Au moment où l'on enregistre un branle-bas de combat du côté de Wall Street, à New York, et dans toutes les places boursières de la planète, notamment européennes et asiatiques, on se demande encore en Algérie si cette crise financière, qui frappe les pays les plus industrialisés, pourrait arriver chez nous, malgré toutes les voix officielles qui écartent cette hypothèse. La dégringolade répétitive et régulière des places et indices boursiers dans le monde et celle des entreprises cotées en Bourse rendent légitime l'appréhension des Algériens quant aux répercussions sur notre pays, particulièrement quand on voit que cette crise financière est accompagnée d'une chute vertigineuse du prix du baril de pétrole qui a perdu la moitié de sa valeur en quelques semaines, passant de près de 150 dollars à 70 dollars environ. Le fait que les Algériens, en général, ne maîtrisent pas assez les contours de cette crise, la polémique qu'elle a engendrée entre les économistes n'ont fait que renforcer la peur au sein de la population qui ne sait plus qui croire. Cette histoire de répercussions de la crise financière mondiale sur notre pays pourrait même s'appliquer aux clubs de football, heureusement peu nombreux, à disposer de sponsors étrangers, concernés, parfois de façon brutale, par les déboires de l'économie mondiale. Bien entendu, le club le plus concerné par cette hypothèse est la Jeunesse sportive de Kabylie, seul club algérien sponsorisé par deux entreprises étrangères, le français Peugeot et l'espagnol COL (Companiya Operaçions Levants), spécialisé dans la construction navale et des complexes touristiques. Comment le club le plus prestigieux d'Algérie peut-il pâtir d'une crise financière qui ne frappe pour l'instant que les pays les plus développés ? Le lien n'est pas toujours facile à établir, notamment pour les profanes en économie et surtout en finances. Ce qui peut s'appliquer à la majorité des Algériens, à Tizi Ouzou et dans toutes les autres wilayas du pays. Mais si la question est posée à quelqu'un qui a un bagage, si minime soit-il, en sciences économiques ou financières, le lien sera trouvé, même si cela a nécessité à Azeddine, jeune licencié en sciences économiques, un petit instant de réflexion pour l'établir. «Ah, c'est vrai !» s'écrie-t-il, et de préciser : «Si les maisons mères de ces entreprises rencontrent des difficultés de financement, faute de liquidités dans les banques, elles seraient peut-être amenées à cesser ou, du moins, à réduire leurs activités avec leurs différentes filiales à travers le monde, y compris en Algérie». Pour le club présidé par Moh Cherif Hannachi, il s'agira de voir le sponsoring de la JSK par le constructeur automobile français et le constructeur naval espagnol, simplement stoppé ou réduit de façon considérable. Et, signe que les contours de cette crise qui ébranle l'Occident et l'Extrême-Orient et qui les a amenés à prendre des mesures protectionnistes, notre économiste se rappelle très vite que les entreprises étrangères qui sponsorisent nos clubs de football ne font pas dans la production mais juste dans la commercialisation de leurs produits. «En fait, je viens de me rendre compte que la JSK n'a pas à s'inquiéter de la crise financière mondiale puisque la plupart des entreprises étrangères implantées en Algérie ne font pas dans la production mais plutôt dans la prestation de services et les maisons mères ne font qu'écouler leurs produits sur le marché algérien.» Selon lui, tant que Peugeot continuera à bien vendre ses véhicules et à faire des bénéfices en Algérie, ses responsables continueront à alimenter le marché algérien, quelle que soit l'évolution de la crise financière internationale. C'est le système des concessionnaires qui favorise cet état de fait, dans la mesure où les concessionnaires algériens se contentent d'importer des véhicules et de les commercialiser. Etant un grand connaisseur du monde du football, particulièrement européen, le jeune économiste ne manquera pas de signaler que ce sont les clubs véritablement professionnels, appartenant à de vrais hommes d'affaires qui risquent de connaître des déboires si cette crise ne cesse pas rapidement. L'exemple qu'il présente donne une idée très précise de la chose, puisque c'est le club britannique de Manchester United qui risque d'en pâtir, son sponsor majeur étant la grande boîte d'assurances américaine qui a été sauvée de la faillite par l'administration américaine, il y a quelques semaines seulement. D'autres clubs peuvent être concernés de très près par la crise qui a ébranlé les places boursières mondiales. L'indisponibilité du président de la JSK, Moh Cherif Hannachi, a fait que nous n'avons pu avoir la version du club du Djurdjura. Le seul élément du club que nous avons pu contacter s'est déclaré pas habilité à répondre aux questions des journalistes. Il affirmera, néanmoins, sous le couvert de l'anonymat, que les responsables de JSK n'ont reçu aucune notification officielle des sponsors leur signifiant un changement dans leur politique de sponsoring et que le club reste pour l'instant à l'abri de tout souci lié à la crise financière mondiale.