Le scrutin s'est achevé. Pour certains l'enjeu était dans le taux d'abstention, pour d'autres le nombre de députés islamistes. Le taux d'abstention pour ces législatives est équivalent, à peu de choses près, à ceux des législatives au Maroc, aux européennes au niveau continental ou aux régionales françaises.En Algérie, les élections autres que présidentielle ne motivent pas les électeurs à se rendre aux urnes en raison de la nature du régime et des us et coutumes en matière de gouvernance. Le taux est certes inférieur à 50%, mais démontre qu'il faudrait revoirsoit le mode de scrutin soit la nature des pouvoirs conférés à l'Assemblée et au gouvernement.Le choix de ceux qui ont tenu à s'exprimer reflète la volonté d'une majorité à une stabilité politique, même si les émeutes cycliques montrent une aspiration à mieux vivre. La majorité absolue accordée au tandem FLN-RND est un satisfecit clair pour la politique menée jusqu'à présent par le Chef de la majorité, à savoir Abdelaziz Bouteflika.La petite phrase du président à Sétif (mon appartenance politique ne souffre d'aucun doute ; ndlr) a sûrement aidé le FLN à retrouver une majorité dont il ne rêvait plus. Secoué par des crises de toutes parts, ayant perdu la majorité de ses ténors, le FLN retrouve sa place de première formation politique qu'il n'avait réellement perdu qu'à deux occasions en 1990/91 et en 1997.Cette nouvelle légitimité arrive au moment où sa direction politique est fortement contestée. Cela signifie clairement que le Front reste dans les esprits comme le parti de la libération et de l'indépendance au moment où la démocratisation par les armes fait rage en Libye et en Syrie.Autre enseignement de ce scrutin, le FLN ne pourra pas modifier la Constitution sans l'appui de son frère ennemi, le RND, et l'appui de certaines formations politiques. Pour atteindre les trois quarts nécessaires, l'appoint que peuvent constituer le MPA, les indépendants et l'Ufds pourrait être nécessaire. Certes le duo FLN-RND gérera les affaires du pays et appliquera le programme du Président mais il ne faudra pas s'attendre à des changements majeurs en matière constitutionnelle.Les grands perdants de ce scrutin sont les islamistes. Toutes formations confondues, ils dépassent à peine le huitième de sièges de la future APN. Amar Ghoul peut être considéré, à juste titre, comme le sauveur de ce courant qui voit son influence dans la société s'éroder un peu plus à chaque scrutin. Le RCD, pour sa part, pourra se targuer d'être en phase avec la société. Le FFS et le PT consolident leurs scores et leurs fiefs habituels.Maintenant, les militants du FLN peuvent s'enivrer de leur victoire et de leur nouvelle légitimité. Attention seulement à la gueule de bois de 2014. A. E.