La deuxième ville de Syrie, Alep, était le théâtre avant-hier des plus importantes manifestations dans la cité depuis le début il y a plus de 14 mois de la révolte populaire contre le régime du président Bachar al-Assad, selon une ONG et des militants. Il s'agit des manifestations les plus importantes à Alep depuis le début de la révolte. Des milliers de personnes manifestent dans plusieurs quartiers malgré la répression, a indiqué le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, Rami Abdel Rahmane. Alep connaît un véritable soulèvement, commente de son côté Mohammad al-Halabi, militant sur place. Les militants anti-régime avaient appelé à manifester comme chaque vendredi pour réclamer la chute du régime du président Bachar al-Assad et rendre hommage aux héros de l'université d'Alep en référence aux étudiants de la ville qui avaient manifesté par milliers la veille en présence d'observateurs de l'ONU. Les observateurs de l'ONU ne peuvent pas mettre fin à eux seuls au conflit Le général norvégien Robert Mood, chef de la Mission des Nations unies de supervision en Syrie, a indiqué avant-hier que les observateurs de l'ONU ne peuvent pas mettre fin à eux seuls au conflit en Syrie. Les observateurs sont actuellement 200 et selon la résolution 2043 votée le 21 avril à l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'ONU, l'UNSMIS doit comporter "jusqu'à 300 observateurs militaires non armés, ainsi qu'une composante civile appropriée". Mais l'UNSMIS ne parviendra pas à elle seule à "un arrêt permanent de la violence sans engagement véritable" de toutes les parties concernées "à donner une chance au dialogue", a déclaré le général Mood au cours d'une conférence de presse à Damas. Le cessez-le-feu entré en vigueur le 12 avril dans le cadre du plan Annan de sortie de crise est largement ignoré. "Nous condamnons dans les termes les plus vigoureux la violence sous toutes ses formes de toutes les parties prenantes", a déclaré à Genève Ahmad Fawzi, porte-parole de l'émissaire spécial des Nations unies et de la Ligue arabe. Selon les Comités locaux de coordination et l'Observatoire syrien des droits, la ville de Rastan, dans le centre de la Syrie, était la cible de violents bombardements de l'armée syrienne durant la matinée d'avant-hier. "Je suis plus convaincu que jamais que la violence ne pourra pas résoudre la crise", a ajouté le général Mood. Neuf morts et une centaine de blessés dans un attentat à Deir Ezzor Un attentat suicide a fait neuf morts et 100 blessés hier à Deir Ezzor, une ville de l'est de la Syrie touchée pour la première fois par ce type d'attaque depuis le début de la révolte dans le pays. L'opposition a immédiatement imputé au régime du président Bachar al-Assad "l'entière responsabilité" de cette attaque ainsi que "de tous les attentats criminels" qui ont secoué la Syrie récemment. Le Conseil national syrien, principale coalition de l'opposition a estimé que ces attaques étaient une tentative du régime de "se venger" après avoir échoué à empêcher les Syriens de manifester par dizaines de milliers comme ce fut le cas avant-hier. Selon la télévision officielle syrienne, un "kamikaze terroriste" a fait exploser une voiture piégée hier matin à Deir Ezzor avec une tonne d'explosifs. Un groupe d'observateurs de l'ONU, en charge de surveiller la trêve dans le pays, a inspecté le lieu de l'attentat, selon les autorités syriennes. "Les immeubles résidentiels et les installations publiques et privées près du site de l'attentat terroriste ont subi d'importants dégâts" dans le quartier de Massaken Ghazi Ayyach, selon la télévision qui a montré des images d'immeubles détruits, des carcasses de véhicules, un grand cratère et des taches de sang sur une route. A Idleb (nord-ouest), des insurgés ont détruit à coups de roquettes un transport de troupes, faisant cinq victimes parmi les soldats, a indiqué l'OSDH sans autre précision. Dans la même région, de violents combats ont éclaté la nuit entre armée et rebelles près de la frontière turque. Dans la province de Homs (centre), un civil a été tué par un tireur embusqué et à Homs, le quartier de Jobar était la cible de tirs de mortiers. Le porte-parole de Ban Ki-moon, Martin Nesirky, a déclaré à ce propos que le secrétaire général de l'ONU n'avait pas de "preuve concluante" qu'Al-Qaïda soit à l'origine d'attentats mais craignait que des groupes terroristes ne profitent des troubles. Ban Ki-moon avait estimé jeudi dernier qu'Al-Qaïda pouvait être responsable de récents attentats. Fort du soutien russe, le clan Assad s'accroche plus que jamais au pouvoir, et le règlement de la crise semble de plus en plus éloigné avec les divisions apparues au sein de l'opposition. Au Liban voisin, où des combats à Tripoli (nord) entre sunnites anti-Assad et alaouites pro-Assad ont fait dix morts et des dizaines de blessés depuis une semaine, le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a critiqué pour la première fois la Syrie. Réagissant à des propos de l'ambassadeur syrien auprès des Nations unies Bachar Jaafari selon qui certaines régions libanaises frontalières sont devenues "un nid de terroristes d'Al-Qaïda", M. Mikati a jugé que de telles accusations "exacerbaient les différences entre les deux pays". "Le Liban assume totalement son devoir de protection des frontières et dénonce des violations "également côté syrien", a dit M. Mikati, à la tête d'un gouvernement pourtant dominé par le Hezbollah, fervent soutien du régime syrien.