L'investiture du président de la République française est prévue aujourd'hui. François Hollande prendra ses fonctions après la traditionnelle passation de pouvoirs avec le président sortant Nicolas Sarkozy. La cérémonie d'investiture sera, comme le souhaite le nouveau président français, «sobre», mais chargée de symboles. François Hollande a choisi de rendre hommage à Jules Ferry (cet ancien ministre de l'Education de la IIIe République) et à Marie Curie (prix Nobel de physique 1903 et de chimie 1911). Une manière de célébrer la jeunesse, l'école, la laïcité et l'intégration expliquera Vincent Peillon, dont le nom est cité comme possible ministre de l'Education. Interrogé dimanche dernier, sur Radio J. L'hommage à Marie Curie est, lui, l'affirmation «du respect d'une femme, d'une personne d'origine étrangère accueillie en France et qui, aujourd'hui, fait partie de la fierté commune française», a souligné M. Peillon. En ce qui concerne l'hommage à Jules Ferry (François Hollande fera son discours aux Tuileries devant la statue de Jules Ferry), Peillon a expliqué que «c'est le Jules Ferry des grandes lois scolaires, de la lettre aux instituteurs, de la scolarité obligatoire, de la laïcité, de la gratuité de l'école» qui sera honoré. L'homme aussi de la «fondation de la République», a-t-il ajouté, car «la France républicaine s'est toujours conçue dans un rapport (...) à son école, à la raison, à l'instruction, à la liberté du jugement». Mais pour ce symbole, les choses se révèlent plus complexes. Certains y voient un double message politique, car Ferry a aussi été un très actif partisan de l'expansion coloniale et a tenu des propos effrayants sur la mission civilisatrice des «races supérieures» sur les «races inférieures». Dans un discours prononcé à la Chambre des députés le 28 juillet 1885, Jules Ferry déclarait : «Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu'en effet, les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. […] Je répète qu'il y a, pour les races supérieures, un droit parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures.» Alors quelle symbolique de Jules Ferry va honorer Hollande ? Au-delà de ces hommages, le reste de la journée du nouveau locataire de l'Elysée va se dérouler selon les rites protocolaires. Le président de la République française a indiqué, hier, que le nom du Premier ministre sera communiqué à la presse après la cérémonie de l'Hôtel de Ville. La composition du gouvernement doit être arrêtée pour le lendemain. En fin de journée, le président français accomplira son premier voyage officiel. Il s'envolera pour Berlin, où l'attendra Angela Merkel, pour une réunion de travail, qui sera suivie d'une conférence de presse et d'un dîner officiel. Il est évident que la rencontre du couple franco-allemand a été soigneusement préparée, pour éviter tout couac : le couple devant rester le moteur de l'Union européenne. Mais la lune de miel franco-allemande ne devra pas durer longtemps. Il suffit de se rappeler «les bévues diplomatiques» de la campagne électorale, où la chancelière avait boycotté le socialiste, alors qu'il était de tradition, jusque là, de recevoir tous les candidats à la présidentielle. Aujourd'hui, les deux camps doivent se rencontrer et tenter de s'entendre. L'urgence de la crise prend le dessus. Dans son podcast hebdomadaire, la chancelière vient de déclarer qu'elle croit à «un partenariat stable» avec le nouveau locataire de l'Elysée : «Nous savons, depuis la création de la République fédérale d'Allemagne, qu'une bonne relation franco-allemande est tout simplement très importante pour les deux pays», a-t-elle dit. Merkel et Hollande trouveront-ils un compromis ? La journée d'aujourd'hui sera, certes, très chargée pour François Hollande, mais ce ne sera que le commencement. Le début d'un quinquennat où le nouveau Président devra répondre aux attentes de tous les français, par ces temps de crise. H. Y.