La Syrie continue de s'enfoncer dans le chaos, malgré le cessez-le-feu décrété en application du plan de sortie de crise proposé par l'ancien Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), Kofi Annan. Hier encore, «une vingtaine de personnes a péri, dont au moins neuf dans un attentat à la voiture piégée, à Deir Ezzor, dans l'est du pays», a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh). «Une centaine d'autres personnes a été blessée» , a rapporté Chine radio internationale, sur son site web. L'Osdh a affirmé, en citant la télévision d'Etat, que «le kamikaze a fait exploser son camion, chargé de neuf tonnes d'explosifs, dans une rue abritant siège des renseignements militaires et aériens et un hôpital militaire». L'opposition syrienne, qui vient de perdre un de ses leaders, Bourhan Ghalioun, qui a démissionné jeudi, a ouvertement accusé le régime de Bachar al-Assad d'être derrière cet attentat qui vise, selon les observateurs, à empêcher la mission onusienne de faire son travail sur le terrain. «Le Conseil national syrien (CNS, principale coalition de l'opposition) fait porter au régime syrien l'entière responsabilité (...) des attentats criminels dans plusieurs villes syriennes, dont celui d'aujourd'hui à Deir Ezzor», lit-on dans un communiqué, repris par les agences de presse. «Les attentats répétés font partie d'un plan du régime, pour semer le chaos et les troubles, étant donné qu'il n'est pas parvenu à réprimer la révolution du peuple syrien», indique le CNS. «Il s'agit d'une tentative de se venger des Syriens qui n'ont pas eu peur de la répression, des arrestations, de la torture et du génocide», a ajouté le CNS, dans le même communiqué. Les violences d'hier interviennent au lendemain d'une grande manifestation de l'opposition contre le régime de Damas, qui demeure inflexible, malgré la pression de la rue et les sanctions internationales qui se durcissent de plus en plus. Mais l'attentat d'hier matin coïncide avec l'arrivée dans la capitale syrienne de trois responsables de l'ONU, dont un adjoint de l'émissaire international Kofi Annan. Il s'agissait, selon les médias, de l'assistant de M. Annan pour la Syrie, Jean-Marie Guéhenno, du secrétaire général-adjoint des Nations unies pour les opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, et du conseiller militaire du patron de l'ONU Ban Ki-moon, Babacar Gaye. Leur déplacement consiste à faire le point sur l'évolution de la mission onusienne, dont des membres ont été ciblés par un attentat, au cours de la semaine dernière. Six d'entre eux ont, d'ailleurs, été blessés lors de leur déplacement à l'extérieur de Damas. Le responsable a rappelé que la mission est un «processus qui se poursuivra avec le soutien des parties concernées, en vue d'une baisse des violences». Le chef de la mission de l'ONU, le général Robert Mood, avait reconnu, vendredi, que «les observateurs sur le terrain ne pourront obtenir un arrêt des violences sans un réel engagement pour la paix de toutes les parties». A noter que plus de 260 observateurs onusiens ont été envoyés en Syrie dans le cadre de cette mission, qui s'avère être non seulement délicate, mais des plus dangereuses. En 14 mois de révolte populaire, plus de 12 000 personnes ont été tuées en Syrie, en majorité des civils, selon l'Osdh. L. M.