Photo : Mohamed Rahmani De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani
Crier au loup est en vogue, ces derniers jours à Annaba, on en use et on en abuse pour attirer l'attention et créer un climat de doute et de suspicion quant à l'honnêteté de ce scrutin qui a vu la défaite des uns et la victoire des autres. En effet, les grands perdants de cette consultation électorale – petits partis mais aussi l'Alliance verte et les candidats indépendants – n'ont pas trouvé mieux que de crier à la fraude qualifiant ces élections de mascarade. L'Alliance verte, qui n'a pas décroché un seul siège sur les 8 que compte la wilaya de Annaba parce que n'ayant pas pu ou su mobiliser et convaincre, a expliqué son échec en accusant l'administration de fraude massive. Cette thèse ne tient pas la route, puisque les sièges ont été attribués selon le nombre de voix pour chaque liste, le FLN en tête avec 4 sièges, suivi du PT, RND, Al Adala de Djaballah et du FND, une petite formation dont la tête de liste a mené une campagne digne des grands partis politiques. Par ailleurs, la désaffection de l'électorat annabi pour l'Alliance verte au vu du passif très négatif de la principale formation (MSP) dont les élus au niveau local ou national se sont occupés uniquement des leurs, abandonnant à leur sort les populations. La sanction populaire de ce parti et ses alliés s'est exprimée par les urnes ; les électeurs ayant voté pour d'autres formations.Pour les barons de la chkara qui croyaient forcer les portes de l'hémicycle en casquant de l'argent sale et en distribuant à tout va une véritable fortune, la déception et l'amertume sont grandes. Déjà dans la soirée de jeudi avant la proclamation des résultats, des banquets avaient été dressés par ces candidats saisonniers de la politique et l'on attendait de fêter «comme il se doit» l'élection de ces candidats qui avaient tout misé sur leur accession à la chambre basse du Parlement. Mais, il en a été autrement, et la chkara n'a rien rapporté ; les électeurs ont boudé ces listes qui ne comportent que des personnes n'ayant pour toute qualification que l'argent. Un argent sale, produit de prébendes et de trafics de toutes sortes. «Maintenant pour ces gens-là, c'est “Echkara wel b'har”» (le sac et la mer, un proverbe algérien qui veut dire approximativement sauve qui peut). Aujourd'hui, ces barons se terrent dans leurs antres ne voulant plus se montrer ou parler à personne. Cette défaite cuisante leur a prouvé que l'argent ne peut pas tout acheter, même si on en distribue partout où l'on passe. Ils se sont trompés sur l'influence et le poids qu'ils ont au sein de la société pour découvrir que, malgré leurs fortunes, ils sont vomis par ce peuple qui, dans les moments difficiles, sait choisir ses représentants, ses dignes représentants.