Ayant entamé la semaine avec un rebond, par anticipation de la réduction de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), le prix du pétrole a fini par chuter vendredi dernier sur le marché international. De 74,25 dollars à New York et 72,03 dollars à Londres, le prix du baril de l'or noir est passé sous les 65 dollars vendredi. Il se dirige droit vers les 60 dollars, soit une perte de plus de 10 dollars en l'espace de quelques jours. L'annonce de la réduction à compter du 1er novembre de 1,5 million de barils par jour de la production des pays membres de l'OPEP à l'issue de la réunion extraordinaire tenue à Vienne n'a pas changé la situation dans l'immédiat. Le pétrole a finalement perdu 60% de sa valeur en l'espace de quatre mois, c'est-à-dire depuis le prix record de 147,27 dollars le baril du mois de juillet. Est-ce la fin des vaches grasses et le retour vers les jours difficiles ? Pour certains, c'est le cas. Et ce, face aux perspectives moroses de la croissance mondiale, des perspectives qui font craindre aux investisseurs le fléchissement de la demande dans les économies développées et émergentes. Mais pour d'autres, la situation va s'inverser. Pour le ministre algérien de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, président en exercice de l'OPEP, qui a eu à faire face au cours de ces dix premiers mois de l'année à un gros défi en raison du passage de la hausse vertigineuse des prix à la chute libre engendrée par la crise financière mondiale, les prix iront vers la stabilisation. A son avis, c'est une question de quelques mois.
Consensus en dépit des pressions Prônant la prudence, le président de l'OPEP a, en effet, estimé que le marché du pétrole connaîtra l'équilibre dans quelques mois après la décision «historique» de faire passer la production journalière de 28,8 millions à 27,3 millions de barils. «La réunion a été rapide, elle a été décisive, et donc elle était destinée à donner le bon signal au marché qui s'attendait à une réduction moindre et surtout à beaucoup de discussions», s'est réjoui M. Khelil à l'issue de la réunion, avant d'affirmer que «ça a été une réussite de ce point de vue-là». Répondant à toutes les réactions hostiles à la réunion et à la décision de l'OPEP, le ministre algérien de l'Energie n'a pas manqué de noter l'esprit de responsabilité dont ont fait preuve les membres de l'organisation. «Toutes les divergences ont été mises de côté pour se focaliser sur l'essentiel», a-t-il d'ailleurs souligné. L'exemple de l'Arabie saoudite qui s'était au début opposée à toute réduction et qui a fini par décider de réduire sa production de 466 000 barils/jour est un signal fort. Il illustre le consensus des membres de l'OPEP. Lesquels ont subi de fortes pressions ces derniers jours. Ils sont allés jusqu'au bout même si cette réduction n'aura pas d'impact dans l'immédiat, selon les spécialistes. Mais les Etats pétroliers qui ont engendré près de 1 000 milliards de dollars en 200 s'attendent à ce qu'il y ait un rebond dans les prix du brut. Pour le président de l'OPEP et pour de nombreux observateurs de la scène énergétique internationale, ce rebond n'est que l'affaire de quelques mois. Chakib Khelil a parlé de six mois.
L'effet de la baisse à moyen terme Les explications données à cet effet sont, entre autres, l'effet de ciseaux entre les difficultés d'accès aux ressources pétrolières (pour différentes raisons géopolitiques notamment) et le regain de la demande en fin de récession. La baisse de production décidée par l'OPEP vendredi dernier risque donc à court terme de ne pas être en mesure d'arrêter la chute des prix de l'or noir, minés par les craintes liées à la récession économique. Cependant, cette décision pourrait à plus long terme semer les conditions d'un fort rebond des prix. Un autre scénario est envisagé. Si la situation de l'économie mondiale continue à se détériorer, et c'est le cas actuellement, la demande de pétrole baissera sensiblement. Selon les analystes, l'OPEP pourrait être tentée de resserrer encore plus son offre. Le président de l'OPEP n'a pas écarté cette situation. Il a même souligné que la baisse de vendredi dernier pourrai constituer le début d'un cycle de réductions. Seule manière de stabiliser les prix. En d'autres termes, l'OPEP a prévenu qu'elle pourrait se réunir aussi souvent que possible et pourrait agir si besoin avant sa prochaine réunion, prévue à Oran le 17 décembre prochain. S. I.