Le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Kofi Annan, a estimé avant-hier, devant le Conseil de sécurité que son plan de paix était sans doute la dernière chance d'éviter la guerre civile dans le pays, malgré les nombreux accrocs au cessez-le-feu. M. Annan, qui rendait compte à huis clos de sa médiation par vidéoconférence, a averti que sa mission n'était pas illimitée dans le temps. Ce plan reste l'unique chance de stabiliser le pays, a ensuite dit l'émissaire spécial lors d'une conférence de presse à Genève, soulignant l'inquiétude profonde que le pays ne s'enfonce dans une guerre civile complète. Nous devons arrêter les tueries, a-t-il lancé. M. Annan a indiqué que l'activité militaire a légèrement diminué, mais qu'il y a toujours de sérieuses violations du cessez-le-feu mis en place le 12 avril. Il y a des violations commises par les forces de l'ordre syriennes mais aussi des actes perpétrés contre ces forces gouvernementales, a-t-il précisé. J'adresse un appel à tous ceux qui ont des armes, qu'ils pensent à la population, déposent les armes et viennent s'asseoir à la table (des négociations) avec nous, a exhorté l'ancien patron de l'ONU. Il est très difficile de convaincre les parties en présence de déposer les armes. Interrogé sur les législatives qui se sont tenues dimanche sur fond de violences, M. Annan a répondu que le gouvernement syrien devrait comprendre qu'il faudrait peut-être de nouvelles élections. Selon lui, la consultation n'est pas celle qui est prévue dans son plan de paix, qui préconise un dialogue entre gouvernement et opposition. Selon des diplomates qui ont suivi son intervention à New York, M. Annan a exprimé la crainte que les violations des droits de l'homme, les arrestations et les tortures ne s'intensifient. Des personnalités connues pour être des partisans de la non-violence ont été arrêtées, a-t-il noté. A Genève, M. Annan a indiqué qu'il espérait que les 300 observateurs de l'ONU seraient tous déployés d'ici la fin du mois. Ils auront à ce moment là un impact bien supérieur, a-t-il estimé. Quelque 66 observateurs sont actuellement sur place, répartis en six endroits du pays, a précisé un porte-parole du département des opérations de maintien de la paix de l'ONU, André-Michel Essoungou. M. Annan a l'intention de se rendre à Damas dans les prochains jours, a déclaré l'ambassadeur britannique à l'ONU, Mark Lyall Grant. La date de cette visite n'a pas été précisée. M. Annan s'était rendu une seule fois à Damas au début de sa mission. De son côté, le patron des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, a noté une réduction sensible de l'utilisation des armes lourdes par les forces syriennes. Mais des opérations militaires plus discrètes continuent, ainsi que des vagues d'arrestations à grande échelle, a-t-il ajouté, toujours selon les diplomates. De son coté, l'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice, a affirmé que les Etats-Unis restent déterminés à accroître la pression sur le régime (du président syrien) Assad et sur Assad lui-même afin qu'il quitte le pouvoir. Les Etats-Unis souhaitent que le plan Annan réussisse, a rappelé Mme Rice, mais sont prêts en cas d'échec à chercher d'autres mesures, telles que des sanctions, contre Damas. Il y a lieu de rappeler que 831 personnes, dont 589 civils, ont perdu la vie Depuis l'annonce du cessez-le-feu le 12 avril, l'Observatoire Syrien des Droits de l'Homme. Six soldats blessés à Deraa Un camion de l'armée militaire a été visé par une explosion hier, quelques secondes avant le passage d'une équipe d'observateurs de l'ONU. Six soldats ont été blessés dans cet attentat. Le chef de la mission d'observation, le général Robert Mood, se trouvait dans le convoi, situé à plus d'une centaine de mètres du lieu où s'est produite l'explosion. Il se dirigeait vers Deraa avec une équipe d'observateurs et des journalistes. On ignorait qui était derrière cet attentat. Le colonel Riad al-Assad, chef des rebelles, a menacé de reprendre les attaques pour protester contre le non-respect du cessez-le-feu par le régime, selon un journal basé à Londres, "Asharq al-Awsat". "Notre peuple exige que nous les défendions", a-t-il déclaré au quotidien. Mardi dernier, l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan a déclaré au Conseil de sécurité qu'il continuait à y avoir "des niveaux inacceptables de violence" en Syrie, et il a prévenu que ce pays pourrait plonger dans la guerre civile si sa mission de paix ne réussit pas. C'"est la dernière chance restante pour stabiliser le pays", a-t-il souligné. Le général Mood dénonce l'attentat Le chef de la mission des observateurs de l'ONU en Syrie, le général Robert Mood, a dénoncé hier l'attentat à l'explosif qui a visé son convoi à l'entrée de la ville de Deraa, dans le sud de la Syrie, et qui a blessé six soldats syriens. C'est un exemple concret de violence dont les Syriens n'ont pas besoin. Il est impératif que la violence sous toutes ses formes cesse, a affirmé M. Mood, cité par Neeraj Singh, porte-parole des observateurs. Le général norvégien Mood, était accompagné par plusieurs officiers, dont son porte-parole Neeraj Singh, mais aucun d'entre eux n'a été blessé. Les journalistes aussi sont indemnes malgré la force du souffle. Les observateurs ont repris la route de Damas sans avoir pu effectuer leur tournée prévue à cause de l'incident. Nous restons concentrés sur notre mission. Actuellement, 70 observateurs sont déployés en Syrie. Ils seront 100 dans les deux prochains jours, a ajouté le général Mood, toujours cité par son porte-parole. Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a accusé le régime de Bachar al-Assad d'être derrière l'attaque. A travers ces attaques, la politique du régime vise à éloigner les observateurs du terrain alors que le peuple syrien demande qu'on augmente leur nombre, a affirmé Samir Nachar, membre du bureau exécutif du CNS. L'opposition accuse le régime d'être derrière cette attaque Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a accusé le régime de Bachar al-Assad d'être derrière cette attaque. A travers ces attaques, la politique du régime vise à éloigner les observateurs du terrain alors que le peuple syrien demande qu'on augmente leur nombre, a affirmé Samir Nachar, membre du bureau exécutif du CNS. Les manifestants veulent les observateurs car ils représentent un gage de sécurité. Grâce à eux, le peuple peut s'exprimer à travers les manifestations pacifiques, a-t-il ajouté. Il a accusé le régime de vouloir corroborer sa théorie sur la présence de terroristes et de salafistes en Syrie, ce qui est selon lui, contraire à la réalité.