Le tribunal de Westminster poursuivait hier les audiences consacrées à l'examen de la demande algérienne d'extradition de Rafik Abdelmoumene Khalifa qui ont débuté jeudi dernier. Lors de ces audiences consacrées à l'examen dans le fond de la demande algérienne, la défense de Abdelmoumene Khalifa a tenté de remettre en cause le document présenté par la partie algérienne arguant la non-conformité de la version anglaise du document au texte original. Suivant cette stratégie, la défense a tenté de prouver «la mauvaise foi» de l'accusation et de remettre en question le fondement même de l'affaire, a rapporté l'APS. Rétorquant à cette imputation, le représentant de la partie algérienne a précisé que l'accord d'extradition, signé entre l'Algérie et le Royaume-Uni, prévoit la rédaction de la demande dans la langue du pays demandeur à laquelle est jointe une copie traduite dans la langue du pays destinataire permettant ainsi de revenir au document original en cas d'incompréhension du contenu. Le juge Timothy Workman a alors demandé à la défense de Khalifa d'éclaircir sa plaidoirie. Attestant l'imprécision de la traduction, le juge a sollicité des précisions tout en émettant des réserves sur ce qui a été avancé par la défense à propos de la «mauvaise foi» de la requête. Il a affirmé dans ce sens que cela ne peut entraver l'évolution de l'examen de la demande d'extradition car une deuxième traduction reste envisageable. Selon des sources au fait du dossier de la demande algérienne, citées par l'APS, le document sur lequel la défense de Khalifa compte fonder sa stratégie «n'est pas au cœur du dossier». En effet, les audiences consacrées à l'examen de la demande algérienne pourraient durer dans le temps si la défense de l'accusé adoptait la stratégie de «supplication» pour s'adjuger les faveurs des organisations de défense des droits de l'Homme ; à plus forte raison, le prévenu n'ayant pas mandaté un avocat, se contentant de celui désigné d'office par la justice britannique. Les motifs contenus dans le dossier algérien, selon ces sources, sont solides et la défense ne peut que s'attarder sur des questions de forme pour tenter de faire durer le procès. L'acte d'accusation relatif à l'affaire du groupe Khalifa, jugée l'année dernière devant le tribunal de Blida, constitue le document de fond dans l'examen de la demande algérienne. Le procès devra se centrer sur la légalité des accusations du point de vue de la loi britannique en vérifiant si les griefs retenus contre Khalifa, considérés comme des crimes par la loi algérienne, tombent sous le coup du code pénal britannique. Le juge Timothy Workman, qui avait rejeté le recours de la défense de Khalifa lors de l'audience du 24 avril dernier, avait déclaré la demande algérienne «fondée dans le fond et dans la forme» et avait estimé que l'acte d'accusation était «à lui seul suffisant pour considérer la demande algérienne comme fondée». Il faut rappeler à ce sujet que, lors de son enquête préliminaire, la justice britannique a jugé que les motifs de demande d'extradition de Khalifa présentés par la France «ne représentaient qu'une infime partie de l'ensemble des crimes avérés contenus dans la demande algérienne». C'est pour cette raison d'ailleurs que la justice britannique a décidé de suspendre l'examen de la demande d'extradition française pour accorder la priorité à l'examen de la demande algérienne. Rappelons que Abdelmoumene Khelifa est en prison dans le cadre du procès relatif à l'examen de la demande algérienne après son arrestation le 27 mars 2007 en vertu d'un mandat d'arrêt européen et sa présentation devant le tribunal de Westminster dans le cadre d'une demande d'extradition formulée par la France pour «banqueroute frauduleuse, blanchiment d'argent et abus de biens sociaux». La justice britannique avait jugé acceptable, en août 2007, la demande française d'extradition et devait examiner l'appel interjeté par la défense de l'accusé avant de décider de sa suspension et d'entamer l'examen de la demande d'extradition algérienne. H. Y.