Le parti El Islah ne compte pas se séparer de ses deux autres alliés de l'Alliance de l'Algérie verte, le MSP de Bouguerra Soltani et Ennahda de Fateh Rebai. Le madjliss echoura du parti, réuni en session extraordinaire vendredi dernier, a à l'unanimité renouvelé son adhésion «pleine et totale» à l'Alliance verte, malgré un score décevant lors des législatives du 10 mai. C'est ce qu'a affirmé, hier, le secrétaire général d'El Islah lors d'une conférence de presse, au cours de laquelle il est revenu sur les conclusions du madjliss echoura. Hamlaoui Akkouchi a déclaré que la plus haute instance du parti a décidé de donner «le feu vert» au bureau national en vue d'entamer les pourparlers nécessaires avec le «front du refus des législatives du 10 mai», qui regroupe à ce jour une dizaine de partis. Entouré de ses proches collaborateurs, dont Mohamed Djahid Younsi, M. Akkouchi a également confirmé que son parti «siégera bel et bien à la prochaine Assemblée», même s'il en conteste la légitimité. En effet, Interrogé sur la possibilité que son parti boycotte la future Chambre basse du Parlement, Hamlaoui Akkouchi a affirmé que son parti y figurera «pour dénoncer la corruption du système». Revenant sur les législatives du 10 mai et la déroute des islamistes, arrivés troisièmes loin derrière le FLN (221 sièges), le SG d'El Islah a contesté ces résultats en affirmant que le scrutin a été entaché de graves irrégularités, qui ont par la suite pesé en faveur de l'ancien parti unique au décompte final. Abondant dans le même sens, Djahid Younsi a qualifié ces élections de «tragédie et de détournement de la volonté populaire, le second du genre après l'arrêt du processus électoral de 1991», qui avait consacré des islamistes du FIS (aujourd'hui dissous). «Le pouvoir qui nourrit une peur bleue des partis islamistes dans le sillage du printemps arabe, voulait (à travers le scrutin du 10 mai, Ndlr) donner un autre visage à l'extérieur : celui d'un printemps algérien», note avec ironie M. Younsi. Dans le même sillage, MM. Akkouchi et Younsi soutiennent que le parti de l'Alliance de l'Algérie verte s'est vu «spolié» de 4 000 voix dans la seule commune de Masra dans la wilaya de Mostaganem. Les trois partis islamistes ont subi des sorts similaires dans d'autres wilayas à l'instar d'Oum El Bouaghi et Constantine. La déception d'El Islah d'avoir été incapable d'amener le souffle révolutionnaire arabe dans le pays est telle que ses ténors sont allés jusqu'à dire que «si le pouvoir n'avait pas fraudé, les islamistes auraient raflé la majorité lors des législatives du 10 mai». Pour eux, le «pouvoir s'est joué des voix des électeurs d'une manière irrévérencieuse. La preuve, le ministre de l'Intérieur a annoncé les résultats avant même que les PV des décomptes finaux des voix ne soient établis. En agissant de la sorte, le pouvoir voulait imposer le fait accompli.» Contestant le score «étourdissant» obtenu par le FLN, Djahid Younsi a indiqué que son parti n'«acceptera pas que celui-ci (le FLN, Ndlr) intervienne dans la rédaction de la nouvelle Constitution». «La nouvelle Assemblée avec cette couleur n'est pas habilitée à réviser la loi suprême du pays», a-t-il estimé. Y. D.