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Un débat inexistant dans un championnat «amateur»
Crise financière internationale et football algérien
Publié dans La Tribune le 26 - 10 - 2008

La crise financière internationale a atteint à des degrés différents plusieurs championnats de football, notamment européens. Si l'Angleterre est apparemment le pays le plus touché, d'autres clubs,
appartenant à d'autres Etats, ont commencé à ressentir cette crise, quoique, pour l'instant, loin de constituer une menace pour eux.
En Algérie, par contre, le débat autour de la question n'a jamais été enclenché dans la famille sportive, en général, et footballistique, en particulier. La raison est toute simple : notre football, comme beaucoup d'autres d'ailleurs à travers l'Afrique, et même dans certains cas en Europe, est en complète déconnexion avec le circuit financier, même national, tant il ne doit sa survie qu'aux subventions et aux sponsors locaux.

Un football semi… professionnel
Déjà, il est utile de rappeler que le football en Algérie n'est pas professionnel. Sur le papier, tous les clubs sont des «associations sportives d'amateurs», même si certains d'entre eux préfèrent l'appellation «club semi- professionnel». Donc, d'ores et déjà, les choses sont claires sur ce plan-là.
Les clubs, dans leur totalité, ne disposent pas d'argent ou de biens propres à eux. Ils ne fonctionnent qu'avec l'argent du sponsor et des subventions, même si ces dernières représentent, dans certains cas, une infime partie de ce qu'ils dépensent. On ne parle pas encore de «rentabilité» dans nos clubs.
La logique économique ou commerciale n'existe pas. Ainsi, le plus gros de l'argent des clubs provient des entreprises qui les financent et, en général, elles sont deux ou trois à octroyer des sommes d'argent considérables pour un même club, même si, le «sponsor majeur» est souvent identifié, comme c'est le cas avec Sonatrach pour le MC Alger, Sonelgaz pour l'USM Alger ou bien Hyundai pour le RC Kouba, pour ne citer que ceux-là. Ensuite, il y a d'autres sources de financment, en premier lieu les subventions étatiques. Et là, il est question d'apports des collectivités locales, APC et APW, lesquelles, dans la majorité des cas, viennent en aide à leurs clubs. Il est vrai que ces subventions sont toujours loin des attentes des dirigeants des différentes équipes, puisque, généralement, ils se plaignent du peu d'argent que leur octroie la commune ou la wilaya. A titre d'exemple, ce problème se pose avec beaucoup plus d'acuité à Alger du fait que la capitale compte environ dix clubs entre les divisions une et deux. Un dirigeant d'un club algérois nous a indiqué que les subventions de wilaya et communales ne dépassent pas souvent les deux milliards de centimes. Au niveau central, le ministère de la Jeunesse et des
Sports procède autrement. Il n'octroie pas de subventions directes aux clubs sportifs, mais, parfois, la tutelle rembourse, par exemple, les frais de déplacement des équipes qui prennent part à des compétitions internationales.
Et là, il faut dire que c'est souvent des sommes colossales puisqu'un déplacement vers un pays africain peut coûter parfois jusqu'à 500 millions de centimes. En revanche, des primes sont accordées par le MJS, la chefferie du gouvernement ou même la présidence de la République aux clubs qui remportent le championnat national ou un titre continental ou régional. Il y a également un apport financier de la part de certains dirigeants, lesquels, lorsque le club se trouve dans le besoin, mettent la main à la poche. Dans ce contexte, on se souvient, par exemple, qu'à la fin de la saison passée, lorsque Mohamed Toumi est arrivé à la présidence du NA Hussein Dey, il avait, selon ses dires, dépensé plusieurs centaines de millions.
Ce qu'il fait jusqu'à maintenant, quand il le faut, et il n'est pas le seul, car certains autres dirigeants procèdent de la même manière. Même s'il faut le relever, les choses sont souvent floues puisque la majorité des clubs sont gérés, financièrement parlant, de la manière la plus ambiguë, rendant caduque toute tentative d'analyse «économique».
Il y a également d'autres sources de financement. A ce titre, il faut citer ce qui est appelé communément «l'argent des mécènes», ces amoureux du club qui lui viennent en aide quand l'occasion se présente, sans pour autant être soit un sponsor ou quoi que ce soit, les recettes des stades, les équipementiers –ces derniers participent souvent par la fourniture des équipements seulement– ou bien l'argent des placards publicitaires situés à l'intérieur du stade ou les droits de retransmission télévisuelle.

Sponsor, mécénat et subventions
Bien évidemment, comme signalé plus haut, le plus gros du financement provient des sponsors directs parce que, que ce soient les recettes de l'accès au stade, l'apport des présidents eux-mêmes ou des mécènes, c'est minime par rapport à ce que dépense un club. D'autre part, il est à signaler que le ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Hachemi Djiar, a déclaré, à maintes reprises, que l'argent de l'Etat n'ira que vers les clubs formateurs. «On ne donne pas un milliard à un président de club pour qu'il achète un joueur», a-t-il signalé encore récemment.
Ce qui est, à tout point de vue, logique. Djiar s'est engagé à ce que l'Etat prenne en charge des projets sérieux et bien ficelés concernant la formation de jeunes sportifs. L'autre élément important à relever est le fait que, hormis l'USM Annaba, qui est directement financée par une firme internationale, en l'occurrence Arcelor-Mittal, tous les autres clubs sont sponsorisés, soit par des sociétés algériennes, étatiques ou privées, soit par des représentants algériens de sociétés étrangères, ce qui fait que la «connexion» avec le marché financier international n'a aucune chance de se faire.
La même chose peut être dite du club de Annaba puisque, même dans le cas où l'action d'Arcelor-Mittal aura été touchée par cette crise, les incidences sur le club seront nulles, puisque, comparativement avec les sommes qui sont allouées en Europe ou même ailleurs dans le cadre du sponsoring, ce que reçoivent les équipes algériennes –c'est le cas pratiquement de tous les clubs du continent– apparaît comme des miettes. Le président de l'USM Annaba, M. Aïssa Menadi, a affirmé, il y a plusieurs mois que Arcelor-Mittal offrait environ 12 milliards de centimes par an (environ 1,2 million d'euros) pour l'USM Annaba et l'Union Mittal Steel Drean (club évoluant cette saison en inter-régions après avoir passé une saison en division deux). En dernier lieu, il faut dire que le football algérien n'est pas arrivé à un
stade où il peut être touché par une crise internationale quelconque. D'ailleurs, le débat n'est pas à l'ordre du jour, même dans les championnats un peu mieux organisés que le nôtre, comme en Tunisie ou en Egypte.
Les clubs algériens ne se sont pas encore professionnalisés –et sont loin de l'être au train où vont les choses– et ils ne doivent leur survie qu'à l'argent des sponsors ou des pouvoirs publics. Même l'image de notre championnat ne vaut pas grand-chose…
A. A.


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