembre 1954. Sur le fond, le chef de l'Etat mettra à profit la symbolique de cette date pour exhorter les Algériens, notamment la jeune génération, à rester fidèle aux idéaux et à l'esprit de la guerre de Libération. Il n'est pas exclu, par ailleurs, de voir les relations algéro-françaises s'inviter dans cette commémoration. C'est d'autant plus valable que de nombreuses voix, du côté de la France, se sont exprimées récemment pour présenter l'ordre colonial d'une manière autre que ce qu'il fut réellement. Contexte national oblige, le premier magistrat du pays abordera vraisemblablement les élections législatives de jeudi prochain. À partir de la ville d'Aïn Fouara, Bouteflika va sans doute réitérer son appel à l'adresse des Algériens, pour qu'ils se dirigent en masse le 10 mai prochain. Etape jugée importante dans le processus des réformes par les textes-qui peine cependant à avoir des effets sur la vie politique et les libertés publiques-, le chef de l'Etat semble vouloir user de tout son poids pour que le scrutin législatif soit une réussite. Et la réussite d'un scrutin vaut surtout par son taux de participation. À ce niveau, les indices ne prêtent pas à l'optimisme. Au vu des vingt jours de campagne électorale, marquée par une désaffection des populations, tout porte à croire que le taux de participation ne sera pas à la hauteur des espoirs, aussi bien ceux des officiels que ceux des candidats en lice. Le constat étant établi, le chef de l'Etat n'a pas manqué, depuis, la moindre occasion pour inviter les Algériens à aller voter le 10 mai, ce rendez-vous qu'il a préalablement comparé au 1er Novembre 54. À deux jours des élections législatives, Bouteflika va ainsi tenter de faire ce qui n'a pas été réussi par les meneurs de la campagne électorale : convaincre les Algériens d'aller voter.